J’ai rencontré don Alvaro à plusieurs reprises, à Rome, où je me suis rendu lors de déplacements professionnels et à Bruxelles, où je vivais. Je me souviens de ses visites dans la capitale européenne. Il venait pour être avec nous. Ce fut l’occasion de très belles réunions de famille où tous se réunissaient autour de lui, échangeaient des souvenirs, évoquaient leurs préoccupations, posaient des questions sur des sujets divers de nature spirituelle, etc., le plus naturellement du monde. Il répondait de manière précise à chaque question, avec simplicité et profondeur, souvent de manière enjouée, toujours avec affection. Tout le monde était ravi.
J’ai eu l’occasion de me trouver seul avec lui, d’échanger quelques propos, de l’écouter et de garder, après son départ, une sorte de nostalgie de sa présence. Auprès de lui, on se sentait bien : on était rassuré, réconforté, éclairé. A mes yeux, ce qu’il disait comptait moins que sa présence, non pas que ce qu’il disait manquait de contenu - loin de là - mais parce que, je m’en rends compte maintenant avec le recul du temps, il se confondait en quelque sorte avec le contenu de ce qu’il disait. Il parlait de ce qu’il vivait. Quand je pense à la parole de saint Paul : « ce n’est pas moi mais le Christ qui vit en moi », je m’émeus à cette pensée. Je crois que tous ceux qui l’ont connu peuvent dire qu’auprès de lui s’établissait immédiatement une relation de cœur à cœur, de Père à fils. C’est, du moins, ce que j’ai toujours éprouvé quand j’ai eu la chance d’être avec don Alvaro.
Un souvenir personnel me vient à la mémoire. Nous étions avec l’abbé Xavier de Silio et quelques autres groupés autour de don Alvaro, au moment de son départ, sur le seuil de notre maison bruxelloise. L’abbé de Silio, aujourd’hui décédé, était chauve et cela ne lui plaisait guère. Il tentait avec ingénuité de camoufler sa calvitie en se coiffant avec art. Don Alvaro, qui le connaissait bien, d’un air enjoué passa sa main sur son front pour redresser une mèche rebelle. Tout le monde se mit à rire de bon cœur, l’intéressé le premier. Ce geste témoigne de l’ambiance de bonne humeur et d’affection que don Alvaro savait créer autour de lui.