Saint Josémaria, vu par ceux qui ne l’ont pas connu

Qui était vraiment Josémaria Escriva, fondateur de l’Opus Dei ? Comment s’inscrit-il dans le contexte historique des années 1930 en Espagne ? Une biographie en trois volumes paraît en France consacrée à la vie et l’œuvre du saint.

Cette biographie répond-elle aux questions des lecteurs d’aujourd’hui sur un personnage qu’ils ne connaissent souvent qu’à travers les journaux ? Pour en savoir plus, une table ronde réunissait, dans les salons du Centre Culturel Garnelles, Gérard Grenet et Ludovic Malfois, respectivement traducteur de la nouvelle biographie et historien spécialiste de l’histoire du christianisme.

Gérard Grenet, qui se définit comme « un homme de gauche » et un homme passionné, confesse volontiers sa méconnaissance originelle de Josémaria et de l’Opus Dei. Il expose les incompréhensions et les réactions d’agacement suscitées par le personnage, pour expliquer comment il en est arrivé à « l’étonnement devant ce mystique ».

Ludovic Malfois s’attachera davantage à l’ouvrage — une biographie et non une hagiographie, soulignera-t-il —, comme clé de lecture de Josémaria. « J’avais lu « Chemin » qui m’avait laissé de marbre. La lecture de Vazquez de Prada m’a permis de comprendre cette œuvre maîtresse de Josémaria Escriva, douze ans plus tard… »

Virilité et tendresse sont les deux aspects du caractère de Josémaria qui frappent le plus les intervenants.

Josémaria ne tient pas en place, il manifeste une énergie et une constance totale dans la fondation, ce qui ne l’empêchera pas de connaître des nuits noires, des doutes, des tentations de désespoir — suis-je le bon instrument ?

Il court toute l’Espagne pour resserrer les liens entre des personnes qui, a priori, n’ont rien de commun. Il écrit des dizaines de lettres. Pour lui, l’Opus Dei doit être une famille. L’on comprend mieux, pourquoi il se fait appeler « Père », et ce qui choquait en un premier temps recouvre finalement toute sa signification.

De même que l’on comprend, au fil de l’ouvrage, pourquoi il réalise les choses avec une telle minutie — « exaspérante au début », dira Gérard Grenet—. C’est parce qu’il veut « forger les siens », leur faire soigner les petites choses d’où l’on sort toujours meilleur.

La dernière partie de la soirée abordait l’histoire des débuts de l’Opus Dei et le contexte agité de la République Espagnole et de la guerre civile.

Pour Gérard Grenet, qui a enseigné la guerre civile durant toute sa vie de professeur, c’est clair. « On ne peut pas dire qu’il a choisi son camp. Il a choisi d’être prêtre, il a choisi la soutane. » Il est remarquable qu’il n’ait jamais pris d’option politique, qu’il ne se soit jamais réjoui à l’issue d’une bataille. Pour lui, il n’y avait ni victoire, ni défaite, mais seulement une catastrophe, des morts et des souffrances.

Ludovic Malfois conclura : « Ce n’est pas un livre de propagande. On voit l’Opus Dei tout petit, croître difficilement — il n’y a que douze membres en 1939, à la fin de la guerre civile, onze ans après la fondation. Le contexte violemment anticlérical de l’Espagne des années 30 n’est là que pour aider à cerner le personnage, mais il n’est jamais prétexte à un règlement de compte. »

Un livre à lire, quitte à commencer par le second volume pour entrer de plain-pied dans le drame de la guerre civile. En attendant la prochaine traduction du troisième volume, les années romaines d’Escriva, de 1946 à sa mort.

Andrès Vasquez de Prada : « Le fondateur de l’Opus Dei »

Vol I : « Seigneur, que je voie »

Vol II : « Dieu et Audace »

En vente aux Editions le Laurier, 19 passage Jean Nicot 75007 Paris

www.leLaurier.fr