Homélie du Nonce pour la saint Josémaria

De très nombreuses personnes se sont déjà rendues aux différentes messes célébrées pour la Saint-Josémaria.

A Paris, le 21 juin Mgr Luigi Ventura, Nonce Apostolique en France, a présidé la concélébration eucharistique en l'église saint Honoré d'Eylau. Voici l'homélie qu'il a prononcée, dans laquelle il s’appuie sur les écrits et les paroles de Benoit XVI, dont il est le représentant en France.

Homélie de Mgr Luigi VENTURA

Nonce apostolique

Fête de saint Josémaria Escriva

Mardi 21 juin 2011

Aujourd’hui, nous célébrons le 36° anniversaire du dies natalis de saint Josémaria, c’est-à-dire, le jour de sa naissance au Ciel, et je me réjouis de pouvoir, avec vous, rendre grâce à la Très Sainte Trinité pour le don de ce prêtre aux hommes. Le 6 octobre 2002, jour de sa canonisation par le bienheureux Jean-Paul II, il a été proposé à l’Église universelle comme un modèle sûr de sainteté.

En célébrant sa fête, nous nous mettons dans une attitude d’écoute de son enseignement et de son invitation : Soyez saint! Comme le Saint-Père l’a bien expliqué récemment, cela veut dire mettre au centre de notre vie le Christ. Le Pape disait en particulier: « Placez le Christ au cœur de votre vie! Bâtissez sur Lui l’édifice de votre existence. En Jésus, vous trouverez lu force pour vous ouvrir aux autres et pour faire de vous-mêmes, selon leur exemple, un don pour l’humanité tout entière. » (Parc San Giuliano — Mestre, 8 mai 2011). Le bienheureux pape Jean-Paul II disait: « Les saints ont été placés par Dieu sur notre chemin pour nous faire honte (ils nous font prendre conscience de notre pauvreté) et pour nous faire espérer (que l’idéal est possible et à notre portée) » « Alors, ils ramenèrent leurs barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent » (Lc 5, 11). C’est le dynamisme qui se produit toujours dans la rencontre avec le Seigneur. Suivre le Christ et participer à sa mission rédemptrice : voilà donc le programme que ce passage de l’Évangile nous propose. Et tel fut aussi ce que saint Josémaria Escriva n’a cessé de proposer à des personnes de toute condition.

La recherche de la sainteté personnelle, justement, c’est ce que saint Josémaria voulait enseigner à tous. La sainteté ne consiste pas à faire des actions éblouissantes, disait-il, elle n’est pas une réalité inaccessible, hors de notre portée, mais elle est une grâce, un don que Dieu nous fait, et que nous devons apprendre à recevoir dans notre vie quotidienne. « La grande sainteté — dit-il dans son livre Chemin — est dans l’accomplissement des petits devoirs de chaque instant » (Chemin, 817). Elle consiste à « nous laisser conduire par l’Esprit Saint », dit saint Paul dans la lettre aux Romains (cf. Rm 8, 14), à suivre ses inspirations dans les aventures, petites et grandes, de notre vie quotidienne, et à vivre ainsi notre condition d’enfants de Dieu.

N’est-ce pas là un message réjouissant ? Dieu ne nous attend pas dans des actions étonnantes, mais dans l’effort pour bien terminer notre travail, dans le soin que nous portons à nos activités ordinaires. Il nous attend peut-être dans un simple sourire, un geste affectueux que nous offrons à celui qui en a besoin, alors que l’on n’en a pas toujours envie. Oui, elle est un defi de chaque instant. Le Saint-Père Benoît XVI disait lors d’un voyage apostolique à Venise le mois dernier: la sainteté consiste à « suivre chaque jour la volonté de Dieu, à vivre vraiment bien sa vocation, avec l’aide de la prière, de la Parole de Dieu, des sacrements, et avec l’effort quotidien de la cohérence. » (Discours de Benoît XVI à l’assemblée ecclésiale pour la clôture de la visite pastorale diocésaine, 8 mai 2011).

Mais, suivre le Christ suppose aussi d’assumer nos responsabilités apostoliques. « Avance au large, et jetez les Filets pour prendre du poisson «, demandait le Seigneur à ces hommes. « Avance au large » — duc in altum, en latin: cette parole du Christ chère à saint Josémaria, nous rappelle ce que Jean-Paul II écrivait dans sa lettre Novo millennio ineunte : « Duc in altum. Pierre et ses premiers compagnons firent confiance à la parole du Christ et jetèrent leurs filets. Et l’ayant fait, ils capturèrent une grande multitude de poissons. » C’est avec cette même confiance que nous devons nous aussi écouter cette parole de Jésus pour la mettre en pratique.

Au III° millénaire, l’Église reste toujours attentive à son devoir de jeter les Filets au large, attentive à « son devoir d’annoncer toujours et partout l’Évangile de Jésus Christ « (Benoît XVI, Uhicumque et semper). Elle sait que la Bonne Nouvelle de l’Évangile est toujours actuelle, et qu’elle se doit de la diffuser aux hommes de toutes les époques et de toutes les nations. Aujourd’hui, ce devoir s’avère d’autant plus pressant qu’il existe des situations inquiétantes de déchristianisation dans de nombreux endroits du monde, Bl: de façon particulière dans les sociétés occidentales, où prédomine l’idéal du bien—être et du progrès technique. Les Papes Paul VI et Jean-Paul II avaient déjà fortement insisté sur la nécessité d’un nouvel élan missionnaire.

Paul VI affirmait ainsi que l’Église « doit chercher constamment les moyens et le langage adéquats pour proposer ou reproposer la révélation de Dieu et la foi en Jésus Christ « (Evangelii nuntiandi, n° 56).

Le bienheureux Jean-Paul II fit de ce devoir l’un des engagements les plus forts de son Pontificat alors qu’il exhortait à une « nouvelle évangélisation ». Reprenant ce concept, le Pape Benoît X\/I indique que le premier devoir de la « nouvelle évangélisation sera toujours celui de nous rendre dociles à l’œuvre gratuite de l’Esprit du Ressuscité, qui accompagne tous ceux qui sont porteurs de l’Évangile et ouvre le cœur de ceux qui écoutent. »

La « nouvelle évangélisation » dépend donc en tout premier lieu de ce que chacun d’entre nous soit une personne docile à l’Esprit du Ressuscité, et se maintienne uni au Christ à travers la prière et les sacrements. Ainsi, par cette familiarité avec Dieu, nous entendrons nous aussi, au plus profond de notre âme, ce même appel du Christ: duc in altum, « avance au large », va dans ton milieu, repars dans ton lieu de travail, et là, ouvre la porte au Christ, manifeste dans ta conduite et tes paroles, la lumière du Ressuscité. « N’aie pas peur ! » : cette parole que le Pape Jean-Paul II avait prononcée lors de sa première homélie après son élection nous vient en fait de l’Évangile. « N’aie pas peur », « désormais ce sont des hommes que tu prendras ».

Oui, le Pape compte sur nous. Tout seul, que pourrait-il faire ? Et il compte sur notre générosité pour prendre notre part de responsabilité dans la mission d’évangélisation de l’Église, comme il le disait avec beaucoup de force le mois dernier à Venise : « Il faut des fidèles laïques fascinés par l’idéal de la sainteté pour construire une société digne de l’homme, une civilisation de l’amour ! Je vous exhorte – poursuivait- il – à ne pas économiser votre énergie dans l’annonce de l’Évangile » (Discours de Benoît XVI à l’assemblée ecclésiale pour la clôture de la visite pastorale du diocèse de Venise, 8 mai 2011).

En tant que représentant du Pape dans ce pays, je vous invite donc à répondre à cet appel, en suivant les enseignements féconds de votre Fondateur : que vos amis trouvent en vous cet hameçon qui les conduira au Christ.

Je vous invite aussi à prier pour la personne du Pape Benoît XVI, en vous unissant à la prière fervente qui s’élève pour lui dans toute l’Église à l’occasion du 60e anniversaire de son ordination sacerdotale, le 29 juin prochain, et pour les intentions qu’il a proposées, particulièrement pour les vocations sacerdotales. En vue de cette occasion, la Congrégation pour le Clergé a invité tous les fidèles du monde à centrer leur prière sur l’adoration eucharistique. À la lumière de l’Évangile que nous avons lu, nous pouvons comprendre les expressions de grande profondeur avec lesquelles le Saint-Père nous a parlé du sacerdoce l’année dernière. « Cette audace de Dieu qui se confie à des êtres humains et qui, tout en connaissant nos faiblesses, considère les hommes capables d’agir et d’être présents à sa place — cette audace de Dieu est la réalité vraiment grande qui se cache dans le mot « sacerdoce «. (Homélie du 11.06.2010, Conclusion de l’année sacerdotale).

Telle est l’attitude des disciples que nous trouvons dans l’Évangile de ce jour. En percevant la présence de la puissance de Dieu près d’eux, Pierre sent sa pauvreté : « Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur «. En même temps, s’en remettant totalement à lui, il trouve la parole qui le surprend par sa grande confiance et qui donne la paix à son âme: « N’aie pas peur, désormais se sont des hommes que tu prendras »

Que saint Josémaria nous serve d’exemple et de guide !

Que la Bienheureuse Vierge Marie, Reine de tous les Saints, soit notre soutien et l’étoile qui éclaire notre chemin ! C’est Elle, la Vierge fidèle qui peut nous enseigner à être toujours disponibles pour le service du Seigneur, nous obtenant ainsi d’atteindre un « bonheur total et durable ». Ainsi soit-il