Prédication de la neuvaine à l'Immaculée à Paris

Tous les soirs de la neuvaine, l'abbé Thieux, prêtre de l'Opus Dei, prêche à la basilique Notre Dame des Victoires, à Paris, sur la Vierge Marie. Il nous dévoile ses intentions.

Monsieur l'abbé, vous prêchez cette semaine la neuvaine de l'Immaculée Conception dans la paroisse parisienne Notre Dame des Victoires. Pourquoi vous ? Est-ce un service que vous rendez au diocèse de Paris ?

Je suis l’un des prêtres qui confesse habituellement dans cette Basilique, et c’est à ce titre que le Curé, le Père Arnaud Bancon, m’a demandé si j’accepterais d’assurer la prédication pendant tout ce temps.

Ces dernières années, un prêtre différent venait prêcher chaque jour, et il lui a semblé que cela pouvait donner plus d’unité que de confier l’ensemble de la prédication à un seul prêtre. J’ai accepté bien volontiers, car prier la Vierge, la faire connaître, la faire aimer, est un geste d’amour filial, que l’on ne peut refuser.

Est-ce un service rendu au diocèse de Paris ? C'est un service rendu aux âmes, avant tout, pour les approcher de Dieu en passant par Marie, et les encourager à s’impliquer davantage dans leur vie spirituelle et apostolique. Par là même c'est, je l’espère, un service rendu au diocèse. Mais je m’efforce de faire en sorte que tout mon ministère soit au service de l'Église locale ! Cela, je l’ai appris de saint Josémaria : servir l'Église comme elle-même veut être servie était sa seule ambition, comme le montre toute sa vie et sa prédication.

Qu'est-ce qu'une neuvaine et depuis quand est-ce une pratique courante dans l'Eglise ?

Une neuvaine est une manière de prier que l’on pourrait rattacher à cette voie d’enfance spirituelle si chère à sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et à saint Josémaria. Les enfants savent bien, en effet, que pour obtenir de leur mère une chose qu’ils jugent bonne, du haut de leur jeunesse, il y a la manière, bien sûr, mais aussi la persévérance. Toutes les mères le savent, quand elles entendent répéter : maman ! maman !… Et tant qu’ils n’ont pas obtenu, les enfants insistent, et les mamans, si elles sont bonnes et si l’enfant est méritant, finissent par « craquer ».

Une Neuvaine est donc l’un des moyens pour insister auprès de la sainte Vierge : s’adresser à elle neuf jours de suite pour obtenir quelque chose ou, tout simplement pour s’approcher d’elle et donc de Jésus. Ce n’est évidemment pas la simple accumulation de prières qui compte, mais l’esprit dans lequel on les récite. Suivant les propos de l'écrivain Didier Decoin, ce n’est pas tant la grosseur du bouquet à laquelle Marie est sensible ; c’est plutôt la fraîcheur des fleurs qui la fait sourire.

Or, comme nous le disait récemment Benoît XVI à Lourdes, « rechercher le sourire de Marie n'est pas le fait d'un sentimentalisme dévot ou suranné, mais bien plutôt l'expression juste de la relation vivante et profondément humaine qui nous lie à celle que le Christ nous a donnée pour Mère. ». C’est dans cet état d’esprit que les chrétiens depuis de nombreux siècles (mais je ne saurai vous préciser exactement depuis quand) ont toujours “assailli ” celle qui est Mère de Dieu et notre Mère.

Chaque soir de cette semaine, des personnes viennent à la messe à 19h00 et prient la Vierge. Que vous efforcez-vous de leur apporter ?

Tout d’abord, car je m’appuie systématiquement sur l’évangile du jour pour construire mon homélie, j'essaie de montrer une façon d’entrer plus avant dans le contenu des Écritures. Lors du récent Synode sur la Parole de Dieu, le Prélat de l’Opus Dei, Mgr Echevarria, rappelait que « nous devons chercher à avoir une soif profonde de Jésus-Christ, et vivre chaque scène de l’Evangile comme si nous étions un personnage parmi d’autres... », pour les faire entrer dans notre quotidien et pour le transformer. C’est ce que j’essaie de faire.

Ensuite, bien sûr, je voudrais aider les gens à faire une plus grande place à notre Mère dans leur vie. J’ai choisi pour cela un fil conducteur : Marie, modèle de vertus. Nous avons tant besoin d’être plus vertueux. Le monde qui nous entoure a tant besoin de voir les vertus chrétiennes s’afficher au grand jour ! Marie peut nous aider car elle possède à un degré extraordinaire toutes et chacune des vertus qui composent le paysage de la sainteté.

Mais ce que je m’efforce d’apporter est peut-être bien résumé par le commentaire d’une paroissienne l’autre jour : “c’est tellement beau d’entendre parler de la sainte Vierge”. Si cette Neuvaine n’a servi qu’à cela, à parler de la sainte Vierge, je serai le plus heureux des prédicateurs !