La doctoresse récompensée, spécialiste en Anesthésie et Soins Intensifs, après avoir travaillé au Mulago Hospital, le plus grand hôpital public de Kampala, s’installa en 2010 au Kenya pour y exercer la médecine rurale. C’est là que le Projet CHEP a permis, qu’avec 50 euros, un enfant bénéficie d’un suivi médical durant dix ans.
Le docteur Kyamummi est témoin « d’un manque d’éducation sanitaire. Onse trouve devant des enfants malades qui ne savent pas qu’ils le sont, de familles qui ignorent quand est-ce qu’il faut se rendre chez le médecin. Beaucoup de ces petits sont victimes de la malnutrition ou de maladies que l’on guérit facilement en clinique »
L’un des objectifs du projet CHEP est la prévention des maladies infantiles.
Le Dr.Kyamummi confirme qu’il “est important d’assurer la santé dans ce cadre et ce, à partir de l’enfance. L’hygiène étant un facteur clé pour éviter des maladies ».
Du Kenya en Ouganda
“Après mon travail au Kenya, je projette d’importer le projet CHEP en Ouganda, où il est pressant d’œuvrer pour la santé des populations, d’ouvrir l’esprit des familles à la culture de la santé ».
“Ce défit est passionnant dans un cadre où les enfants, 23 millions au total, sont la moitié de la population ougandaise. Trois enfants sur 10 de moins de 5 ans souffrent de malnutrition et deux millions d’enfants ont des retards de croissance.
Pour 38 médecins en Espagne, dit-elle, nous n’en avons qu’un seul en Ouganda, avec un indice de mortalité infantile, en 2019, de 55 bébés de moins d’un an/1000 naissancesCe pourcentage est terrifiant lorsque l’on considère qu’en Espagne ce pourcentage est de 3/1000 naissances”.
Ni victimes, ni pleurnichards
Cela dit, face à ce panorama, “nous n’allons pas nous croiser les bras, ni ne compter que sur l’aide extérieure. Nous sommes les premiers responsables de ces faits, ni victimes, ni pleurnichards”.
Toutefois le docteur Kyamummi, récompensée par Harambee ONGD, estime aussi que « les coûts de ces services dépassent les ressources d’une grande partie de la population. Aussi, je l’ai constaté personnellement, on ne conduit l’enfant chez le médecin que lorsqu’il est déjà trop tard, que le traitement est sévère et qu’il aurait pu être évité”.
Un dispensaire
Grâce à Harambee en collaboration avec les laboratoires René Furterer, le docteur Kyamummi a entrepris de construire un dispensaire à Kampala qui va leur “permettre de centraliser le travail et faciliter les soins. Nous aurions besoin de 25.000 € pour démarrer la première phase de cet établissement.
Son projet “Child Health Project” vise à apporter de l’aide sanitaire à la population infantile la plus démunie de l’Ouganda.
Le Dr Kyamummi a aussi expliqué que le projet CHEP a contribué à réduire l’absentéisme scolaire et à améliorer le niveau de l’école, tout comme la confiance des enseignants. « Considérons, dit-elle, qu’en Ouganda 67% des enfants finissent le parcours école primaire mais seul 2% ne passent dans le secondaire. Et malgré une avancée dans la scolarisation, beaucoup d’enfants ne vont pas à l’école parce qu’ils sont tenus de travailler et d’aider à la maison. Sans doute, vous n’ignorez pas qu’il y a 61 millions d’enfants de 6 à 11 ans dans le monde qui ne sont pas scolarisés dont la moitié se trouve en Afrique subsaharienne”.
Harambee, tous ensemble
Harambee, expression swahili qui veut dire tous ensemble, est un projet international de solidarité qui collabore aux projets d’éducation, sanitaires ou d’assistance et que les Africains ont eux-mêmes mis en route chez eux. En 2019, Harambee a contribué à des projets de ce type à Bigerville, en Côte d’Ivoire, au Kenya, au Rwanda, au Burundi, au Bénin et dans les bidonvilles de Kinshasa, en RD Congo.