Au fil de l’Évangile de mercredi : Que tout se passe pour toi comme tu le veux.

Commentaire du Mercredi de la 18ème du temps ordinaire. « Mais il ne lui répondit pas un mot". Le silence apparent de Jésus est un encouragement, tant pour la Cananéenne que pour les spectateurs de la scène. Une leçon de foi qui nous invite à faire confiance à Dieu et à persévérer dans notre dialogue avec Lui.

Évangile (Matthieu 15, 21-2)

En ce temps-là, Jésus se retira dans la région de Tyr et de Sidon.
Voici qu’une Cananéenne, venue de ces territoires, disait en criant :
« Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David !
Ma fille est tourmentée par un démon. »
Mais il ne lui répondit pas un mot.
Les disciples s’approchèrent pour lui demander :
« Renvoie-la, car elle nous poursuit de ses cris ! »
Jésus répondit :
« Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. »
Mais elle vint se prosterner devant lui en disant :
« Seigneur, viens à mon secours ! »
Il répondit :
« Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. »
Elle reprit :
« Oui, Seigneur ; mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. »
Jésus répondit :
« Femme, grande est ta foi, que tout se passe pour toi comme tu le veux ! »
Et, à l’heure même, sa fille fut guérie.



Commentaire
Les véritables éducateurs souhaitent toucher le cœur des gens, et sont capables de voir plus loin et plus en profondeur. Un vrai maître ne se contente pas de répéter les choses et d'exiger qu'elles soient récitées par cœur. Il cherche des voies pour rejoindre ses auditeurs et il sait aussi guider et corriger l'intéressé qui, bon gré mal gré, reste l'acteur principal de ce parcours. Le véritable enseignant sait qu'il doit stimuler la personne qu'il aide à faire ses propres découvertes. Le véritable enseignant s'intéresse à la personne. C'est pourquoi il envisage son travail et sa transmission dans un contexte plus large : labourer la terre, poser les fondations, élargir le cœur et avoir une grande ouverture d'esprit. C'est ce que Jésus fait par ses paroles et ses actes, et cela intriguait beaucoup ceux qui l'écoutaient, les faux maîtres et nous aussi aujourd'hui.

Jésus est venu pour tous, mais il y a une priorité dans sa mission : les brebis perdues de la maison d'Israël. Ces brebis ont une place toute particulière dans son cœur : elles sont le peuple élu, à qui les promesses ont été faites, à qui tant de dons ont été accordés. Mais Israël, en tant que peuple, n'a pas été fidèle à sa vocation, même si l'Église est née d'un petit reste d'entre eux. Jésus tente de réveiller cette foi qu'Israël n'avait pas, en proposant comme modèle des personnes qui, sans appartenir à Israël, ont la foi. Une foi persévérante. Une foi agissante.

Les paroles de Jésus ne laissent aucun doute à propos de la dignité d'Israël. Cependant, il est clair que c'est la foi qui conduit au salut. Aucun privilège extérieur ne peut être revendiqué : là où il y a la foi, il y a la vie. Et cette femme cananéenne, qui aimait sincèrement sa fille et faisait tellement confiance à Jésus, a dépassé de nombreux Israélites sur le chemin de la sainteté. L'une des phrases clés de ce passage le résume pour nous : "Femme, grande est ta foi, que tout se passe pour toi comme tu le veux ! ». Voici comment Paul s'exprime : " travaillez avec crainte et tremblement à accomplir votre salut : aussi bien, Dieu est là qui opère en vous à la fois le vouloir et l'opération même, au profit de ses bienveillants desseins." (Ph 2,12-13). Dieu nous stimule et nous pousse, mais la foi et la charité se construisent sur notre réponse à cet appel divin au quotidien. En réalité, nous obtiendrons tout ce que nous désirons en le prouvant par des actes.

Juan Luis Caballero // Photo: Jin Qiu - Unsplash