La Mère du sourire

Nous vous proposons une nouvelle méditation sur la Sainte Vierge, source de tendresse et de joie.

"Madonna del solletico" de Massaccio

Le Fils caressé.

Massaccio lui apporta un trait original avec "La Vierge qui chatouille" (Florence, Offices, 1426)

La Mère de Dieu, en donnant vie humaine au Verbe éternel, l'accueille en corps et âme. La gestation, les soins au Nouveau-né, l'éducation de Jésus au fil des premières années, occupent « la servante du Seigneur » (Luc 1, 38) et comblent son cœur immaculé. Témoin privilégié de l'incarnation, elle « a touché de ses mains le Verbe de vie » (1 Jean 1, 1).

L'art chrétien a su traduire ces gestes en images. Les icônes orientales de la Tendresse montrent Marie en train de caresser ou embrasser Jésus. Depuis 1131, la Mère de Dieu de Vladimir (Eléousa), cadeau du patriarche de Constantinople au grand duc de Kiev, est vénérée sans interruption. En Occident, le thème s'est exprimé ensuite : Notre Dame de la grâce ou de la miséricorde. Massaccio lui apporta un trait original avec La Vierge qui chatouille (Florence, Offices, 1426) : une minuscule tempera sur bois, qui fut offerte à la dévotion du cardinal Casini, évêque de Sienne. Jésus esquisse un sourire, comme jadis chez Giotto (Assise 1295), qui toutefois ignorait l'initiative maternelle.

Le Verbe incarné, visage de la miséricorde du Père, a éprouvé la miséricorde humaine de la part de sa mère aimable.

Un enfant a besoin de la proximité physique de la mère : un visage affectueux que le petit admire ; une chaleur protectrice qui rassure ; un sourire stimulant. Le Verbe incarné, visage de la miséricorde du Père, a éprouvé la miséricorde humaine de la part de sa mère aimable. Marie a fourni à Jésus les premiers éléments du langage de l'amour bienveillant. Quand un enfant est perturbé par le froid ou la douleur, il réclame la proximité et le contact de sa mère. Avant la nuit du Calvaire, des épines et des clous, Marie a offert consolation au Rédempteur ; elle le fait encore quand l'épreuve nous trouble. « Lorsqu'un petit enfant prend peur dans l'obscurité de la nuit, il crie : Maman ! De la même manière, je ressens la nécessité de crier, dans mon cœur, souvent : Mère ! Maman! ne m'abandonne pas ! » (saint Josémaria, Chemin de Croix 4, 3).

Marie est mère heureuse et « source de joie pour les petits »

L'antienne Salve, Regina réclame à Marie de tourner sur chacun de ses enfants les mêmes yeux miséricordieux qui ont fixé le visage du Sauveur. Cette prière, d'origine médiévale, est « toujours nouvelle, puisqu'elle ne se lasse jamais de poser sur nous un regard miséricordieux, et nous rend dignes de contempler le visage de la miséricorde, son Fils Jésus » (pape François, Le Visage de la miséricorde §24). Si Marie est honorée comme « cause de notre joie », elle est encore mieux une source de bonheur pour le Christ et ses membres. Marie est mère heureuse et « source de joie pour les petits » (pape François, exhortation La joie de l'Évangile §288).

Abbé Antoine Fernandez