Sur la formation professionnelle (III) : Des citoyens travaillant avec les autres

Par notre travail et les relations que nous établissons à travers lui, nous contribuons en tant que citoyens à constituer une société – et une histoire – conforme à la dignité de la personne et à sa recherche de sens.

L’envie d’un travail accompli inclut généralement le désir de construire quelque chose de valeur et de contribuer à l’amélioration de la société. Le vieux conte sur les maçons est idoine pour le décrire : en préparant des briques, on peut avoir le sentiment que son travail consiste simplement à fabriquer des briques, ou à construire un mur, ou bien à construire des cathédrales. Notre désir est de construire des cathédrales avec notre profession : des merveilles humaines et un signe de la présence de Dieu dans le monde.

Le Pape François nous encourage ainsi : « l’être humain est « capable d’être lui-même l’agent responsable de son mieux-être matériel, de son progrès moral, et de son épanouissement spirituel » (saint Paul VI, Populorum progressio, 26 mars 1967, no 34). Le travail devrait être le lieu de ce développement personnel multiple où plusieurs dimensions de la vie sont en jeu : la créativité, la projection vers l’avenir, le développement des capacités, la mise en pratique de valeurs, la communication avec les autres, une attitude d’adoration »[1]

Cependant la situation dans de nombreux pays peut brouiller cette vision. Dans certains d’entre eux les conditions de travail sont inhumaines, dans d’autres la plupart des emplois permettent à peine de survivre, et en Occident les changements et les crises successives ont entraîné une situation de précarité qui a généré une certaine vision négative. Le récit dominant ou l’expérience personnelle peuvent réduire le travail à une activité dont on a besoin pour survivre, mais qui rend souvent malheureux et frustré. Cela touche particulièrement les jeunes, hautement qualifiés et formés, et qui sont à peine en mesure d’obtenir des emplois qui leur permettent de subvenir à leurs besoins et de réaliser des projets futurs ; ou bien alors ils envisagent d’émigrer pour chercher de meilleures possibilités dans un autre pays. En fait, beaucoup cherchent leur propre épanouissement en dehors du domaine professionnel.

Celui qui ne regarde pas la crise à la lumière de l’Évangile se contente de faire l’autopsie d’un cadavre : il regarde la crise, mais sans l’espérance de l’Évangile

Dans un tel contexte où tant de gens ont des raisons sérieuses et concrètes d’affirmer ce qui précède, le message de saint Josémaria sur le travail éclaire avec l’espérance de l’Évangile cette réalité en crise. Le Pape François l’explique ainsi : « Celui qui ne regarde pas la crise à la lumière de l’Évangile se contente de faire l’autopsie d’un cadavre : il regarde la crise, mais sans l’espérance de l’Évangile, sans la lumière de l’Évangile. Nous sommes effrayés par la crise non seulement parce que nous avons oublié de l’évaluer comme l’Évangile nous invite à le faire, mais aussi parce que nous avons oublié que l’Évangile est le premier à nous mettre en crise. C’est l’Évangile qui nous met en crise. Mais si nous trouvons de nouveau le courage et l’humilité de dire à haute voix que le temps de la crise est un temps de l’Esprit, alors, même devant l’expérience de l’obscurité, de la faiblesse, de la fragilité, des contradictions, de l’égarement, nous ne nous sentirons plus écrasés. Nous garderons toujours l’intime confiance que les choses vont prendre une nouvelle tournure jaillie exclusivement de l’expérience d’une Grâce cachée dans l’obscurité »[2].

le travail est une réalité positive et bonne, un environnement pour l’épanouissement personnel et social, le pivot de notre sainteté

Cette lumière de la foi sur la réalité humaine du travail fait briller la vérité originelle de l’homme placé dans le jardin d’Eden ut operaretur[3] afin qu’il puisse travailler et coopérer avec Dieu à la construction du monde, à créer la vie sociale et la culture. En bref, le travail est une réalité positive et bonne, un environnement pour l’épanouissement personnel et social, le pivot de notre sainteté « comme un lien d’union avec d’autres hommes et un moyen de contribuer au progrès de toute l’humanité, comme une source de moyens de subvenir aux besoins de sa propre famille et comme une occasion d’amélioration personnelle »[4].

Dans les lignes qui suivent, nous nous concentrerons sur la projection sociale du travail qui s’étend en cercles concentriques à partir du lieu où il se déroule en passant par l’environnement le plus immédiat (le quartier, le village, la ville) pour parvenir à la transformation effective du monde.

Aimer le monde

L’amour pour le monde et le désir de l’améliorer et de l’amener à Dieu est un aspect central de l’appel vocationnel à l’Œuvre et se trouve au cœur de son message. Cet esprit nous conduit à percevoir dans toutes les circonstances de la vie ordinaire un appel divin, comme l’explique saint Josémaria : « Il nous faut aimer Dieu, afin d'aimer sa volonté, et d'avoir le désir de répondre aux appels qu'Il nous adresse à travers les obligations de notre vie courante : dans notre devoir d'état, dans notre profession, dans notre travail, dans notre famille, dans nos relations sociales, dans nos propres souffrances et dans celles des autres, dans l'amitié, dans notre désir de réaliser ce qui est bon et juste »[5].

L’amour pour le monde et le désir de l’améliorer et de l’amener à Dieu est un aspect central de l’appel vocationnel à l’Œuvre

Un regard sur les tragédies, les injustices, les souffrances ou la superficialité qui traversent la vie quotidienne pourrait amener à penser que notre monde actuel n’est pas « aimable », du moins tant qu’il ne s’améliore pas. Et le sentiment d’avoir peu à apporter à ce changement peut nous conduire à nous enfermer dans le cercle de notre petit monde de relations, de problèmes, d’intérêts et de projets. Là, nous sentons qu’au moins nous pouvons faire quelque chose.

la conscience que Dieu est notre Père nous pousse hors de cette zone de confort en nous rappelant ce que le Psaume 2 promet : Je te donne en héritage les nations

Cependant, la conscience que Dieu est notre Père nous pousse hors de cette zone de confort en nous rappelant ce que le Psaume 2 promet : Je te donne en héritage les nations[6]. Le fils reçoit cet héritage avec le désir de le faire fructifier, avec l’optimisme plein d’espoir de percevoir la confiance de son Père et avec le vif sens de la responsabilité envers ce monde que Dieu laisse entre nos mains. Rien n’est étranger au cœur d’un enfant de Dieu, car c’est le monde lui-même – tout et tous – qui constitue cet héritage.

sortir à la rencontre de personnes concrètes, avec leurs rêves,  avec leur sensibilité. Ainsi la connaissance se transforme en empathie

L’amour du monde comme don que Dieu le Père nous confie nous amène à vouloir « connaître en profondeur le temps dans lequel nous vivons, les dynamiques qui le traversent, les potentialités qui le caractérisent, et les limites et les injustices, parfois graves, qui l’affligent »[7]. Il ne s’agit pas d’une simple compréhension intellectuelle mais de sortir à la rencontre de personnes concrètes, avec leurs rêves et leurs espoirs, avec leur sensibilité, leurs besoins et leurs critiques. Ainsi la connaissance se transforme en empathie, en écoute, en effort pour prendre en charge l’autre et s’engager dans la recherche du bien, dans l’amour incarné. Benoît XVI l’explique dans l’encyclique Caritas in veritate : « Aimer quelqu’un, c’est vouloir son bien et mettre tout en œuvre pour cela. À côté du bien individuel, il y a un bien lié à la vie en société : le bien commun. C’est le bien du ‘nous-tous’, constitué d’individus, de familles et de groupes intermédiaires qui forment une communauté sociale. Ce n’est pas un bien recherché pour lui-même, mais pour les personnes qui font partie de la communauté sociale et qui, en elle seule, peuvent arriver réellement et plus efficacement à leur bien. C’est une exigence de la justice et de la charité que de vouloir le bien commun et de le rechercher »[8].

C’est un texte (la parabole du Bon Samaritain) qui nous invite à raviver notre vocation de citoyens de nos pays respectifs et du monde entier, bâtisseurs d’un nouveau lien social

C’est précisément de l’amour – pour Dieu, pour les autres, pour le monde – que jaillit la force qui dignifie et transforme le travail et qui nous permet de contribuer à construire avec les autres ce bien de nous tous à partir de la position et de la contribution spécifique de notre propre profession. Le modèle de l’amour compatissant pour son concitoyen est la parabole du Bon Samaritain, explique le Pape François : « C’est un texte qui nous invite à raviver notre vocation de citoyens de nos pays respectifs et du monde entier, bâtisseurs d’un nouveau lien social »[9].En le glosant, il souligne que même « le bon Samaritain a eu besoin de l’existence d’une auberge qui lui a permis de résoudre ce que, tout seul, en ce moment-là, il n’était pas en mesure d’assurer»[10] : c’est le travail qui nous permet de contribuer à la solution des besoins humains.

Une façon d’être dans le monde

La mentalité laïque est basée sur la considération que le travail, les relations sociales et politiques, les loisirs, etc., sont un lieu de rencontre avec Dieu et une tâche propre au chrétien ordinaire. De plus, le travail est précisément la manière spécifique dont chaque personne doit prendre soin de l’héritage et collaborer à la construction de la société. Nos vies seraient très différentes sans les agriculteurs, les enseignants, les transporteurs, les ingénieurs ou les scénaristes. C’est ainsi que saint Josémaria l’exprimait : « Le travail est le véhicule par lequel l’homme s’insère dans la société, le moyen par lequel il s’insère dans l’ensemble des relations humaines, l’instrument qui lui attribue un endroit, une place dans la coexistence des hommes. Le travail professionnel et l’existence dans le monde sont les deux faces d’une même médaille, ce sont deux réalités qui s’exigent l’une l’autre sans qu’il soit possible de comprendre l’une sans l’autre »[11].

question décisive : quel est, Seigneur, le bien que Tu attends de moi ?

Ce lieu propre, dans lequel Dieu attend chacun, est un environnement privilégié pour déployer la liberté comme une capacité à générer de bonnes choses avec et pour les autres, et qui sont aussi bonnes pour soi-même. « Promouvons à nouveau le bien, pour nous-mêmes et pour toute l’humanité, et ainsi nous marcherons ensemble vers une croissance authentique et intégrale »[12] Chez le coiffeur, au bureau, dans la salle de classe, le jardin ou le dressing, c’est dans l’aujourd’hui et maintenant du travail effectué que se pose la question décisive : quel est, Seigneur, le bien que Tu attends de moi ? Et ce même engagement à rechercher la perfection chrétienne dans la profession, à donner « un bon exemple de chacun à sa place, c’est déjà chercher le bien de toute l’humanité »[13].

En même temps, il n’est pas difficile de se rendre compte que faire le bien est une tâche qui dépasse les individus singuliers ; de plus, c’est une tâche commune, une lutte partagée, comme la pandémie nous l’a fait comprendre et comme l’explique le Pape : « Personne ne peut affronter la vie de manière isolée. […] Nous avons besoin d’une communauté qui nous soutient, qui nous aide et dans laquelle nous nous aidons mutuellement à regarder de l’avant. Comme c’est important de rêver ensemble ! Seul, on risque d’avoir des mirages par lesquels tu vois ce qu’il n’y a pas ; les rêves se construisent ensemble. Rêvons en tant qu’une seule et même humanité, comme des voyageurs partageant la même chair humaine, comme des enfants de cette même terre qui nous abrite tous, chacun avec la richesse de sa foi ou de ses convictions, chacun avec sa propre voix, tous frères »[14]. Et l’expérience confirme que faire le bien ensemble brise la barrière des différences idéologiques, des modes de vie différents ou du manque de foi.

faire le bien ensemble brise la barrière des différences idéologiques, des modes de vie différents ou du manque de foi.

Il y aura toujours dans l’Église des institutions orientées vers l’assistance, et nous tous, chrétiens, sommes appelés à être le Bon Samaritain qui s’arrête auprès de son frère blessé. Mais, en tant que laïcs, nous avons la mission inaliénable d’être présents dans les lieux où la société se fait, en particulier ceux liés à notre profession. Un architecte, par exemple, peut manifester contre la pollution, voter pour un parti pro-famille et faire du bénévolat auprès des sans-abri de sa ville. Mais s’il travaille dans le domaine de l’urbanisme, il est irremplaçable pour créer, avec ses collègues, des environnements plus verts, intergénérationnels, sûrs, avec leurs services de base, bien connectés, avec des espaces communs, etc., de sorte qu’il influe directement sur la qualité de l’air, les relations familiales et l’accès au logement.

Avec charité et justice

Cette manière chrétienne d’être et de se trouver dans le monde, de travailler avec les autres et pour les autres, porte en elle le plus grand potentiel transformateur de la société : la foi « qui illumine nos consciences, en nous invitant à participer de toutes nos forces aux vicissitudes et aux problèmes de l'histoire humaine. Dans cette histoire, qui a commencé avec la création du monde, et qui s'achèvera avec la consommation des siècles, le chrétien n'est pas un apatride. C'est un citoyen de la cité des hommes, avec une âme pleine du désir de Dieu »[15].

le chrétien n'est pas un apatride. C'est un citoyen de la cité des hommes, avec une âme pleine du désir de Dieu (saint josemaria)

Si nous nous concentrons sur le domaine du travail, il convient de se demander quelles caractéristiques de la façon d’être chrétienne promeuvent le plus efficacement possible cette transformation. La réponse serait large, mais il y a deux vertus qui y contribuent d’une valeur particulière : la charité et la justice, vues dans leur dimension sociale. Les deux se traduisent par une série d’attitudes qui sont actuellement reconnues comme des valeurs essentielles pour mener à bien une entreprise commune et que la doctrine sociale de l’Église propose. Ces enseignements offrent des lignes directrices qui éclairent avec la lumière de la vérité de l’Évangile les manières possibles d’agir dans les situations sociales, culturelles, etc. les plus diverses et qui se manifestent dans certaines attitudes telles que décrites ci-après.

L’amitié sociale, la solidarité et la participation conduisent à « construire des relations qui ne relèvent pas du simple travail et qui renforcent de bons liens »[16]. C’est ainsi que saint Josémaria l’exprimait dans une lettre de 1939 sur la mission du chrétien dans la vie sociale : « Un chrétien ne peut pas être individualiste, il ne peut pas négliger les autres, il ne peut pas vivre égoïstement, tourner le dos au monde : il est essentiellement social : membre responsable du Corps mystique du Christ »[17].

La promotion du développement humain intégral – de tous les hommes et de l’homme tout entier – présuppose la liberté responsable de la personne et des peuples, car aucune structure ne peut garantir un tel développement de l’extérieur et au-dessus de la responsabilité humaine[18]. La coopération naît de la conviction qu’il n’est pas possible de trouver la solution aux problèmes sous une seule perspective et conduit à une ouverture proactive, à un travail d’équipe - y compris avec ceux qui ne pensent pas comme nous - et à un dialogue sincère.

la société ne peut être promue seulement par des relations justes de droits et de devoirs, mais avant tout par des relations de gratuité, de miséricorde et de communion

La justice, c’est donner à l’autre ce qui lui appartient, ce qui lui correspond selon son être et son agir. C’est la première voie de la charité, inséparable d’elle[19] et, en même temps, elle appelle à une logique supérieure puisque la société ne peut être promue seulement par des relations justes de droits et de devoirs, mais doit avant tout l’être par des relations de gratuité, de miséricorde et de communion[20].

La transparence, l’honnêteté et la responsabilité en tant que valeurs sociales[21], bien qu’elles puissent créer des désavantages à court terme – propres de ceux qui assument le risque de faire confiance aux autres – sont des bases solides pour créer un environnement et une façon de travailler qui poussent au partage des devoirs réciproques, en mobilisant ainsi beaucoup plus que la simple revendication des droits[22].

Les possibilités sont infinies, selon les circonstances de chacun. La participation à des associations professionnelles, le mentorat d’étudiants dans des disciplines scientifiques et techniques, les projets collaboratifs open source ou l’alphabétisation des adultes, par exemple, peuvent être des initiatives que l’on promeut avec des collègues. La priorité donnée à la recherche sur les maladies orphelines, les services pro bono pour des causes pertinentes, l’engagement en faveur d’un processus industriel plus propre, le refus des pots-de-vin ou l’amélioration des conditions de travail peuvent être des initiatives à promouvoir au sein de l’entreprise ou de l’institution dans laquelle on travaille.

Transformer l’environnement au travail

L’amour pour le monde, ainsi que la conscience de sa propre liberté et de sa propre responsabilité, conduisent à s’engager, dans et à partir de son propre travail, à l’amélioration de la société. Le travail n’est pas simplement un lieu d’auto-réalisation individuelle mais une plate-forme à partir de laquelle on déploie, dans toute son ampleur, la sollicitude humaine et chrétienne pour son prochain et pour les conditions sociales qui rendent son développement possible[23].

La résolution de problèmes se recherche d’abord dans son environnement immédiat

Prendre à bras le corps le travail comme moyen de contribuer au progrès de l’humanité, c’est d’abord contribuer à l’humanisation de son propre environnement de travail. La résolution de problèmes se recherche d’abord dans son environnement immédiat[24]. Par exemple, dans les situations de conflit qui surgissent au travail comme dans toute relation humaine, l’essentiel est de ne pas les laisser nous dominer ou de les laisser finir par la victoire de ce que le pape François appelle la logique du conflit[25] qui cherche toujours des coupables à stigmatiser et mépriser et des justes à justifier : « Quand nous nous arrêtons à une situation de conflit, nous perdons le sens de l’unité profonde de la réalité »[26].

Les environnements de travail exigent également un engagement constant et déterminé pour l’amour, en essayant de s’intéresser à chaque personne, à ses besoins, parce que nous sommes tous pauvres, manquant de quelque chose « non seulement en termes matériels, mais aussi spirituels, affectifs et moraux »[27]. L’expérience personnelle de l’amour de Dieu, de la famille, des amitiés, nous facilite la tâche.

Tout ce qui précède peut être réalisé d’innombrables façons concrètes : soutenir une collègue qui attend un enfant ou qui est en charge d’une personne âgée ou dépendante ; accorder des faveurs dont on ne retire aucun bénéfice ; célébrer les anniversaires ; passer par-dessus les petites différences ; se comporter loyalement et ne pas critiquer.

Cette humanisation de l’environnement immédiat implique aussi d’identifier les problèmes, d’essayer de « noyer le mal dans une abondance de bien »

Cette humanisation de l’environnement immédiat implique aussi d’identifier les problèmes, de les assumer à la première personne, d’essayer de « noyer le mal dans une abondance de bien », de combler les carences, de multiplier les initiatives qui développent ou redirigent les énergies implicites sur la situation qui doit être améliorée[28]. De cette façon on dépasse une perspective individualiste et utilitaire et on peut découvrir, avec le regard purifié par la charité, « de singulières convergences et des possibilités concrètes de solution, sans renoncer à aucune composante fondamentale de la vie humaine »[29].

Le développement suppose une attention à la vie spirituelle, une sérieuse considération des expériences de confiance en Dieu, de fraternité spirituelle dans le Christ

Il reste beaucoup à faire et peut-être, comme Moïse, allons-nous défaillir devant l’effort. Il convient de garder à l’esprit la conclusion de l’encyclique Caritas in veritate : « Le développement a besoin de chrétiens qui aient les mains tendues vers Dieu dans un geste de prière, conscients du fait que l’amour riche de vérité, caritas in veritate, d’où procède l’authentique développement, n’est pas produit par nous, mais nous est donné. C’est pourquoi, même dans les moments les plus difficiles et les situations les plus complexes, nous devons non seulement réagir en conscience, mais aussi et surtout nous référer à son amour. Le développement suppose une attention à la vie spirituelle, une sérieuse considération des expériences de confiance en Dieu, de fraternité spirituelle dans le Christ, de remise de soi à la Providence et à la Miséricorde divine, d’amour et de pardon, de renoncement à soi-même, d’accueil du prochain, de justice et de paix. Tout cela est indispensable pour transformer les « cœurs de pierre » en « cœurs de chair » (Ez 36, 26), au point de rendre la vie sur terre « divine » et, par conséquent, plus digne de l’homme »[30].


[1] François, Lettre Enc. Laudato Si, no 127.

[2] François, Discours à la Curie romaine à l’occasion des vœux de Noël, 21-12-2020, no 6.

[3] Gn, 2, 15.

[4] Saint Josémaria, Lettre no 14 du 15 octobre 1948, no 4.

[5] Saint Josémaria, Quand le Christ passe, no 17.

[6] Cf. Ps 2, 8 : Demande, et je te donne en héritage les nations, pour domaine la terre tout entière.

[7] Fernando Ocáriz, Message, 7 juillet 2017

[8] Benoît XVI, Lettre Enc. Caritas in veritate, no 7.

[9] François, Fratelli Tutti, no 66.

[10] François, Ibid. no 165.

[11] Saint Josémaria, Lettre no 11 du 6 mai 1945, no 13.

[12] François, Fratelli Tutti, no 113.

[13] Saint Josémaria, Lettre no 3 du 9 janvier1932, no 4.

[14] François, Fratelli Tutti, no 8.

[15] Saint Josémaria, Quand le Christ passe, no 99.

[16]François, Discours aux membres du Collège des Cardinaux et de la Curie romaine à l’occasion des vœux de Noël, 23-12-2021.

[17] Saint Josémaria, Lettre n° 5 du 2 octobre 1939, n° 37

[18] Cf. Benoît XVI, Caritas in veritate, no17.

[19] Ibid. no 6.

[20] Ibid.

[21] Cf. Benoît XVI, Caritas in veritate, no36.

[22] Ibid, no 43.

[23] Cf. Ana Marta González, « Monde et condition humaine chez saint Josémaría Escrivá. Clés chrétiennes pour une philosophie des sciences sociales », inRomana no 65, juillet-décembre 2017.

[24] Cf. saint Josémaria, Entretiens, no 10 : Nous voyons dans le travail — dans le noble effort créateur des hommes — non seulement l'une des plus hautes valeurs humaines, indispensable au progrès de la société et à l'ordonnance de plus en plus juste des rapports entre les hommes, mais encore un signe de l'amour de Dieu pour ses créatures et de l'amour des hommes entre eux et pour Dieu : un moyen de perfection, un chemin de sainteté.

[25] François, Discours aux membres du Collège des Cardinaux et de la Curie romaine à l’occasion des vœux de Noël, 23-12-2021, no 7.

[26] François, Exhort. Ap. Evangelii gaudium, no 226.

[27]François, Discours aux membres du Collège des Cardinaux et de la Curie romaine à l’occasion des vœux de Noël, 23-12-2021.

[28] Cf. Ana Marta González, « Monde et condition humaine chez saint. Josémaría Escrivá. Clés chrétiennes pour une philosophie des sciences sociales », in Romana no 65, juillet-décembre 2017

[29] Benoît XVI Lettre Enc. Caritas in veritate., no 32.

[30] Ibid., no 79.

Susana López