«Volem portar l'amor de Déu a l'ample món del treball»

"L'única ambició del cristià, encara que no sigui membre de l'Opus Dei, és mostrar com l'esperança cristiana respon als desitjos humans de felicitat", va afirmar Mons. Fernando Ocáriz en l'entrevista publicada el passat 8 de novembre al setmanari belga 'Tertio'.

Mons. Fernando Ocáriz Braña, prelat de l'Opus Dei.

Depuis le début de cette année, Fernando Ocáriz Braña est à la tête de l’Opus Dei. Bien que la prélature soit généralement qualifiée de « conservatrice » et le pape François de « progressiste », Ocáriz estime que les priorités de l’Opus Dei cadrent parfaitement avec les accents définis par François : apporter la joie de l’Évangile aux périphéries, dans les familles, chez les jeunes et dans le monde professionnel. Entre le pape et la prélature, le courant passe à merveille.

À la suite du décès du prélat Javier Echevarría Rodríguez le 12 décembre 2016, le troisième successeur du fondateur Josémaria Escrivá de Balaguer (1902-1975) a été élu à Rome au mois de janvier. Selon les règles en vigueur dans la prélature personnelle, les candidats, issus de 45 pays, étaient au nombre de 94 : tous âgés de plus de 40 ans, membres de la Prélature depuis au moins dix ans et prêtres depuis au moins cinq ans. Le 21 janvier, les 3e8 femmes du conseil central ont pu émettre leur vote. Ensuite, les 156 hommes – 62 laïcs et les 94 prêtres mentionnés plus haut – du congrès général ont pu élire un nouveau prélat parmi les noms sortis du scrutin féminin. Comme la fois précédente, le nouvel élu est espagnol : Fernando Ocáriz Braña. Le jour même, le pape a confirmé son élection et l’a nommé officiellement prélat de l’Opus Dei. Si la tradition se perpétue, le pape l’ordonnera aussi évêque par la suite. Une fois de plus, c’est le numéro deux de l’Opus Dei qui devient le nouveau prélat, mais il ne s’agit plus d’un collaborateur direct du fondateur. Álvaro del Portillo, l’un des trois premiers prêtres ordonnés pour l’Opus Dei, a été pendant des années le bras droit d’Escrivá. Echevarría a été quant à lui secrétaire du fondateur, avant de devenir le vicaire général de la prélature.

Comment avez-vous connu l’Opus Dei et pourquoi avez-vous décidé d’en faire partie ?

« J’ai connu l’Opus Dei à travers l’un de mes frères, et je lui en suis très reconnaissant. Il m’a invité à assister à un cycle de formation spirituelle organisé dans un centre pour jeunes étudiants. J’ai apprécié l’ambiance, ainsi que la teneur à la fois agréable et pratique de ces réunions. Toutefois, comme le collège de jésuites que je fréquentais proposait déjà une solide éducation religieuse, je n’ai pas jugé nécessaire de continuer à y assister. Plus tard, au cours de l’été précédant mon entrée à l’université – c’est-à-dire en 1961 – j’ai commencé à me rendre régulièrement dans un autre centre de l’Opus Dei. Cet été-là, lorsqu’on m’a demandé si je voulais faire partie de l’Opus Dei, j’ai considéré cette possibilité un certain temps dans la prière et je suis arrivé à la conclusion que c’était ce que Dieu voulait de moi. Par conséquent, j’ai écrit une lettre au fondateur pour demander l’admission. C’est aussi simple que cela. Six ans plus tard, j’ai accepté l’invitation qui m’était faite de venir à Rome pour parfaire mes études en philosophie et en théologie. Et c’est là que la possibilité s’est offerte à moi de servir les autres d’une nouvelle manière, dans le sacerdoce. C’est le fondateur lui-même, saint Josémaria Escrivá, qui me l’a proposé. Comme cette idée me trottait déjà dans la tête, j’ai accepté assez rapidement. C’est là une de ces décisions fondamentales que l’on prend dans la prière, en dialoguant avec le Christ. »

Josémaria Escrivá a été canonisé il y a quinze ans. Pourquoi a-t-il fondé l’Opus Dei ? Quel souvenir gardez-vous de lui ?

« Saint Josémaria disait que l’Opus Dei n’était pas son idée, mais le fruit d’une inspiration reçue de Dieu à Madrid, le 2 octobre 1928. Ni le contexte chrétien de l’époque, ni les réflexions du jeune Josémaria à partir de ses études de théologie, ni sa vie de prière intense au cours des années qui ont précédé la fondation de l’Œuvre ne suffisent à expliquer la naissance de l’Opus Dei, même si ces éléments ont, en bonne logique, contribué à ce qu’il reçoive cette inspiration dans de bonnes dispositions. »

35 années de prélature personnelle
Le 28 novembre 1982, le pape Jean Paul II érigeait l’Opus Dei en « prélature personnelle », appliquant pour la première fois à une institution ecclésiale cette forme juridique créée par le Concile Vatican II. Non confinée aux frontières géographiques d’un diocèse, la prélature personnelle fédère ses membres – prêtres et laïcs – autour d’une spiritualité spécifique. Jusqu’à présent, l’Opus Dei est l’unique prélature personnelle reconnue dans l’Église catholique. Elle compte actuellement 92 600 membres dans le monde entier, dont quelque 57 % de femmes et 43 % d’hommes. Parmi les membres, on recense 2 083 prêtres appartenant à la Société sacerdotale de la Sainte-Croix. En Belgique, l’institution née à Madrid en 1928 est active depuis 1965 (EVL).

« Le message essentiel de l’Opus Dei est de chercher Dieu – Père bon et miséricordieux – dans les activités quotidiennes, et en particulier dans le travail professionnel, ainsi que dans la vie familiale et l’amitié. La mission de notre prélature est de rappeler que la sainteté n’est pas un objectif réservé à quelques privilégiés, mais un idéal accessible à tous : à vous et à moi, aux jeunes et moins jeunes, aux mères et pères de famille, aux biens portants et aux malades, aux riches et aux pauvres.

"LA SAINTETÉ EST UN IDÉAL ACCESSIBLE À TOUS"

Pour reprendre une formule du fondateur, ce message est "à la fois vieux comme l’Évangile et comme l’Évangile nouveau". »

« J’ai fait la connaissance de saint Josémaria lorsque je participais à un cours d’été à l’Université de Navarre et qu’il est venu nous rendre visite. J’ai été attiré par sa sympathie, par sa capacité de s’exprimer à la fois avec profondeur et simplicité. Mais c’est surtout à Rome, à partir d’octobre 1967 jusqu’à sa mort en juin 1975, que j’ai pu le fréquenter davantage. Je l’ai entendu s’adresser régulièrement à des groupes plus réduits et j’ai eu de temps à autre l’occasion de m’entretenir personnellement avec lui. J’ai surtout été impressionné par son amour de Dieu, de la Vierge et de l’Église, ainsi que par son grand attachement à la liberté et sa bonne humeur. Je me souviens de lui comme d’une personne au grand cœur, qui se préoccupait des besoins d’autrui et qui conduisait les gens vers Dieu. C’était aussi un homme de gouvernement, qui savait au besoin agir avec fermeté et énergie. »

Quelles sont les priorités de l’Opus Dei dans notre monde actuel ?

« Le but principal est d’accompagner chaque femme et chaque homme qui appartient à l’Opus Dei ou qui participe à ses activités apostoliques pour l’aider à vivre pleinement sa vocation chrétienne en sanctifiant son travail professionnel et toutes les autres tâches et circonstances de sa vie quotidienne. Pour ce faire, le point de départ est la contemplation du Christ. C’est pourquoi le programme de saint Josémaria restera toujours actuel : "Cherche le Christ, trouve le Christ, aime le Christ." Nous nous efforçons de progresser toujours plus sur la voie de la contemplation au milieu du monde, dans tous les milieux professionnels, aussi bien au cœur de Bruxelles que dans les périphéries de grandes métropoles telles que Sao Paulo, Lagos, Mexico ou Manille. »

« Le Congrès de l’Opus Dei qui a eu lieu en janvier 2017 a défini différentes priorités, dont le travail d’évangélisation dans la sphère familiale, parmi les jeunes et les plus démunis. De nos jours, il s’avère tout particulièrement nécessaire de redécouvrir la beauté de l’amour conjugal. En ce qui concerne les jeunes, il faut impérativement les aider à trouver des réponses à leurs aspirations, inquiétudes et idéaux. Pour ce qui est des plus démunis, tant sur le plan matériel que spirituel, il convient de ne pas oublier la place centrale qu’ils occupent dans l’Évangile et dans le cœur du Christ. Nous devons continuer à promouvoir des initiatives qui contribuent à remédier aux nécessités concrètes de notre monde blessé, en transmettant le réconfort divin aux hommes de notre temps. »

La plupart des membres de l’Opus Dei sont des laïcs. En quoi consiste leur apostolat ?

« Le sacerdoce ministériel est essentiel dans l’Église : sans les sacrements – en particulier l’eucharistie et la confession, dont l’administration est réservée aux prêtres –, l’apostolat des laïcs serait tout à fait inopérant. Et inversement, sans l’apostolat des laïcs, le sacerdoce ministériel serait extrêmement limité : que pourrions-nous faire, nous les prêtres, pour la formation chrétienne des nouvelles générations sans la collaboration des pères et mères de famille ? Comment l’activité pastorale des prêtres pourrait-elle toucher autant de personnes dans le monde des sciences, de l’économie, des droits de l’homme, de la politique, de l’art, du journalisme, et encore bien d’autres disciplines ? »

« Saint Josémaria expliquait que la contribution propre des laïcs à la sainteté et à l’apostolat dans l’Église consistait à propager le levain du message chrétien dans la société par leur agir libre et responsable au sein des structures temporelles. C’est là, dans la société, que les laïcs évangélisent par leur exemple d’honnêteté, d’ardeur au travail, de justice, de joie, de loyauté, de foi, de fraternité envers tous. L’amitié avec leurs collègues et le prestige professionnel qu’ils peuvent acquérir par leur travail leur offrent la possibilité d’aider personnellement leurs semblables à découvrir l’Évangile, malgré leurs propres limites et erreurs, qu’ils ont en commun avec tous les hommes. »

« Le Concile Vatican II a rappelé que c’était là la principale mission des laïcs dans l’Église. Bien entendu, certains peuvent aussi être appelés à assumer au sein de l’Église des postes à responsabilité qui ne nécessitent pas d’avoir reçu le sacrement de l’ordre. Il s’agit alors d’une autre marque de générosité et façon de servir les autres. Mais n’oublions pas que ce n’est pas là le rôle essentiel du laïc et que, pour reprendre les paroles du pape François, promouvoir le laïcat ne consiste pas à le "cléricaliser". »

De nombreux préjugés circulent à propos de l’Opus Dei. Comment expliqueriez-vous aux gens qu’ils ne doivent pas avoir peur de l’Opus Dei ?

« Toute critique, quelle que soit son origine, doit être examinée attentivement pour voir si elle n’est pas justifiée en partie par notre manière d’agir ou par notre manque de correspondance à la grâce de Dieu. Et, si c’est le cas, pour changer en nous ce qui doit l’être. Par ailleurs, il nous faut faire preuve de patience : l’Opus Dei est une institution encore récente, et les nouveautés dans la vie de l’Église et de la société sont d’ordinaire accueillies avec une certaine réticence. Pour parler franchement, je crois qu’il n’y a aucune raison d’avoir peur de l’Opus Dei, que ce soit à l’intérieur ou en dehors de l’Église. Nous ne cherchons pas à nous imposer ou à imposer quoi que ce soit. Nous ne respectons pas seulement la liberté, mais nous l’aimons, la nôtre comme celle des autres, également de ceux qui ne pensent ou ne vivent pas comme nous. L’unique ambition du chrétien, qu’il appartienne ou non à l’Opus Dei, est de montrer comment l’espérance chrétienne comble le désir de bonheur de l’homme. »

Après votre nomination, vous avez déclaré à la presse que les relations étaient cordiales entre le pape François et l’Opus Dei. Comment votre institution seconde-t-elle les priorités du pape actuel ?

« Comme tous les catholiques, nous savons que le pape est le vicaire du Christ pour l’Église universelle. Et qu’une des missions du catholique est d’aider les croyants à rester unis à la tête, de conduire – comme disait saint Josémaria – "Rome à la périphérie et la périphérie à Rome". Au cours de l’audience qu’il m’a accordée après mon élection, le pape s’est montré très affectueux, proche et intéressé par le travail apostolique de l’Opus Dei dans différents pays. Il m’a donné des conseils sur la manière de faire face aux circonstances changeantes selon le temps et le lieu, tout en restant fidèle au charisme légué par le fondateur. Il nous a notamment encouragés à œuvrer à l’évangélisation "dans la périphérie des classes moyennes" en faisant pénétrer l’amour de Dieu dans le vaste monde professionnel. Nous avons aussi eu la possibilité de parler de différents projets menés par des membres de la prélature et des amis en vue de répondre aux besoins les plus élémentaires dans différents pays : des initiatives d’intégration des réfugiés et immigrants en Allemagne, la promotion des soins palliatifs dans plusieurs régions du "premier monde", des initiatives de développement humain dans des quartiers pauvres de différentes villes et des activités de formation humaine et chrétienne dans de nombreux pays du monde. Il va sans dire que nous nous efforçons de seconder les priorités du pape François avec les moyens qui sont à notre disposition et que nous aimerions pouvoir encore faire bien davantage pour prendre soin de "notre maison commune", être plus proches des familles et témoigner de la miséricorde de Dieu. »

Un synode consacré aux jeunes et aux vocations aura lieu en 2018. Qu’est-ce que l’Église et l’Opus Dei ont à offrir aux jeunes, dont les perspectives d’avenir sont souvent réduites ?

« Les jeunes de nombreux pays se sentent en effet accablés, sans idéaux et sans espérance. Les chrétiens ont une réponse à offrir à ces jeunes, bien que ceux-ci aient souvent des difficultés à l’entendre, sans doute à cause du bruit extrême qui règne sur les réseaux sociaux et du découragement qu’ils éprouvent face à la corruption et aux injustices.

"AIDER CHAQUE GARÇON ET CHAQUE FILLE À RENCONTRER LE CHRIST, QUI NOUS CONNAÎT ET NOUS AIME PERSONNELLEMENT"

Comme l’ont rappelé Benoît XVI et François, le christianisme n’est pas uniquement ou essentiellement une doctrine, et encore moins une série de préceptes peu compréhensibles, mais bien une personne : Jésus de Nazareth. Nous devons aider chaque garçon et chaque fille à rencontrer le Christ, qui nous connaît et nous aime personnellement.

Depuis la Croix et depuis l’Hostie consacrée, Jésus regarde chacun de nous. Il nous dit qu’Il nous connaît par notre nom, qu’Il connaît aussi nos erreurs, découragements et misères, mais qu’Il a décidé malgré tout de venir sur terre, de souffrir la passion et de mourir pour notre bonheur terrestre et éternel. Et la seule chose qu’Il nous demande est de correspondre à son amour. »

« Voilà le panorama de Salut qu’il nous revient à nous, chrétiens, de dévoiler à la génération actuelle.

"ÉVANGÉLISER TOUT D’ABORD PAR LA PRIÈRE, ENSUITE PAR L’EXEMPLE ET ENFIN PAR LA PAROLE"

Et cette tâche incombe avant tout aux nombreux jeunes qui ont déjà trouvé Jésus et qui peuvent plus aisément en parler avec leurs amis que les adultes. Ce travail d’évangélisation doit se faire tout d’abord par la prière, ensuite par l’exemple et enfin par la parole. »

À Rome, l’Opus Dei est également responsable de l’Université pontificale de la Sainte Croix. Pourriez-vous nous dire un mot sur la spécificité de cette université ?

C’est l’une des plus jeunes universités pontificales. J’avoue qu’elle me tient particulièrement à cœur parce qu’elle répond à un souhait de saint Josémaria, a été fondée par son successeur, Álvaro del Portillo et a été stimulée par mon prédécesseur, Mgr Javier Echevarría. Qui plus est, avant de devenir son Grand Chancelier, j’y ai enseigné la théologie fondamentale pendant un certain nombre d’années. En dépit de son existence encore brève, l’université jouit déjà d’une bonne réputation, grâce à ses publications de bon niveau scientifique et à la formation complète – doctrinale, bien entendu, mais aussi pastorale et spirituelle – qu’elle prodigue à ses étudiants. Elle souhaite servir l’Église, les évêques et les supérieurs religieux qui y envoient leurs étudiants. Elle coopère avec les autres universités pontificales – certaines existant depuis plusieurs centaines d’années – à la bonne formation des prêtres, religieux et laïcs en leur prodiguant un enseignement de pointe en matière de théologie, de droit canon et de philosophie, qui soit en même temps fidèle à la tradition multiséculaire de l’Église. Elle poursuit donc une noble ambition. »

BIO

Fernando Ocáriz Braña (1944) est le benjamin d’une famille de huit enfants. Après des études de physique à l’université de Barcelone, il s’installe à Rome en 1967 pour étudier la théologie, dans l’entourage immédiat de Josémaria Escrivá de Balaguer, le fondateur de l’Opus Dei. Il décroche son doctorat en théologie à l’université de Navarre en 1971. Cette même année, il est ordonné prêtre. Ensuite, il travaille dans la pastorale des jeunes et des étudiants. Au début des années 1980, il fait partie des fondateurs de l’Université de la Sainte Croix de l’Opus Dei à Rome. Il y enseigne la théologie fondamentale et publie au fil des ans quantité de travaux philosophiques et théologiques. Il devient conseiller de la Congrégation pour la doctrine de la foi en 1986, de la Congrégation pour le clergé en 2003 et du Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation en 2011. En 2009, il est désigné pour participer aux discussions doctrinales entre le Saint-Siège et la fraternité sacerdotale Saint-Pie-X. Un choix qui se fonde sur sa réputation de « penseur équilibré et perspicace qui, mû par un souci pastoral, œuvre constamment pour le dialogue et l’unité ». En 1994, Ocáriz devient vicaire général de l’Opus Dei et, dix ans plus tard, vicaire auxiliaire, chargé avec le vicaire général d’assister le prélat et de le substituer en cas d’incapacité ou de décès. Contrairement à ce que le nom semble indiquer, il s’agit d’une fonction supérieure à celle de vicaire général. (EVL)

Tertio Gods liefde brengen in de brede beroepswereld

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Tertio