Jean-Paul II à la résidence Garnelles… avec Bernard Lecomte

Le salon de la résidence Garnelles accueillait Bernard Lecomte, jeudi 11 mars 2004, pour une soirée autour de la biographie « Jean-Paul II » (Gallimard, 2003) publiée à l’occasion des 25 ans de pontificat de Jean-Paul II.

Au menu : vingt minutes de présentation du livre par son auteur, puis une heure de questions. Dans les faits, beaucoup d’anecdotes et une analyse passionnante de la personne et l’action du pape.

« Mon travail a été celui d’un journaliste et non d’un théologien » : quatre ans d’enquête, des dizaines d’entrevues avec des proches et amis de Karol Wojtyla et de sa famille ont abouti à cette œuvre maîtresse de près de 600 pages.

L’idée de Bernard Lecomte est celle-ci : pour comprendre Jean-Paul II, il faut connaître Karol Wojtyla, Polonais, comédien, qui a subi les totalitarismes nazi et communiste.

Ainsi, on comprend mieux son attitude d’ouverture et de dialogue envers les juifs lorsqu’on sait qu’il venait de la Galicie, surnommée « le paradis des Juifs », parmi lesquels il comptait de nombreux amis, région de la Pologne frappée par l’antisémitisme avant la seconde guerre mondiale.

Tout comme la violation répétée des droits de l’homme, et notamment l’emprisonnement du cardinal Wyszynski, ont marqué son attachement à la défense de ces valeurs. L’homme n’est pas un rouage de la machine d’État. L’homme doit être au centre du système. Sans quoi le capitalisme aussi s’effondrera, annonça-t-il lors de la chute du mur de Berlin.

Les questions tournèrent autour de deux thèmes : l’influence politique de Jean-Paul II et le bilan de ses 25 années de pontificat.

Jean-Paul II, un politique ? Non. C’est la politique qui l’a rattrapé lorsqu’il a été nommé évêque. À ce propos, Bernard Lecomte constatait qu’en 1956, alors aumônier d’étudiants, il ne dit ni n’écrivit rien à propos des terribles événements qui frappaient les pays de l’Est.

Jean-Paul II, grand voyageur, a-t-il trop délaissé Rome et la curie ? Dès son arrivée à Rome, Bernard Lecomte pense que le nouveau Pape a compris qu’il ne pourrait pas gérer un système qui le dépasse (la gestion, même lorsqu’il était évêque, n’a jamais été son point fort !) Il a donc délégué pour se consacrer à l’écriture et aux voyages, au cours desquels il testera notamment ses intuitions pastorales.

Bernard Lecomte ne veut pas parler d’échec dans les relations avec les orthodoxes. Le pape n’est pas le chef d’un parti politique tenu par un mandat. Certes, il fut stupéfait de voir les orthodoxes se replier sur eux-mêmes, après 1989, alors qu’il pensait que la chute du mur faciliterait l’œcuménisme. Mais Jean-Paul II a semé, tout au long de son mandat. L’Esprit-Saint fera le reste !

L’auteur a conclu en soulignant l’aspect incontournable de Jean-Paul II dans la situation du monde actuel.