Il y a 60 ans, saint Josémaria arrivait à Rome

Il y a 60 ans, le 23 juin 1946, saint Josémaria arrivait à Rome. Depuis la Ville Eternelle, il a fait aller de l’avant le chemin juridique de l’Opus Dei, et son expansion dans le monde entier.

En 1928, saint Josémaria recevait la lumière fondationnelle de l’Opus Dei à Madrid. Il commença par répandre le message de l’appel universel à la sainteté parmi les étudiants et les ouvriers. Après la 2ème guerre mondiale, il comprit que le moment était venu d’étendre cet appel aux cinq continents.

Il ne pouvait réaliser cette œuvre que près du Pape, successeur de saint Pierre. De plus, il était nécessaire de rechercher auprès du Saint-Siège une reconnaissance juridique de l’Opus Dei, une tâche qui avait conduit Alvaro del Portillo à partir pour Rome quelques mois auparavant.

Avant de se rendre à Rome en bateau, saint Josémaria a voulu préparer ce voyage par la prière, aux pieds de la Vierge de la Merci, à Barcelone. Voici un récit de ces jours.

Prière à Barcelone avant le voyage (« Mes souvenirs », José Orlandis, Editions Rialp. José Orlandis a accompagné saint Josémaria au cours du voyage en bateau)

« Le vendredi 21 juin, saint Josémaria devait commencer son voyage en bateau vers l’Italie. Le Père dirigea la prière de ses fils qui l’accompagnaient.

Il a commencé sa prière par une citation de l’évangile de saint Matthieu, où l’on trouve les parole de saint Pierre, après que le jeune homme riche soit parti tout triste, à cause de son manque de générosité face à l’appel du Christ. « Voici que nous avons tout laissé pour te suivre – dit saint Pierre – qu’en sera-t-il de nous ? »

Le Père ajouta encore autre chose dans cette prière inoubliable, au cours de laquelle il prenait congé de ses enfants : je demande à mes enfants de se dépasser dans la fraternité, l’affection entre eux ».

Très tôt le matin, saint Josémaria se rendit avec quelques-uns d’entre nous à la basilique de Notre Dame de la Merci, aux pieds de la Vierge, et il s’est recommandé filialement à Elle, et il a mis tout spécialement entre ses mains la grande question qui l’attendait à Rome ».

Voyage à Rome sur le J.J. Sitter (« Mes souvenirs », José Orlandis, Editions Rialp.)

A peine étions-nous sortis du port de Barcelone que nous avons commencé à ressentir une agitation alarmante. (…) Ce qu’il y a peut-être de pire dans ces tempêtes en mer, c’est que l’on a l’impression qu’elles ne s’arrêtent jamais. Celle-ci a duré entre 15 et 18 heures : toute la nuit, ainsi qu’une bonne partie de la matinée du samedi 22 juin.

Le Père l’a très mal supportée. Mais, même si cela peut paraître invraisemblable, jamais il ne perdit l’enthousiasme, ni même la joie ou la bonne humeur. « Père – lui ai-je dis une fois – ne vous inquiétez pas : nous sommes dans le Golfe du Lion, et ici la mer est toujours mauvaise ». « Mais rends-toi compte – me répondit-il – comment le diable a déchaîné le Golfe du Lion ! Il est clair que cela ne lui fait absolument pas plaisir que nous arrivions à Rome ! »

Et à certains moments où le bateau tanguait tellement à cause des vagues qu’il prenait des positions invraisemblables, il me disait sur le ton de la blague : « Pepe, il me semble que nous allons rentrer à Madrid transformés en poissons ! »

La tempête retarda de plusieurs heures l’arrivée du J.J. Sister à Gênes.

L’arrivée à Rome (Le fondateur de l’Opus Dei, Andrés Vazquez de Prada, tome 3)

Le 23 juin 1946, ils furent en vue de Rome. Lorsque le Père devina, se détachant sur l’horizon, à la lumière du crépuscule, la coupole de saint Pierre, on remarqua qu’il était ému, et il récita le Credo à voix haute. Le fait de penser qu’il était bien à Rome, la réalité de cet instant, tellement attendu, s’imposait à lui, évoquant des souvenirs de temps anciens, plus ou moins lointains. Il n’arrivait pas à y croire.

Première nuit au Vatican (Discours de Mgr Xavier Echevarria, 14 septembre 2005)

Depuis la petite terrasse d’une maison qui donnait place Città Leonina, très proche de Saint-Pierre, le fondateur de l’Opus Dei passa la nuit en prière, en priant pour l’Église et le Souverain Pontife.

L’un des grands rêves de son existence s’accomplissait : venir à Rome videre Petrum, pour rendre visite à la tombe de l’Apôtre, et être près de son Successeur, il dolce Cristo in terra [le doux Christ sur terre], comme il aimait appeler le Pape, en recourant à une heureuse expression de sainte Catherine de Sienne.

Malgré ce désir personnel, il laissa passer plusieurs jours avant de se rendre à la Basilique, pour offrir au Seigneur ce sacrifice, petit mais réel.

Prière pour le Saint-Père pendant son premier jour à Rome

(Le fondateur de l’Opus Dei, Andres Vázquez de Prada, tome 3)

Quelques années plus tard, il invitera ses enfants à laisser aller leur imagination, pour entrevoir la joie spirituelle de cette nuit de juin, passée auprès du Pape : « Imaginez avec quelle confiance j’ai prié pour le Pape au cours de cette nuit romaine, sur la terrasse, en contemplant les fenêtres des appartements pontificaux ».

De la terrasse, les yeux rivés sur les fenêtres de l’appartement du Pape – l’appartement du Vicaire du Christ sur la terre – il insistait, avec entêtement, sur l’objet de sa prière : Ecce nos reliquimus omnia... Voici que nous avons tout laissé pour te suivre… Cette nuit de prière marquait le début de l’établissement de l’Opus Dei à Rome.