Transmettre démocratiquement les valeurs auxquelles on croit

Paola Binetti est professeur d’histoire et de philosophie de la médecine à l’Université. Lors du référendum italien sur la procréation artificielle, elle présida le comité Science et Vie. Elle est actuellement sénatrice et membre du parti de la «Margherita». Depuis de nombreuses années elle est membre de l'Opus Dei.

Pourquoi, après une carrière dans le monde médical, vous êtes-vous engagée en politique ?

Parce que je crois que chacun de nous, s’il le désire, peut et doit essayer de transmettre dans la société civile tout entière, les valeurs auxquelles il croit et que son expérience professionnelle lui a inspirées.

Quels sont vos combats prioritaires ?

Les rapports entre la science et l’éthique, le thème de la famille et toutes les questions touchant à la santé. Dans tous ces domaines, je suis avec passion les textes qui ont pour objet la protection des droits de l’homme à différents niveaux.

Comment décrire votre action ?

Le style démocratique nous impose d’être à l’écoute, particulièrement à l’intérieur d’une coalition comme la Margherita qui présente une grande diversité d’opinions. Cette écoute, qui a pour but de trouver des points d’accord tout en cherchant à persuader, fait partie intégrante de l’activité parlementaire. Il s’agit à la fois de comprendre ce que les autres veulent et d’expliquer ce que je désire, en soulignant les valeurs qui sont en jeu, et pourquoi il convient de défendre certaines choses avec une conviction particulière, sans compromis, mais sans intégrisme ni intransigeance non plus. Il n’est pas simple de traduire en projets de loi cohérents certaines valeurs non négociables telles que la vie, la famille et l’éducation, parce que le caractère intrinsèquement laïc de ces valeurs et la prise de responsabilité personnelle ne sont pas évidents pour tous. En ce moment, mon principal engagement se situe sur le front de la famille.

Vous êtes membre de l’Opus Dei. Cette institution de l’Eglise catholique a-t-elle une influence sur vos différents engagements ?

D’une part, la formation que j’ai reçue en participant à la vie de l’Opus Dei m’a aidée à assumer pleinement, en toute responsabilité, mes choix libres et autonomes. D’autre part, j’ai mené une réflexion à partir de sources scientifiques rigoureuses, et d’une connaissance de la doctrine sociale de l’Eglise. L’Opus Dei, comme le disait son fondateur, est une école de formation, une grande catéchèse, et je cherche à en profiter le plus possible chaque jour. Mais je prends mes décisions de façon autonome et j’en assume la pleine responsabilité.

N’avez-vous pas parfois le sentiment qu’il existerait une incompatibilité entre votre engagement politique et votre foi chrétienne ?

Je ne dirai pas qu’il y a une incompatibilité, mais il est vrai que l’entreprise est difficile, tant pour trouver un accord politique – parfois très difficile à obtenir – que pour réussir personnellement à persuader ou proposer une médiation. Il est nécessaire d’éviter les oppositions et les ruptures si l’on veut vraiment gouverner un pays. Mais parfois, avant d’effectuer une synthèse, il faut très bien définir les différentes positions et valeurs en jeu. Il faut éviter les pseudo-synthèses, qui ne sont qu’une manière de diluer les valeurs sans les assumer pleinement et qui ne résolvent pas réellement les problèmes. Aujourd’hui, nous sommes tous appelés à relever le défi de repenser nos racines culturelles, y compris celles qui se reconnaissent dans notre vie chrétienne.

Pensez-vous que la femme ait un rôle spécifique à jouer dans la vie publique ?

Certainement, et justement à partir de sa féminité, de son être-femme à 100% et sans se soumettre aux modèles culturels, politiques et d’organisation marqués de l’empreinte masculine !

Quels sont vos grands défis actuels ?

Défendre la famille et si possible soutenir la réflexion sur les racines chrétiennes de l’Europe.