De l’aile gauche d’un poulet au quatrième commandement, ce très doux précepte du Décalogue.

Tous les jours, dès que je me lève, je pense à deux choses. La première c’est ce que dit saint Josémaria lorsqu'il parle de l’attachement des fidèles de la prélature et de tous les chrétiens au quatrième commandement de la loi de Dieu. La seconde, une intervention à la radio que j’ai faite dans les années quatre-vingt.

Tous les jours, dès que je me lève, je pense à deux choses. La première c’est ce dont parle saint Josémaria lorsque il décrit l’attachement des fidèles de la prélature et de tous les chrétiens au quatrième commandement de la loi de Dieu. Saint Josémaria le qualifiait de « très doux précepte du décalogue ».

Quant à la seconde, il s’agit d’une intervention à la radio que j’eus l’occasion de faire dans les années quatre-vingt. Depuis l’âge de 14 ans, je travaillais dans une usine d’abattage de poulets. Je ne voulais plus aller à l’école, et mon père m’a mis au travail… Les invités de l’émission ne semblaient pas avoir des idées trop claires sur l’Opus Dei. J’ai appelé le standard pour mettre les points sur les i sur des aspects intéressants.

-         Tous les fidèles de l’Opus Dei ont un diplôme universitaire

-         Eh bien moi je travaille dans un abattage de volailles. Je m’occupe de désosser l’aile gauche du poulet, ai-je répondu.

-         …

Et puis quelqu’un a assuré que l’Oeuvre séparait les enfants de leurs parents. Ma mère, qui est redoutable, écoutait la radio ; Elle prit le combiné et dit :

-         Je suis la maman de ce monsieur… quel est votre souci ?...

Je parle d’il y a vingt ans, l’eau a coulé sous les ponts. La vie a changé et mes parents, Dieu merci, habitent toujours chez moi. Je dis bien chez moi, puisqu’il y a trois ans encore c’est moi qui habitais chez eux.

En face de mes élèves

J’avais vécu 42 ans avec eux, quand, en 2002, je suis parti à Pampelune pour préparer un doctorat et une thèse. J’avais une licence de Lettres et, à l’époque, je travaillais dans un lycée de Jaen.

Ma mère avait une santé fragile, notre médecin de famille me disait qu’elle avait les ennuis propres aux personnes âgées. J’ai bien discuté avec mes parents et j’ai décidé que je pouvais déménager à Pampelune pour poursuivre mes études. Mes parents avaient alors 78 et 79 ans respectivement.

« Au vu de ce arrivait à mes parents, j’ai arrêté mes études et je suis revenu chez moi pour en prendre soin »

Deux ans et demi après mon départ, mon père eut une thrombose cérébrale et une hémiplégie. Maman subit des tests chez un spécialiste qui lui diagnostiqua la maladie d’Alzheimer, en sa phase avancée.

J’ai donc repris mon travail de professeur. au lycée Altocasillo, mais à temps partiel, le matin seulement. L’après-midi je prends soin de mes parents que je garde aussi la nuit. J’ai donc embauché une dame qui s’en occupe le matin. Elle me passe le témoin jusqu’au lendemain matin ou je pars au travail.

Mon père, par l’intercession de saint Josémaria, s’est miraculeusement rétabli. Il a récupéré sa mobilité et il est autonome. Le corps médical n’en revient pas : il devait être prostré sur son lit jusqu’à la fin de ses jours. Il n’a plus besoin d’aide, mais il n’est pas en mesure de me donner le moindre coup de main.

Ma mère perd ses facultés petit à petit. Elle a besoin d’une surveillance 24h/24h et il faut tout lui faire : sa toilette, la faire manger, etc. Elle ne reconnaît plus personne et comme elle est très  souvent déboussolée, elle peut beaucoup s’énerver. J’essaie de la calmer et je la promène dans son fauteuil roulant. Il y a eu une période où nous ne dormions presque pas : je la sortais alors, qu’il vente ou qu’il pleuve, dans le froid et la chaleur, et elle se s’apaisait.

Mes parents

Les médecins savent bien, sans en connaître la raison, que les personnes qui souffrent de cette maladie sont plus altérées l’après-midi. Je dois alors m’armer de patience, j’essaie de la calmer, de la distraire. Il n’y a aucun médicament pour cela. Le docteur m’a dit qu’il faut la distraire et la traiter comme un enfant de trois ans. C’est ce que je fais.

Sous le conseil de saint Josémaria, ce que je fais de plus important en ce moment c’est de veiller sur mes parents, comme ils l’ont fait lorsque j’étais plus jeune. À leur chevet, je fais l’Opus Dei parce que j’y vois le Christ. Quand je suis fatigué ou débordé, je regarde la Croix et je pense à saint Matthieu : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive » (Mt 16, 24)

Au fil du temps, je prends de l’âge, moi aussi. D’après ce que je vois au lycée et ce que me racontent mes amis plus âgés que moi, je vois que je n’ai pas à me plaindre, je ne suis pas un martyr, il y a des gens plus mal lotis que moi. J’essaie donc d’encourager mes amis à trouver, eux aussi la croix du Seigneur.

J’habite une commune de 13.000 habitants. Nous nous connaissons pratiquement tous, nous avons créé une association Alzheimer. La mairie nous rend la tâche facile et nous sommes en contact avec les prêtres du village pour qu’ils s’occupent spirituellement de nos malades.

Dans la rue, les gens m’arrêtent et me demandent des nouvelles de mes parents, ils m’encouragent  et me félicitent aussi pour le travail de l’association. Je pense alors au très doux précepte du Décalogue dont parle Josémaria et de mon coup de fil à la radio.

Gabriel Robledillo Amezcua est agrégé de l’Opus Dei.