- Marie a su s'ouvrir à l'action de Dieu
- Dieu s'approche de l'homme d'une manière inimaginable
- Une réponse à notre désir de salut
LA VIERGE MARIE avait entendu avec surprise les paroles de l'ange : « Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus » (Lc 1, 31). Mais au lieu de rester paralysée devant le projet divin qui venait changer son présent et son avenir, elle s'est exclamée avec une conviction sereine : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole » (Lc 1, 38). Nous sommes émerveillés que des mots aussi simples soient la porte par laquelle Dieu a voulu entrer dans notre monde, et qu'ils soient aussi la porte par laquelle nous entrons dans cette semaine de Noël. « Voici » est le mots clé de la vie. Il marque le passage d'une vie horizontale, centrée sur soi et ses propres besoins, à une vie verticale, élevée vers Dieu. « Regarder signifie être disponible pour le Seigneur, c'est le remède à l'égoïsme, l'antidote à une vie insatisfaite, à laquelle il manque toujours quelque chose » [1].
« Et toi, Bethléem Ephrata, le plus petit des clans de Juda, c’est de toi que sortira pour moi celui qui doit gouverner Israël » (Michée 5,1), dit le prophète Michée. Une humble femme devient la Mère de Dieu, un peuple presque inconnu devient le berceau du Messie. C'est ainsi que Dieu agit. En nous aussi, une réponse apparemment petite, remplie de foi, peut transformer notre vie quotidienne en une grande œuvre de Dieu. Dans les moments les plus simples de notre vie quotidienne, nous pouvons dire oui à Dieu qui vient : dans une rencontre fortuite avec un ami, dans le déroulement parfois monotone des heures de travail, ou dans une agréable soirée en famille.
En ces derniers jours de l'Avent, nous avons peut-être été occupés à bricoler nos crèches. Nous avons déplacé une brebis qui s'était égarée et qui était tournée vers le côté opposé à l'Enfant, ou nous avons essayé de rendre plus accueillante la mousse desséchée de la prairie à côté de l'étable. Ce sont de petits gestes que nous voulons être à l'image de la foi avec laquelle nous voulons répondre aux appels constants et subtils de Dieu. Viens, Seigneur, ne tarde pas, nous avons besoin de toi et nous voulons préparer ta venue avec amour.
« Ô DIEU, fais-nous revenir ; que ton visage s'éclaire et nous serons sauvés ! » (Ps 79, 4). Ces paroles pleines d'attente expriment l'un des désirs les plus profonds du psalmiste : contempler la face de Dieu. Cependant, le peuple d'Israël savait qu'il s'agissait d'un désir impossible à réaliser. En effet, ils pensaient que ceux qui verraient Dieu mourraient immédiatement, car l'être humain ne pourrait pas supporter la contemplation d'une telle grandeur. C'est pourquoi nous sommes si surpris — et nous ne voulons pas nous y habituer — que le Dieu tout-puissant ait voulu montrer son visage dans la tendre figure d'un enfant. Nous voudrions nous approcher de Bethléem ces jours-ci avec deux sentiments qui se complètent : le respect du mystère et l'affection qui l'accueille dans la chaleur d'un foyer.
« Dieu de l'univers reviens ! Du haut des cieux, regarde et vois : visite cette vigne, protège-la » (Ps 79, 15), chante encore le psalmiste. Dieu s'est montré bien plus généreux que le cœur humain ne pouvait l'imaginer. Il n'a pas seulement voulu nous regarder du haut du ciel avec affection et nous rendre visite un moment : il s'est uni à nous et s'est tellement impliqué dans sa vigne qu'il est allé jusqu'à nous dire : « Je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit » (Jn 15,5). Tout peut être nourri par la sève que le Christ nous donne dans ses sacrements, dans la prière, dans son accompagnement constant. Il a voulu mener une vie humaine, pour que notre vie humaine acquière une dimension divine.
« Jésus est né dans une grotte de Bethléem, dit l’Écriture, “parce qu’il n’y avait pas de place pour eux à l’hôtellerie”. — Je ne m’écarte pas de la vérité théologique si je te dis que Jésus est encore à la recherche d’une demeure dans ton cœur » [2] Nous avons tous les jours l'occasion de suivre cette suggestion de saint Josémaria et d'ouvrir notre cœur à Jésus. La foi ne se réduit pas à un ensemble de vérités, ni à un ensemble de règles abstraites à suivre. Croire en Dieu, c'est avant tout accueillir son Fils en nous et partager toute notre vie avec lui. Bref, transformer notre âme en Bethléem. Si, grâce à l'affection de Marie et de Joseph, et à la chaleur de quelques brebis, il a pu se sentir à l'aise dans la pauvreté de cette étable... Pourquoi ne se sentirait-il pas également heureux dans nos cœurs, si nous essayons de lui donner les joies et les peines de chacune de nos journées ?
« CIEUX, distillez d’en haut votre rosée, que, des nuages, pleuve la justice, que la terre s’ouvre, produise le salut, et qu’alors germe aussi la justice (Is 45 ,8). L'antienne d'entrée de ce quatrième dimanche de l'Avent exprime avec une force inhabituelle le besoin que nous ressentons d'un Dieu qui nous sauve. En de nombreuses occasions, notre prière consistera à exprimer du plus profond de notre cœur ce désir de Dieu. Aussi bien lorsque nous sentons nos limites et la douleur de nos blessures, que lorsque nous éprouvons des joies dans les petits détails, nous voulons que tout soit imprégné de l'amour de Dieu. Nous nous rendons compte qu'une vie avec Lui est radicalement différente d'une existence refermée sur nous-mêmes.
La deuxième lecture de la messe d'aujourd'hui explique la raison de l'incarnation du Christ : « Voici que je viens... pour faire ta volonté, ô Dieu » (He 10,7). Le Fils a voulu se faire homme pour nous sauver. Et ce salut ne peut s'expliquer que par le grand amour de son Père pour nous. « Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique. Afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle » (Jn 3,16). En contemplant l'Enfant de Bethléem, comment ne pas être certains de l'amour de Dieu pour nous et de son attention bienveillante ? Dans tous les événements qui font partie de notre existence, nous pouvons être sûrs que Dieu nous parle et nous sauve.
Nous pouvons imaginer combien il a dû être difficile pour notre Mère de voir son fils bien-aimé naître dans la pauvreté d'une mangeoire. Mais même dans cet événement, si sombre aux yeux des hommes, elle a dû voir briller la lumière de Dieu. « Ce qui est vraiment grand passe souvent inaperçu, et le silence tranquille est plus fécond que l'agitation frénétique qui caractérise nos villes » [3] Nous pouvons lui demander de nous donner sa sensibilité et son cœur rempli de foi pour que nous puissions nous aussi percevoir Dieu dans tous les détails de notre vie. Ainsi, de même que saint Jean-Baptiste a tressailli de joie dans le sein de sa mère en présence de la Vierge enceinte, de même nous serons remplis de joie en faisant mémoire de la naissance de Jésus.
[1]. Pape François, Angélus, 8 décembre 2018.
[2]. Saint Josémaria, Forge, n° 274.
[3]. Benoît XVI, Discours, 8 décembre 2012.