Méditation : 1er novembre, la Toussaint

Les thèmes proposés pour la méditation du jour sont : vivre les Béatitudes que Jésus a prêchées ; la sainteté consiste à laisser Dieu agir ; nous nous soutenons mutuellement par la communion des saints.

- Vivre les Béatitudes que Jésus a prêchées

- La sainteté consiste à laisser Dieu agir

- Nous nous soutenons mutuellement par la communion des saints


«Voici le peuple de ceux qui le cherchent ! Voici Jacob qui recherche ta face!» (Ps 23, 6). Ainsi prie l’Église tout entière dans le psaume de la messe de cette solennité de la Toussaint. C’est ainsi, en cherchant la face de Dieu, que nous souhaitons passer ce jour de fête. « Les saints et les bienheureux sont les témoins les plus autorisés de l’espérance chrétienne, parce qu’ils l’ont vécue en plénitude dans leur existence, au milieu des joies et des souffrances, en mettant en œuvre les Béatitudes que Jésus a prêchées et qui résonnent aujourd’hui dans la liturgie (cf. Mt 5, 1-12a). En effet, les Béatitudes évangéliques sont le chemin de la sainteté » [1]

Cependant, à première vue, si nous nous rappelons les propos de Jésus sur les bienheureux, le panorama qu’il nous présente pourrait nous sembler peu encourageant. Car ce qui nous est proposé est tout ce que nous rejetons d’instinct : souffrances, persécution, lutte, larmes… Néanmoins, saint Josémaria signalait que toutes ces vertus sont celles que le Seigneur a bénies « dans ce Sermon sur la Montagne, celles qui rendent vraiment heureux, saints, beati… Toutes ces vertus que Jésus nous a enseignées avec sa propre vie, je les souhaite pour tous mes enfants et pour moi-même » [2]. Ainsi nous comprenons que « la sainteté, la plénitude de la vie chrétienne ne consiste pas à accomplir des entreprises extraordinaires, mais à s’unir au Christ, à vivre ses mystères, à faire nôtres ses attitudes, ses pensées, ses comportements. La mesure de la sainteté est donnée par la stature que le Christ atteint en nous, par la mesure dans laquelle, avec la force de l’Esprit Saint, nous modelons toute notre vie sur la sienne » [3]. Nous avons par conséquent besoin de recouvrer la liberté de savoir qu’en partant de l’amour de Jésus-Christ tout est possible.

Aujourd’hui, tous les saints nous incitent à « nous engager sur le chemin des Béatitudes. Il ne s’agit pas de faire des choses extraordinaires, mais de suivre chaque jour ce chemin qui nous mène au ciel, en famille, à la maison. Aujourd’hui nous entrevoyons donc notre avenir et nous fêtons ce pour quoi nous sommes nés : nous sommes nés pour ne plus jamais mourir, nous sommes nés pour jouir du bonheur de Dieu ! Le Seigneur nous encourage et à celui qui prend le chemin des Béatitudes, il dit : « Soyez dans la joie et l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux » (Mt 5, 12) [4]


« QUI PEUT gravir la montagne du Seigneur et se tenir dans le lieu saint ? L’homme au cœur pur, aux mains innocentes » (Ps 24,3-4). Nous savons que cette innocence ne consiste pas à ne jamais commettre de péché ou de faute, ni à être exempt d’erreurs. Cette pureté se réfère, avant tout, au cœur de celui qui se laisse aimer par Dieu et ne met pas son espoir dans d'autres idoles : sécurité, contrôle, indépendance, plaisirs, possessions. « La sainteté est un contact profond avec Dieu : c’est devenir ami de Dieu, laisser agir l’Autre, le Seul qui peut vraiment rendre ce monde bon et heureux » [5].

Nous sommes persuadés que si Dieu nous demande quelque chose, en réalité c’est sa vie et son affection qu’il nous offre. C’est ainsi que saint Josémaria l’a compris : « Mon bonheur terrestre est lié à mon bonheur éternel : heureux ici-bas et heureux là-haut » [6]. Comprendre la manière d’agir de Dieu, qui se cache parfois là où nous ne pensions pas le trouver, c’est comprendre qu’il ne veut jamais notre malheur, y compris sur cette terre. « J’en suis de plus en plus persuadé : le bonheur du ciel est pour ceux qui savent vivre heureux sur la terre » [7]

Quelle joie que de penser aux saints du ciel ! Ils étaient comme nous : avec les mêmes problèmes et difficultés, identiques espérances et semblables faiblesses. Si nous laissons Dieu agir dans notre vie, comme eux l’ont fait, si nous sommes fidèles, à la fin de notre vie nous pourrons entendre des lèvres du Seigneur ces mots réconfortants : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde » (Mt 25, 34). Il peut nous arriver de penser que ceux qui font partie de ce Royaume sont peu nombreux. Cependant, une des lectures d’aujourd’hui nous rappelle une des visions de saint Jean. Il a vu « une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main » (Ap 7, 9). Dans cette foule immense, l’Église célèbre les hommes et les femmes, de tout âge et condition, qui jouissent du bonheur sans limite du ciel et qui, sur la terre, sont demeurés dans l’amour de Dieu.


CETTE FÊTE est particulièrement belle pour nous autres qui sommes encore en chemin sur la terre, parce que dans cette foule qui loue sans cesse le Seigneur sont présents beaucoup de nos frères, beaucoup d’amis et de proches parents, des gens courants, prêts à intercéder pour nous. Plusieurs d’entre eux, nous les avons personnellement connus. Nous ne sommes donc pas seuls sur le chemin de la sainteté : nous sommes unis à tous les chrétiens, ceux qui ayant déjà triomphé sont dans la gloire du ciel, ceux qui se purifient dans le purgatoire, ceux qui marchent sur terre, unis par un courant vivifiant de charité : la communion des saints.

Au cours de la guerre qui a secoué l’Espagne pendant les années 30 au dernier siècle, saint Josémaria écrivait souvent à ses enfants. Il leur assurait dans une de ces lettres : « Vous me manquez tous, mais si vous saviez comment je me tiens près de vous, de chacun de vous, jour et nuit ! Telle est ma mission : qu’à la fin vous soyez heureux avec Lui, et déjà maintenant sur la terre, en lui rendant gloire » [8]. La communion des saints, c’est la prière des uns pour les autres, pour que la grâce vienne guérir les blessures de celui qui en a le plus besoin ou le rendre fort. Une expérience, que lui-même rapportait, se répétera : « Mon enfant, que tu vivais bien la communion des saints lorsque tu m’écrivais : « Hier, j’ai « senti » que vous étiez en train de prier pour moi » [9]

« Pense que Dieu veut que tu sois heureux et que, si tu fais de ton côté ce que tu peux, tu seras heureux, très heureux, follement heureux » [10]. La Très Saint Vierge nous obtiendra la grâce de refléter la beauté du visage du Christ et de former ainsi la grande mosaïque de sainteté que Dieu souhaite pour notre monde.


[1]. Pape François, Angélus, 1er novembre 2020.

[2]. Saint Josémaria, Lettres 31, n° 52.

[3]. Benoît XVI, Audience générale, 13 avril 2011.

[4]. Pape François, Angélus, 1er novembre 2018.

[5]. Card. Joseph Ratzinger, « Laisser agir Dieu, dans « L’Osservatore Romano », 6 octobre 2002.

[6]. Saint Josémaria, Cahier-Agenda 1 de Burgos, cité dans Camino, édition historico-critique, Rialp, Madrid 2004, p. 414.

[7]. Saint Josémaria, Forge, n° 1005.

[8]. Saint Josémaria, Lettre d’Avila pour ses enfants de Burgos, 11 août 1938.

[9]. Saint Josémaria, Chemin, n° 546.

[10]. Saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 141.