Ma mère travaillait comme aide ménagère dans un Centre de l'Opus Dei. Ma tante était la gardienne de l'immeuble. C'est ainsi que j'ai connu l'œuvre à dix-sept ans.
Vous avez donc fréquenté le Centre ?
Ma mère souhaitait que je participe au soutien scolaire et aux week-ends d'études pour préparer mon bac de français.
Quelles ont été vos impressions ?
J'aimais la bonté des personnes qui habitaient le Centre, leur sourire, leur bienveillance. Je trouvais également l'oratoire très beau. J'étais contente. Je pouvais discuter de tout. On m'aidait dans mes devoirs, on m'ouvrait les yeux sur un autre monde, celui du christianisme. Je me sentais libre, loin des regards et des critiques.
Pourquoi avoir demandé à faire partie de l'Opus Dei ?
J'avais trouvé mon chemin dans l'Église pour aller vers Dieu. J'avais 21 ans et venais de faire ma première communion et ma confirmation. Ce que l'on m'enseignait me convenait même si c'était exigeant. J'étais sensible au charisme du fondateur et à ses paroles. J'avais une conviction profonde : si je ne faisais pas partie de l'Opus Dei, je ne pourrais pas persévérer dans l'Église.
Il paraît que les engagements spirituels (Messe, oraison quotidienne, chapelet etc.) sont importants. N'est-ce pas une lourde charge ?
On apprend à prier progressivement. À travers la prière, je m'approche de Dieu. Ma famille et mon travail en sont les premiers bénéficiaires. C'est un choix de vie. D'autres ont des passe-temps très prenants. Le mien me procure la paix et me rend heureuse.
Et si vous ne souhaitiez pas poursuivre dans l'Œuvre ?
Mon mari serait déçu. Et moi, chaque fois que je m'éloigne de Dieu, je me sens plus fatiguée, je deviens égoïste... J'espère qu'on m'empêcherait de partir, mais je sais qu'on respecterait ma décision.
Que faîtes-vous de votre argent ?
Je fais attention, dans le sens où j'essaie de ne pas tomber dans la société de consommation. Par ailleurs, je verse une somme modeste à l'Opus Dei, comme je donne de l'argent à la quête ou à des associations.
Pour vous, que signifie faire partie de l'Opus Dei ?
Appartenir à une des nombreuses familles de l'Église. C'est très engageant car du coup plus rien ne vous laisse indifférent : la souffrance, l'ignorance, la joie du monde.
Cette appartenance a-t-elle entraîné des changements ?
Je suis restée la même : mêmes qualités, mêmes défauts. Mais ma façon de voir les autres a changé. C'est un milliard de millions de fois mieux !
Êtes-vous gênée que l'on vous traite de « catho ultra » ?
On a tous une étiquette. Celle-ci me prouve que je suis proche du Christ.
Les membres de l'Opus Dei sont obligés, paraît-il, de faire de l'apostolat ?
Tout croyant - catholique, musulman, juif - a à cœur de transmettre sa foi, mais c'est Dieu qui la donne. Moi, j'ai envie que l'Oeuvre s'agrandisse et que les gens partagent ma joie et mes convictions. C'est normal. J'adore le foot et je saoule les autres pour les amener au stade.
On prétend que l'Opus Dei est riche ?
Je peux vous parler du Centre de Lyon où ma mère était employée. Il est certes bien placé et joliment arrangé à l'intérieur, mais les meubles sont toujours les mêmes depuis des années. Ma mère m'expliquait ce qu'elle préparait pour les repas : c'était très simple et rien n'était gaspillé. Quand on travaille pour un Centre, on découvre vraiment ce qu'est vivre la pauvreté chrétienne.
Les membres de l'Opus Dei pratiquent la mortification ?
Se mortifier c'est prendre sur soi des choses désagréables en vue de s'améliorer et de s'approcher de Dieu. La mortification fait partie du quotidien de tous : supporter quelqu'un qui nous énerve et lui sourire, se lever le matin pour aller au travail alors qu'on n'a pas bien dormi... On apprend à se contrôler pour apporter la paix, la joie aux autres.
Pascal, n'avez-vous pas été inquiet lorsque vous avez su que votre femme faisait partie de l'Opus Dei ?
Non ; je n'en avais jamais entendu parler. Lorsque mon épouse a évoqué les critiques contre l'Oeuvre, je me suis documenté. J'ai lu un livre édité par Golias. Je n'y ai vu que des accusations sans fondement, des déclarations dont je pouvais facilement vérifier la fausseté comme, par exemple, le fait que les femmes de l'Opus Dei n'auraient pas été autorisées à porter de pantalon.
Quel est votre avis sur les richesses de l'Opus Dei ?
J'ai pu constater que les numéraires ne vivent pas dans le luxe. Je pense que l'on considère que l'Opus Dei est riche car on additionne ce que possède l'ensemble des Centres à travers le monde. Individuellement cela fait beaucoup moins.