Seul celui qui reconnaît Dieu connaît la réalité

La fin du voyage du Pape a été marquée par un discours d’une grande richesse délivré aux évêques d’Amérique Latine. Nous vous proposons une sélection de quelques points marquants, à l’aide d’un résumé de Zenit.org.

Le pape défend d’abord « la sagesse des peuples autochtones », soulignant comment ils ont réussi une synthèse originale entre l’Evangile des missionnaires et leurs propres cultures.

Puis, évoquant les structures sociales justes, il renvoie dos à dos le marxisme (et une certaine théologie de la libération) et le capitalisme, tous deux incapables de tenir leurs promesses pour les pauvres.

Il souligne enfin que l’Eglise ne peut pas être un sujet politique, réaffirmant « l’option préférentielle de l’Eglise et son engagement pour les pauvres », grâce à la libération qu’apporte l’Evangile du Christ.

Foi et culture

«  Quel a été le sens de l'acceptation de la foi chrétienne par les peuples d'Amérique latine et des Caraïbes ? Pour eux, cela a signifié connaître et accepter le Christ, ce Dieu inconnu que leurs ancêtres, sans le savoir, recherchaient dans leurs riches traditions religieuses. Le Christ était le Sauveur qu'ils désiraient silencieusement ».

Contrairement à certaines idées reçues, « l'annonce de Jésus et de son Evangile n'a jamais sous-entendu l'annulation des cultures précolombiennes, et n'a pas non plus été l'imposition d'une culture étrangère ».

Dans ce sens, « les cultures authentiques (…) recherchent la rencontre avec les autres cultures car elles souhaitent atteindre l'universalité dans la rencontre et le dialogue avec les autres formes de vie et avec les éléments qui peuvent les conduire à une nouvelle synthèse qui respecte toujours la diversité des expressions et des réalisations culturelles concrètes ».

Foi et engagement

Le pape répondait à une possible objection. « La priorité de la foi en Jésus Christ et de la vie en lui (…) ne pourrait-elle pas être une fuite vers l'intimisme, vers l'individualisme religieux, un abandon de l'urgente réalité des grands problèmes économiques, sociaux et politiques de l'Amérique latine et du monde, et une fuite de la réalité vers un monde spirituel ? ».

Non. « Seul celui qui reconnaît Dieu, connaît la réalité et peut y répondre adéquatement et humainement. La vérité de cette thèse devient évidente face à l'échec de tous les systèmes qui mettent Dieu entre parenthèses ».

D’où la nécessité d’une connaissance approfondie de la Bible et d’une vie centrée sur l’eucharistie.

Structures sociales, marxisme et capitalisme

Le pape a également recommandé une catéchèse fondée sur le Compendium de la Doctrine Sociale de l'Eglise, en faisant observer que « la vie chrétienne ne s'exprime pas seulement dans les vertus personnelles mais aussi dans les vertus sociales et politiques ».

« Il est alors inévitable de parler du problème des structures, surtout de celles qui créent l'injustice », car « des structures justes sont une condition essentielle pour avoir un ordre juste dans la société ».

« Le capitalisme comme le marxisme ont promis de trouver la route pour la création de justes structures et ont affirmé que, une fois établies, celles-ci auraient fonctionné toutes seules (…) sans avoir besoin d'une morale individuelle préexistante », mais en promouvant « une morale commune ».

« Cette promesse idéologique s'est démontrée fausse : (…) là où il a été appliqué, le modèle marxiste n'a laissé que ruines économiques et écologiques, et l'oppression ».

Il citait également le système occidental où « le fossé s'accroît entre riches et pauvres et où se produit une grave dégradation de la dignité humaine due à l'alcool, à la drogue et aux mirages du bonheur facile ».

L’apport de Dieu aux structures de la société

« Les structures sociales bonnes » ne peuvent naître que par « un consensus moral sur les valeurs fondamentales et le renoncement, y compris personnel, à tout ce qui empêche de les vivre ». Or, « là où Dieu est écarté, le Dieu au visage humain qu'est le Christ, ces valeurs sont largement offusquées et ne font pas consensus ».

« Je ne veux pas dire que les non-croyants ne peuvent avoir une moralité élevée, mais qu'une société sans Dieu se prive du consensus nécessaire sur les valeurs morales, y compris contre son propre intérêt ».

Par ailleurs, « les bonnes structures sociales doivent être élaborées sur la base de ces valeurs fondamentales, avec l'aide de la raison sociopolitique et économique ».

« Si cela ne relève pas de la compétence directe de l'Eglise (…) le respect d'une juste laïcité correspond à l'essence de la tradition chrétienne ».

La nécessaire autonomie de l’Eglise 

Benoît XVI mettait en garde contre toute implication de l’Eglise au niveau strictement politique en disant : « Si l'Eglise devenait une sorte de sujet politique, elle n'oeuvrerait pas pour les pauvres et la justice mais perdrait jusqu'à son indépendance et son autorité morale. S'identifiant à la stricte voie politique elle aurait des positions fragiles et contestables ».

« Seule l'indépendance de l'Eglise permet de diffuser les grands principes et les valeurs essentielles, d’orienter les consciences et d’offrir un modèle de vie qui dépasse le cadre politique ».

Enfin, le pape a appelé les jeunes, qui « n’ont pas peur de se sacrifier mais craignent une vie dépourvue de sens » à « s'engager à renouveler la société selon Dieu », et ceci « en s'opposant aussi aux illusions de la facilité et aux paradis artificiels, ainsi qu'à toute violence».

14 mai : Fin de la visite pastorale

13 Mai : Dieu Amour, patrimoine de l'Amérique Latine 12 Mai : Annoncer la force de la Résurrection 11 Mai  : Fidélité au Primat et à la Volonté de Dieu 10 mai : Sans les jeunes, l’église serait défigurée 9 mai : Ne pas renoncer aux valeurs chrétiennes