Ces premiers apôtres — j'ai pour eux une grande dévotion et une grande tendresse — étaient, si l'on en juge selon des critères humains, bien peu de chose. Leur condition sociale, à l'exception de Matthieu qui, certainement, gagnait bien sa vie et abandonna tout quand Jésus le lui demanda, était celle de pêcheurs vivant au jour le jour, en peinant la nuit pour assurer leur subsistance.
Mais peu importe leur condition sociale. Ils n'étaient ni cultivés, ni même très intelligents, du moins pour ce qui est des réalités surnaturelles. Ils ne comprenaient même pas les exemples et les comparaisons les plus simples, et ils avaient recours au maître: Domine, edissere nobis parabolam, Seigneur explique-nous la parabole. Lorsque Jésus, s'aidant d'une image, faisait allusion au ferment des pharisiens, ils croyaient qu'Il les réprimandait pour n'avoir pas acheté de pain !
Quoique pauvres et ignorants, ils n'étaient ni simples ni dépourvus de présomption: malgré leurs limites, ils étaient ambitieux. Il leur arrivait souvent de discuter pour savoir qui serait le plus grand lorsque, conformément à leur optique, le Christ aurait instauré définitivement sur terre le royaume d'Israël. Dans l'intimité du Cénacle, ils se disputaient et s'échauffaient en ce moment sublime où Jésus allait s'immoler pour l'humanité.
Leur foi ? Elle était plutôt faible! C'est Jésus Lui-même qui le dit. Ils ont vu ressusciter des morts, guérir toute sorte de maladies, multiplier des pains et des poissons, calmer des tempêtes et chasser des démons. (…)
Peut-être ces hommes de peu de foi se distinguaient-ils par leur amour pour le Christ ? Sans aucun doute, l'aimaient-ils, au moins en paroles. (…) Des hommes ordinaires, avec leurs défauts, leurs faiblesses, plus prodigues de paroles que d'actes. Et pourtant, Jésus les a appelés pour en faire des pêcheurs d'hommes, des corédempteurs, des dispensateurs de la grâce de Dieu. (Quand le Christ passe, 2)