Ingénieur de formation, vous vous orientez vers le sacerdoce. Pourquoi?
Le sacerdoce est un appel particulier de Dieu et, pour moi, il s’est concrétisé relativement récemment, mais dans le contexte d’une vocation déjà existante au sein de l’Opus Dei depuis de nombreuses années. J’avais pris conscience que tout chrétien, par son seul baptême, a le devoir d’être un disciple du Christ sur son lieu de travail, dans sa famille, là où il vit, avec naturel et sans faire des choses extraordinaires. Mais, pour être un chrétien cohérent au milieu du monde, il faut sans cesse approfondir sa foi (on ne peut se contenter des souvenirs plus ou moins lointains du catéchisme...), s’efforcer de pratiquer les vertus (à commencer par la charité, mais aussi l’honnêteté, le goût du travail bien fait...) et nourrir une vie spirituelle intense, alimentée par les sacrements. C’est là que le rôle du prêtre se révèle indispensable : le laïc a besoin du prêtre. L’appel à devenir prêtre m’est alors apparu comme “une autre manière de servir” l’Église.
Saint Josémaria disait que les prêtres de l’Opus Dei conservaient un esprit laïque après leur ordination. Comment cela va-t-il se traduire pour vous?
Pour prendre un exemple, si un conducteur de travaux est appelé à travailler au siège de son entreprise pour développer un projet de formation professionnelle, il ne perd pas pour autant sa sensibilité aux réalités concrètes du terrain, même si, dans la pratique, son métier va changer radicalement. Comme prêtre, je vais me consacrer à 100% aux tâches de mon ministère. Le fait d’avoir exercé une autre profession avant d’être ordonné m’aidera probablement à mieux appréhender les réalités de la vie ordinaire de la grande majorité des gens qui exercent un métier, qui ont une famille, de nombreuses obligations, et qui disposent de peu de temps. Leur rappeler que Dieu les attend au milieu de ces réalités me sera peut-être plus facile, ayant moi-même vécu la même situation...
On vient de découvrir les statistiques des ordinations en France: à peine 100 séminaristes ordonnés, et autant en première année de séminaire. Que pensez-vous de cette “crise des vocations”?
Cent prêtres, s’ils sont saints, sont une grande espérance pour la France. Il suffit de penser aux fruits de sainteté pour notre pays de prêtres comme Vincent de Paul ou le Curé d’Ars, à des époques qui n’étaient pas plus faciles que la nôtre... “La moisson est abondante et les ouvriers peu nombreux” : les bras seront toujours insuffisants, mais l’efficacité des ouvriers est démultipliée s’ils sont de bons instruments entre les mains de Dieu et s’ils laissent agir le Saint Esprit. Bien sûr, il faudrait beaucoup plus de prêtres... Mais ils viendront aussi s’il y a beaucoup de laïcs conscients de leur vocation de sainteté au milieu de la société, beaucoup de familles qui s’efforcent de transmettre une foi vivante à leurs enfants, et beaucoup de fidèles qui prient pour que le Seigneur envoie à son Église tous les prêtres dont elle à besoin et qui ne peuvent manquer.
Dans un tel contexte, que peut apporter un prêtre de l’Opus Dei? Aurez-vous un ministère dans un diocèse ou pour l’Opus Dei ?
Un prêtre de l’Opus Dei, comme tout prêtre catholique, est un prêtre de Jésus-Christ au service de son Église. Il apporte la même chose que les autres : célébration des sacrements, accompagnement spirituel, enseignement et évangélisation sous toutes leurs formes, attention particulière à ceux qui souffrent, etc. Il est confronté aux mêmes difficultés que ses confrères et tâche, comme eux, d’apporter un témoignage vivant de l’Évangile au sein de la société.
Etant incardiné dans la prélature de l’Opus Dei, il est logique que j’aie un ministère dans un centre de l’Opus Dei, qui est une institution au service de l’Église universelle et des Églises particulières. Le service apporté au diocèse où je réside se concrétise de deux manières: d’abord de façon indirecte, en contribuant à fournir une formation et une aide spirituelle à de nombreux fidèles – dont la grande majorité ne fait pas partie de l’Opus Dei – , en complément de ce qu'ils reçoivent dans leurs paroisses. En effet, je vais consacrer une grande partie de mon temps à la prédication de récollections et de retraites spirituelles, ainsi qu’à l'accompagnement spirituel. De façon directe, je rendrai service au diocèse par l’aide apportée aux paroisses (en particulier pour le sacrement de réconciliation) et, le cas échéant, par d’autres missions que pourrait me confier l'évêque du diocèse.
Vous êtes Lyonnais d’origine. Quel souvenir gardez-vous de cette ville ? A-t-elle joué un rôle dans la croissance de votre foi ?
Ayant vécu surtout à Paris, la ville de Lyon reste la ville de mon enfance, avec tout ce que cela signifie d’attaches affectives. La foi, je la dois surtout à mes parents et à mes premiers éducateurs. J’ai des souvenirs très précis de ma confirmation par le cardinal Renard à l’église Saint-Pothin ou de la messe dominicale à La Rédemption... De façon très ordinaire, je dirai très naturelle, tout cela a contribué à faire naître en moi une certaine “ouverture” à la volonté de Dieu, qui a fait ensuite son chemin, et à laquelle j’ai répondu plus tard et dans d’autres villes... J’ajouterai que, lorsque la perspective de l’ordination m’a été confirmée, je suis allé prier à Notre-Dame de Fourvière, afin de remettre mon futur sacerdoce entre les mains de la Sainte Vierge.