Mes parents sont athées. Un de mes frères est bouddhiste. J’ai dû attendre mon retour au Vietnam pour savoir ce qu’ils pensaient de ma conversion. Je leur avais annoncé par courrier mon désir d’être baptisée. Surprise ! Quand je suis arrivée à la maison, ma mère m’avait acheté une croix en pendentif. Et elle m’a indiqué une église tout près de chez nous pour que je puisse aller à la messe le lendemain.
Une belle réaction ?
Ma mère m'a dit que mon baptême exprimait un désir de sainteté. Mon père, lui, m’a raconté que pendant ses études en France, il avait de très bons amis catholiques avec qui il garde toujours le contact. Avec eux, il était allé à Lourdes. Et il m’a récité fièrement le « Je vous salue Marie ». Je n’en revenais pas.
Dans quelles circonstances vous êtes-vous convertie ?
Au Conservatoire, je jouais souvent en duo avec une amie flûtiste. Un jour, elle m’a expliqué qu’elle préparait un projet d’aide sociale au Liban. J’ai été emballée. J’ai commencé à fréquenter le centre de l’Opus Dei qui l’organisait, ainsi que les jeunes qui participaient à diverses activités. J’ai été très frappée par la joie, l’affection et la foi qui étaient palpables dans cette maison. Une foi vécue dans les actes. Je voyais là des personnes chaleureuses et serviables, et pas seulement en paroles. Cela m’a fait réfléchir. J’ai décidé de connaître le catholicisme. Puis, j’ai été baptisée à la veillée pascale de l’an 2000.
Vous avez demandé à faire partie de l'Opus Dei. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
Avant tout, c’était désirer répondre à un appel de Dieu. Comme pour mon baptême, je ne voulais pas m’engager à la légère. Cette appartenance représente pour moi un soutien spirituel. Chercher à être cohérent avec sa foi n’est pas toujours facile. L’Opus Dei m’apporte un encouragement constant dans cette recherche de la sainteté dans ma vie quotidienne. D'ailleurs je remarque que le pape Jean Paul II nous y a énormément encouragés tout au long de son pontificat.
Cette appartenance a-t-elle changé quelque chose à votre vie ?
Je trouve qu’il y a quelque chose de très positif dans le fait de me savoir soutenue dans ma vie chrétienne.
Les gens autour de vous savent-ils que vous faites partie de l'Opus Dei ?
Les personnes qui me sont proches le savent, parce que je le leur ai confié. Pour les autres, je suis une chrétienne courante qui cherche à vivre sa foi de façon cohérente.
Que pensez-vous de la place des femmes dans l’Église ?
La place de la femme dans l’Église est importante, même si elle n’est pas « voyante ». Jean-Paul II n’a jamais cessé de le proclamer. Il n’y a qu’à lire tous ses documents sur le rôle de la femme dans la société et dans l’Église. Lors de sa dernière visite à Lourdes le 15 août 2004, il insistait : « Marie a confié son message à une fille, comme pour souligner la mission particulière qui revient à la femme, à notre époque, tentée par le matérialisme et par la sécularisation : être des témoins des valeurs essentielles qui ne peuvent se percevoir qu’avec les yeux du cœur. À vous, les femmes, il revient d’être les sentinelles de l’Invisible ».
Les femmes doivent-elles continuer d’être cantonnées au ménage, à la préparation des repas... Pourquoi pas les hommes ?
Pourquoi pas, en effet. Mais je pense que je ne choquerai personne en déclarant qu’une femme, de par sa sensibilité, a des qualités qui lui permettent de créer un climat chaleureux dans un foyer : un repas bien préparé, un bouquet de fleurs, des milliers de détails qui rendent la vie familiale plus agréable. En cela une femme a de quoi se sentir fière !
En plus beaucoup travaillent, et c’est mon cas.
En quoi l'Opus Dei est-il une famille pour vous ?
Je m’y sens soutenue, sur le plan spirituel bien sûr, mais aussi affectif. J’y ai mes meilleures amies. L'esprit de famille est ce qui me plaît le plus dans l’Opus Dei.
Quelle est l'influence du message de l'Opus Dei ou de son fondateur dans votre travail ?
J’essaie de progresser dans mon travail, de donner le meilleur de moi-même, professionnellement et humainement, à mes élèves. Ils le remarquent et les résultats s’améliorent. Mon travail a un autre sens pour moi maintenant ; il ne représente plus seulement un gagne-pain.
Et ce qui vous dérange ?
Pour paraphraser ce que dit saint Paul sur le « vieil homme », je dirais que c’est cette « vieille femme » qui est en moi qui me dérange. Certains pensent qu’être membre de l’Opus Dei, c’est déjà être saint. Et nos erreurs les déçoivent. Mais nous ne sommes que des êtres humains, avec nos misères. Seulement nous cherchons à nous corriger et à être meilleurs avec l’aide de Dieu.