Œuvrer pour le développement humain et spirituel d’une petite communauté pauvre et vivant loin des grands axes de communication du pays, telle fut l’aspiration de quelques étudiants français, lorsqu’ils prirent connaissance du projet « Cherato », initiative du club universitaire Del Bosque, de Guadalajara au Mexique.
L’idée est née en 2000, lors de l’année jubilaire, au sein de la Résidence d’étudiants Lourmel de Paris. Celle-ci venait d’ouvrir ses portes au début de l’année universitaire. Les promoteurs de cette résidence – plusieurs d’entre eux appartiennent à la prélature de l’Opus Dei – ont tout de suite été très intéressée par le projet « Cherato » : participer à la construction d’une église paroissiale, catéchiser les enfants et visiter les familles nombreuses et pauvres d’un petit village indien du Michoacán (petit Etat enclavé dans les montagnes, à 350 km au nord-ouest de Mexico). Concrètement, il s’agissait de collecter des fonds pour l’achat de matériaux de construction et d’apporter une aide humaine et spirituelle à toute la communauté villageoise.
Juillet 2002 : un petit groupe de français participe pour la première fois au projet, et arrive à Cherato, village d’indiens purepechas perdu à 2600 m d’altitude. Les autorités locales avaient indiqués que ce village était très pauvre, qu’il ne vivait que de la cueillette des avocats et de coupes de bois, et que les conditions de vie y étaient précaires. Sur place, le constat est vite fait : aucune assistance médicale, pas d’électricité ni d’eau courante, des cabanes en planche pour tout habitat, deux pistes défoncées comme seul accès au village, et une école primaire de deux classes, bâtie en dur. Le travail commence, la tâche promet d’être longue, mais le contact avec les villageois est excellent ; et d’ailleurs, au fur et à mesure des travaux, ils viennent s’agréger au chantier : progressivement, les murs s’élèvent.
Juillet 2003 : une quinzaine d’étudiants de Paris et de Toulouse réitèrent l’opération, soucieux d’apporter les fonds nécessaires afin d’achever les murs, le chœur et le toit de l’église. Les camions livrent briques, ciment et sable en grande quantité. L’enthousiasme et la participation de la plupart des pères de famille permettent de tenir les « cadences », tandis que les mères, accompagnées de leurs jeunes enfants, vont chercher l’eau nécessaire au puits, en contrebas du village. Le chantier semble le raviver. Le travail est très physique ; les fins d’après-midi nécessitent une pause ; elle est l’occasion de visites _ une centaine _ aux familles : beaucoup d’écoute, quelques mots affectueux ; l’atmosphère est à la simplicité. Pour les enfants, jeux et catéchèse. Parallèlement, un médecin et un dentiste apportent leurs soins à deux cents d’entre eux : vaccins, traitement de caries, etc.. Pour clore la journée, la sainte messe est célébrée dans la nef, dégagée de ses gravats et outils. Tout le monde est là, silencieux, recueilli. C’est dire l’importance de cette église, symbole d’unité, et âme de ce hameau des montagnes.
A l’heure du départ, l’émotion est palpable. Une fête l’exprime : musicale à la lueur des étoiles ; les Indiennes, toutes en châle bleu marine traditionnel, donnent le ton par des chants de terroir ... Bref, à l’aller, pour beaucoup, c’était un séjour exotique. Mais, entre temps, la perspective a changé : au retour, tous ont compris à quel point un peu de bonne volonté peut avoir de fécondité.