Des articles publiés récemment annoncent que le Pape François a exprimé son désir de « débloquer » la cause en béatification de Mgr Oscar Romero, assassiné le 24 mars 1980 tandis qu’il célébrait la Sainte Messe. Quel type de liens entretenait-il avec l’Opus Dei ? s’interroge la presse. Voici quelques éléments de réponse, tirés de ses écrits et de témoignages oraux de ses proches, donnés par Béatrice de La Coste, porte-parole de l'Opus Dei en France.
Blog de Béatrice de La Coste, porte-parole de l'Opus Dei en France : www.opusdeifrance.com.
Mgr Romero fut archevêque de San Salvador de 1977 à 1980. Il réagit fermement contre les crimes et exactions diverses qui émaillent la vie de ses concitoyens. Ses dénonciations sans concession le font passer aux yeux du gouvernement en place pour un dangereux agitateur. A la veille de son assassinat, il lançait cet appel aux soldats : « Un soldat n'est pas obligé d'obéir à un ordre qui va contre la loi de Dieu. Une loi immorale, personne ne doit la respecter. Il est temps de revenir à votre conscience et d'obéir à votre conscience plutôt qu'à l'ordre du péché. Au nom de Dieu, au nom de ce peuple souffrant, dont les lamentations montent jusqu'au ciel et sont chaque jour plus fortes, je vous prie, je vous supplie, je vous l'ordonne, au nom de Dieu : Arrêtez la répression ! » Le lendemain, pendant la célébration de la messe un coup de fusil atteint l'Évêque en pleine poitrine : il agonise quelques minutes plus tard. La préoccupation pour la justice sociale et le sort de son « peuple souffrant » était chez lui la conséquence logique d’une profonde vie intérieure, centrée sur cet amour du Christ qu’il cherchait à diffuser autour de lui.
Il fit la rencontre du fondateur de l’Opus Dei en 1970 à Rome. Après la mort de Josémaria en 1975, il écrivit au Pape Paul VI pour demander sa béatification et sa canonisation. Dans cette lettre, il dit combien il avait été heureux de connaître Mgr Escriva personnellement et « d’avoir reçu de lui des encouragements et des forces pour rester fidèle à l’insurpassable doctrine du Christ et servir la Sainte Eglise catholique avec un zèle apostolique. »
« La vie de Mgr Escriva a été marquée par un dialogue incessant avec Dieu et une profonde humilité » poursuit-il. « On voyait bien que c’était un homme de Dieu et qu’il approchait les êtres avec délicatesse, affection et bienveillance. Depuis de nombreuses années, je suis témoin des actions de l’Oeuvre ici, au Salvador et je peux attester de l’esprit surnaturel qui les anime ainsi que de leur fidélité au Magistère.
Personnellement, je suis profondément reconnaissant envers les prêtres qui appartiennent à l’Oeuvre, et à qui je ne regrette pas d’avoir confié la direction de ma propre vie spirituelle et celle d’autres prêtres.
Des personnes issues de tous les milieux sociaux trouvent dans l’Opus Dei un moyen sûr de vivre en enfants de Dieu au sein de leurs obligations familiales et sociales. Et bien évidemment, ceci est dû à la vie et aux enseignements de son fondateur. »
Les relations cordiales qui unissaient Mgr Romero et l’Opus Dei se sont poursuivies sans discontinuer jusqu’au jour de sa mort. Fernando Saenz, qui lui succéda comme archevêque de San Salvador, rapporte qu’après avoir écrit cette lettre, Mgr Romero profita de son passage à Rome pour aller prier sur la tombe du fondateur, et qu’il en fut visiblement ému. « Sa spiritualité, d’une certaine façon, a été nourrie par celle de Josemaria Escriva. Très souvent, il lisait Chemin » .
Dans son journal, à la date du 6 septembre 1979, Mgr Romero écrit : « l’Opus Dei opère un travail silencieux de profonde spiritualité parmi les personnes qui travaillent, les étudiants et les ouvriers. Je pense qu’il y a là un trésor inestimable pour notre Eglise – la sainteté dans le travail pour les laïcs, chacun dans sa profession. »
Le jour de son assassinat, Mgr Romero avait passé la matinée avec Fernando Saenz. Il s’agissait d’une retraite pour les prêtres organisée par l’Opus Dei. Ensuite le prêtre espagnol avait accompagné l’archevêque jusqu’à l’église où il devait célébrer la messe. Saenz se souvient : « Ils l’ont tué tandis qu’il offrait le pain et le vin. Ce fut comme un signe magnifique de l’offrande de sa propre vie pour ses fidèles, pour la justice et pour la paix. »