Au fil de l'Évangile de dimanche : "les frères et sœurs de Jésus"

Commentaire de l'Évangile du 10ème dimanche du temps ordinaire (année B). « Quiconque fait la volonté de Dieu est mon frère, ma sœur et ma mère ». La famille de Jésus n'est pas fondée sur des liens naturels, mais sur la foi et sur l'amour qui accueille et unit. Nous sommes tous appelés faire partie de cette famille.

Évangile (Mc 3, 20-25)

Il vient à la maison et de nouveau la foule se rassemble, au point qu'ils ne pouvaient pas même manger de pain. Et les siens, l'ayant appris, partirent pour se saisir de lui, car ils disaient : "Il a perdu le sens." Et les scribes qui étaient descendus de Jérusalem disaient : "Il est possédé de Béelzéboul", et encore : "C'est par le prince des démons qu'il expulse les démons."Les ayant appelés près de lui, il leur disait en paraboles : "Comment Satan peut-il expulser Satan ? Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume-là ne peut subsister. Et si une maison est divisée contre elle-même, cette maison-là ne pourra se maintenir.


Commentaire

Pendant sa mission, Jésus a connu des difficultés liées à des malentendus, comme cela peut parfois arriver à ses disciples. Ce passage de l'Évangile parle de deux types de malentendus auxquels il a dû faire face.

Le premier type vient de certains scribes qui, devant les guérisons qu'il avait opérées sur des démoniaques, hésitent à le croire et tentent de le discréditer. Ils disent qu'« il est possédé de Béelzéboul » et que « c’est par le prince des démons qu’il expulse les démons » (Mc 3,22), ce qui revient à dire qu'il était possédé par un démon.

La jalousie fait perdre l'objectivité et peut même nuire gravement à la réputation d'autrui. C'est pourquoi cet épisode est une leçon pour nous tous, et le pape François nous met prudemment en garde : « Il peut arriver qu'une forte envie pour la bonté et les bonnes œuvres d'une personne conduise à l'accuser à tort. Et là, il y a un véritable poison mortel : la malice avec laquelle, de manière préméditée, on veut détruire la bonne réputation de l'autre. Que Dieu nous préserve de cette terrible tentation (...) Soyez prudents, car ce comportement détruit des familles, des amitiés, des communautés et même la société"[1].

Jésus ne tolère pas cette accusation et répond avec force par un argument que tout le monde peut comprendre : « Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume-là ne peut subsister. Et si une maison est divisée contre elle-même, cette maison-là ne pourra se maintenir ; Or, si Satan s’est dressé contre lui-même et s’est divisé, il ne peut pas tenir, il est fini. » (Mc 3,24-26). Le Seigneur renverse les blasphèmes qui ont été lancés contre lui et met en évidence l'importance de l'unité dans la réalisation de tout projet. En effet, lors de la dernière Cène, Jésus demandera au Père de garder ses disciples dans l'unité : « Afin que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi » (Jn 17,21).

Jésus a dû faire face à une autre forme d'incompréhension, de la part de ses propres parents, qui regrettaient de ne pas l'avoir plus souvent parmi eux. Le Christ était si dévoué aux gens qu'il n'avait parfois même pas le temps de manger, si bien qu'ils « partirent pour se saisir de lui, car ils disaient : ‘Il a perdu le sens’ » (Mc 3,21).

Le texte de l'Évangile parle de ses « frères » (Mc 3,31). Le mot « frères » était un terme générique en araméen, la langue parlée par Jésus : les neveux, les cousins germains et les parents en général étaient aussi appelés frères.

Lorsqu'on lui dit que « ta mère et tes frères et tes sœurs sont là dehors qui te cherchent » (Mc 3,32), le Seigneur répond d'une manière apparemment dure : « Qui est ma mère ? Et mes frères ? (...) Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là m’est un frère et une sœur et une mère. » (Mc 3,33 et 35). La nouvelle famille que Jésus a formée n'est plus fondée sur des liens naturels, mais sur la foi et l'amour qui accueillent et unissent. Nous sommes tous appelés à en faire partie.

Cela n'exclut pas sa mère, ni ses proches ; au contraire, cela leur donne la plus grande reconnaissance. Marie est à juste titre sa mère, car elle a toujours obéi à la volonté de Dieu en toutes choses. C'est pourquoi saint Augustin dit que « sainte Marie a accompli la volonté du Père en toute perfection, et c'est pourquoi sa condition de disciple du Christ est plus importante que celle de mère du Christ, elle est plus bénie pour être disciple du Christ que pour être mère du Christ »[2].


[1] François, Angelus, 10-VI-2018.

[2] Saint Augustin, Sermons 25,7.

Francisco Varo