Le murmure de l’Amour

Se préparer à la venue de l'Esprit Saint, en contemplant sa figure, sa présence et son action.

Dans la sainte montagne, Élie perçoit la présence divine, après le feu, « comme le bruissement d'un souffle ténu » (1 Rois 19, 12). Des siècles après, à Jérusalem, dans une nuit bercée de brises insaisissables, Jésus compare la voix de l’Esprit au « vent qui souffle où il veut » (Jean 3, 8) : son origine et son sens nous dépassent, mais sa présence intime s’impose.

Le Greco (vers 1600), Musée du Prado

Dieu peut affirmer sa majesté avec le roulement du tonnerre mais, dans la logique de la Nouvelle Alliance, il préfère persuader par la douceur consolante. Le Verbe fait chair apparaît, « mais c’est l’Esprit Saint qui le révèle » (Catéchisme de l’Église Catholique §689) ; en poursuivant le dialogue du salut, sa fragrance rénove le monde. De la mission du Verbe et de l’Amour découlent les miracles, la résurrection, l’Église…

La Bible célèbre la splendeur des oints et annonce le Messie par excellence : « Sur lui repose l’Esprit du Seigneur, esprit de sagesse et d’intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de science et de crainte du Seigneur » (Isaïe 11, 1-2). Pour saisir l’Esprit il faut être saisi par le Christ.

À Nazareth, le même Esprit qui donne chair au Verbe, comble de grâce son Âme humaine ; à Bethléem, il convoque des bergers et des princes ; au Temple de Jérusalem, il guide les pas de Jésus adolescent ;au Jourdain, la colombe paisible repose à demeure sur le Bien-Aimé ;tout au long de la vie publique, « le doigt de Dieu » (Luc 11, 20) délivre les possédés de Satan.

Assumant le sacrifice suprême, le Christ met en évidence la flamme divine de son cœur. « Mourant sur la croix, Jésus ‘remit l'esprit’ (Jean 19, 30), prélude du don de l’Esprit Saint qu’il ferait après la résurrection » (Benoît XVI, Dieu est amour §19). Seuls Marie et quelques fidèles sont là.

Quelques jours après l’Ascension, le Consolateur fait irruption visible dans l’Église naissante. Cette fois, le vent est formidable et le feu évangélise. La sainteté du Fils ruisselle sur la nouvelle maisonnée des enfants de Dieu ; l’Esprit rend le chrétien éloquent « sans aucune crainte, parce qu'il sait qu'il a été adopté comme un fils ; sans aucune présomption, parce que tout est don ; sans découragement, parce que l'Esprit de Dieu précède son action dans le cœur des hommes ; sans frontières, parce que la bonne nouvelle est pour tous » (Benoît XVI, 3/06/2006).

Avec doigté de Maître, il lave, guérit, assouplit, redresse, réchauffe (Missel Romain, séquence Viens, ô Saint-Esprit !). « Il change l'aridité intérieure des âmes et les transforme en champs fertiles de grâce et de sainteté » (St Jean-Paul II, Le Seigneur qui donne la vie §67). La parole des disciples, les écrits inspirés, la liturgie des sacrements et du saint sacrifice, la foi vivante des fidèles, les vertus des saints martyrs et confesseurs, le soutien de parents et amis, sont autant de signes puissants de l’action de l’Esprit du Seigneur. La plupart de fois, sans trop de bruit.

Dans les épreuves, il est là pour protéger et éclairer ; après les péchés, il intervient pour éveiller des résolutions de vrai repentir ; dans notre pèlerinage, il montre la voie, l’appel précis à chacun : « le souci de prendre Dieu au sérieux » ; que la sanctification au milieu du monde « est non seulement possible, mais nécessaire » (St Josémaria,Quand le Christ passe §32).

L’Esprit, divin Témoin du Fils, imprime en nous l’image et le message. Par l’Esprit nous pouvons confesser : « Jésus est Seigneur » (1 Corinthiens 12, 3) ; clamer tendrement : « Père ! » (Romains 8, 15). Nous lui serons redevables de la persévérance. Seul l’Esprit sauve.

Si chaque saint est comme un rayon de la Sagesse divine, la Vierge Marie, qui en est le siège, montre cet éclat dans son Magnificat. L’Esprit la « pousse à louer le Seigneur du fond du cœur et à reconnaître, en tout ce que nous avons et ce que nous sommes, un signe de son amour infini pour nous » (pape François, 21/05/2014). Le souffle divin configure et fait vibrer sa louange.

Abbé Fernandez