« Être chef, c’est avant tout être au service des autres »

À l'occasion du Jubilé des Forces Armées, de la Police et des Agents de Sécurité, Baptiste, officier de l'armée de terre, nous partage son témoignage sur la manière dont l'espérance éclaire son quotidien de militaire et donne du sens à son engagement.

Pouvez-vous nous présenter brièvement votre parcours militaire ?

J'ai 40 ans et une vingtaine d'années de service en tant qu’officier dans l'armée de terre. J'ai alterné entre des postes en régiment et en état-major qui m’ont amené à être projeté sur des théâtres d’opération en Afghanistan, au Mali, en République centrafricaine, etc. J’ai également suivi la formation de l'École de guerre. Aujourd’hui, je suis en poste en État-major à Paris.

Votre foi chrétienne a-t-elle toujours été présente dans votre vie ?

Oui, mais elle a pris un tournant décisif pendant mes années de classes préparatoires. J’ai rencontré des amis profondément croyants ainsi qu’un aumônier qui ont nourri ma réflexion et renforcé ma foi. Plus tard, mon épouse a aussi joué un rôle essentiel dans mon cheminement spirituel.

L’espérance est au cœur du Jubilé cette année. Comment définissez-vous l’espérance en tant que militaire chrétien ?

Pour moi, l’espérance est la conviction qu’un bonheur plus grand nous attend, et que nous n’avons pas à porter seuls le poids des difficultés. Elle me libère d’une forme d’anxiété et m’encourage à voir plus loin, à garder confiance même dans l’épreuve. L’espérance n’est pas une posture passive, elle invite à veiller, à tenir bon, à persévérer malgré l’adversité.

Vous évoquez l’importance de tenir bon. Pouvez-vous nous donner un exemple concret où votre foi vous a soutenu ?

Oui, je pense notamment à une mission en Afghanistan où la menace des engins explosifs improvisés (IED) pesait sur chaque déplacement. Chaque jour, lorsque nous prenions la route, nous étions exposés au danger sans savoir si nous reviendrions indemnes. Dans ces moments, la foi a été pour moi une source de force et de sérénité. Elle m’a aidé à accepter ce que je ne pouvais contrôler et à avancer sans me laisser submerger par la peur qui forcément s’insinue dans ces circonstances.

L’espérance a-t-elle une place particulière dans l’engagement militaire ?

Oui, c’est une vertu que je considère profondément liée à la vocation militaire. En tant que soldat, nous sommes appelés à veiller, à protéger, à tenir ferme, même dans l’incertitude. L’espérance nous pousse à continuer à croire en la valeur de notre mission, même quand les résultats semblent incertains. Elle nous donne aussi la force de relever ceux qui doutent ou vacillent.

Comment votre foi influence-t-elle votre rôle de chef et vos relations avec vos hommes ?

Être chef, c’est avant tout être au service des autres. La foi m’aide à voir chaque soldat comme une personne unique et non comme un simple élément d’un ensemble. Cela me pousse à être attentif aux besoins de chacun, à cultiver une présence bienveillante et à donner un exemple cohérent. En mission, l’espérance se traduit aussi par le fait de rester serein face à l’adversité, car un chef qui vacille transmet son trouble à ses hommes.

Dans un quotidien rythmé par les obligations militaires, comment nourrissez-vous votre vie spirituelle ?

Curieusement, en mission, il est parfois plus facile de maintenir des pratiques de piété quotidiennes, d’avoir des temps de prière réguliers, que lorsque l’on est en famille le week-end par exemple et que l’on doit gérer toutes les choses à faire en même temps. Si la présence d’un aumônier est toujours précieuse, même en son absence – car malheureusement, il arrive que nous n’ayons pas d’aumônier avec nous sur certains théâtres d’opération –, certaines habitudes aident à maintenir le cap. Personnellement, je trouve par exemple toujours beaucoup de paix dans la prière quotidienne de l’Angélus. Elle est pour moi un repère, un moment d’abandon entre les mains de Dieu, duquel je ressors toujours plus fort.

Un dernier mot pour ceux qui, comme vous, servent au sein des forces armées ?

L’espérance est un combat intérieur, mais c’est aussi une force immense. Elle nous aide à tenir, à persévérer et à voir au-delà des difficultés immédiates. Elle nous rappelle que notre engagement a un sens et qu’il s’inscrit dans un plan plus vaste que nous ne pouvons pas toujours comprendre. C’est dans cette lumière que je vis mon service.