21 Janvier 2017
Avec Lucía Bassani
Comment vivez-vous ces moments ?
J’ai, à n’en pas douter, une très vive présence de mgr Xavier Echevarria car il fut aussi un exemple de magnanimité et de don de soi pour assumer la direction de l’Œuvre et les tâches de formation, dans un contexte comme celui que nous vivons en ce moment.
J’ai eu le bonheur de travailler avec lui pendant 18 ans et plus étroitement durant les six dernières années. J’ai toujours été marquée par sa riche personnalité polyvalente. C’était un homme de prière, de prière profonde, un ami de Dieu.
l’Opus Dei n’est en fait qu’une petite partie de l’Église, un facteur apostolique dynamisant au sein de l’Église universelle.
Le prélat était un vrai battant, un volcan, quelqu’un pour qui aucune issue n’était définitivement barrée. Il trouvait toujours l’ouverture permettant d’y glisser le bien. Hospitalisé pendant sept jours, il a gardé jusqu’au dernier jour cet esprit de lutte, très fort pendant les dernières heures de sa vie. Il m’a été donné d’être avec lui deux jours avant son décès. J’ai pu ainsi constater que l’on peut aimer jusqu’au bout. Tout en priant pour son âme, je suis sûre que ces jours-ci nous allons compter sur la présence d’un père, d’un protecteur, de quelqu’un qui nous encourage à cet instant précis et nous suit du Ciel de tout son cœur.
Comment se passe l’élection du nouveau prélat ?
La procédure commence avec le vote du plénum du Conseil Central qui présente ensuite au Congrès électif les noms des candidats qu’il croit être les plus idoines à la charge de prélat. Puis, celui qui est choisi parmi les électeurs,à la majorité, demande la confirmation du Pape. C’est logique puisque l’Opus Dei n’est en fait qu’une petite partie de l’Église, un facteur apostolique dynamisant au sein de l’Église universelle.
Ensuite, ce nouveau prélat convoque et préside les deux congrès généraux qui rassemblent un nombre plus large de personnes - à peu près 300 congressistes–, représentant des pays où la prélature s’investit dans son travail apostolique. On dressera le bilan de ce qui a été fait depuis le congrès précédent et on proposera des lignes apostoliques pour les huit prochaines années. J’estime que la diversité des cultures et des origines des participants est très enrichissante pour ce travail en réunion.
Quelles vont être, à votre avis, les lignes de travail de ce Congrès?
Le cap à suivre est celui du service de l’Église, selon ses besoins, comme elle le souhaite et l’attend. C’est ce que fait l’Opus Dei depuis toujours : d’abord avec saint Josémaria, puis avec le bienheureux Alvaro del Portillo et ensuite avec mgr Echevarria. L’Opus Dei secondera les défis évangélisateurs lancés par le Pape et les évêques pour toute l’Église.
L’Opus Dei secondera les défis évangélisateurs lancés par le Pape et les évêques pour toute l’Église.
Le Congrès tracera des lignes de travail pour rendre le Christ présent dans la société actuelle. Il s’agit de diffuser le message chrétien et de contribuer ainsi à répandre la paix, le respect de la vie humaine,à toutes ses étapes, en toute circonstance et de promouvoir un développement harmonieux partout dans le monde… Comme vous voyez, ce panorama est si vaste que nos orientations ne seront qu’un cadre qui, en fonction des conditions de vie de chaque pays, sera à concrétiser d’une façon ou d’une autre. C’est à chaque fidèle de la prélature qu’il revient de traduire ces grands rêves dans les menus faits quotidiens, petits et constants : en réalité, les seuls qui changent vraiment le monde, Dieu aidant.
Ce défi est-il réaliste dans l’état actuel de manque de foi ?
Certes, ce défi est très beau. Il est encourageant pour tout chrétien de savoir qu’avec le Christ, les rêves impossibles se réalisent toujours. Il ne demande que nos moyens et s’occupe ensuite de les récompenser largement par des résultats disproportionnés.
Il est encourageant pour tout chrétien de savoir qu’avec le Christ, les rêves impossibles se réalisent toujours. Il ne demande que nos moyens et s’occupe ensuite de les récompenser largement par des résultats disproportionnés.
Le pape François nous apprend “à semer la pagaille” et à être ouverts à la miséricorde de Dieu. L’Opus Dei tâche de s’y appliquer selon son propre charisme : au travail quotidien, au cœur de la famille, parmi les amis et les collègues, en cherchant, -en dépit de notre faiblesse- à être des personnes meilleures, de meilleurs serviteurs des autres, avec une attitude positivement influente dans notre entourage, dans ce monde que Dieu a fait pour que nous y habitions et que nous en jouissions. Tout change lorsque l’on découvre le sens de la vie à la lumière de la foi. Même les situations les plus pénibles deviennent supportables.
Quels sont les moyens dont l’Opus Dei dispose pour faire face à cette tâche ?
Saint Josémaria disait souvent que l’Opus Dei c’est toi et moi. Le bien que nous sommes en mesure de faire dépend de ce qu’est chaque personne de la prélature. La prière est, sans aucun doute, le premier de ces biens. Seule une relation constante avec Dieu nous permettra de voir et d’apprécier à sa juste valeur ce monde houleux. Sans prière, rien de bon ne tient, rien de noble ne perdure.
Puis, il faudra être toujours maîtres de soi, s’auto-posséder, pour être en mesure de se donner à Dieu et aux autres, pour pouvoir servir, pour ne pas s’écrouler au gré de nos états d’âme, pour ne pas sombrer dans le délire de l’offre incommensurable de biens matériels… Ce combat pour la conquête quotidienne de notre liberté personnelle fait partie de ce que le chrétien appelle « la mortification », pour se libérer des choses caduques et fausses, afin d’offrir à Dieu et aux autres un amour intense et vrai.
parmi les richesses du message de saint Josémaria, il y a cette vérité chrétienne encore nouvelle aujourd'hui : l'égalité radicale de l'homme et de la femme.
Finalement, il est essentiel de se laisser envahir par la tendresse de Dieu dans ses sacrements, dans l’eucharistie et la confession. Il y a ensuite l’initiative personnelle, la créativité, la collaboration avec les autres, la responsabilité civique, tout ce qui nous pousse à trouver des solutions humaines, chrétiennes, aux défis de ce monde souvent cauchemardesque mais plein aussi de chances inouïes.
Quelles vont être les lignes de travail du Conseil Central avec le nouveau prélat élu dans quelques jours?
Le charisme reçu par saint Josémaria est comme un grand trésor, aux joyaux destinés à orner, à enrichir, à embellir le monde où nous vivons. La richesse de ce message contient une vérité chrétienne qui est une nouveauté encore de nos jours : l’égalité radicale de l’homme et de la femme, compte tenu de leur différence, et l’idée, non pas théorique mais vitale et pratique, que la femme est appelée à beaucoup apporter à l’Église, à la société civile, à la culture, la science, la famille, à tous les niveaux du savoir et de la vie.
Nous aurons ainsi la joie de travailler, à la suite du pape François et avec tant d’autres institutions de l’Église, pour annoncer le message de l’Évangile partout, dans tous les milieux, aux côtés de tous, dans une attitude de respect, de service et de travail honnête.
Aussi, le nouveau prélat s’appuiera-t-il sur le conseil de cette instance pour trouver les façons de mettre en valeur ce message et aider toute femme à découvrir comment le faire parvenir à son entourage, pour l’humaniser et faire qu’il devienne une source immense de bien.
C’est donc une perspective très stimulante et je pense que le nouveau prélat va le voir ainsi: un fantastique défi. Je n’en ai pas le moindre doute, le nouveau conseil central va tout faire pour le suivre et l’appuyer.
Nous aurons ainsi la joie de travailler, à la suite du pape François et avec tant d’autres institutions de l’Église, pour annoncer le message de l’Évangile partout, dans tous les milieux, aux côtés de tous, dans une attitude de respect, de service et de travail honnête.