Voyage du Pape au Brésil : 11 mai

C'est en la cathédrale de Sé (abréviation de siège épiscopal) de Sao Paolo que Benoît XVI a rencontré les membres de la Conférence épiscopale du Brésil.

11 Mai : Fidélité au Primat et à la Volonté de Dieu

La monumentale église néogothique dédiée à Notre Dame de l'Annonciation, est une des plus grandes au monde. Pouvant accueillir 8.000 personnes, elle est bâtie sur le tropique du Capricorne, à l'emplacement même de l'ancienne cathédrale qui datait de 1745. Sa crypte conserve les restes du chef Tibiriçà, premier indigène catéchisé par le P.José de Anchieta au XVI siècle.

Arrivé peu avant 16 h, le Pape a été salué par 430 évêques, auxquels il a exprimé sa joie de rencontrer «un prestigieux épiscopat qui préside une des plus importantes populations catholiques au monde».

«La mission qui nous a été confiée, comme maîtres de la foi -a dit le Pape- consiste à rappeler...que notre Sauveur veut que 'tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité'«. De ces paroles découle le mandat d'évangéliser : «l'obligation de prêcher la vérité de la foi, l'urgence de la vie sacramentale, la promesse d'aide permanente du Christ pour son Eglise».

«Là où Dieu et sa volonté ne sont pas connus, là où la foi en Jésus-Christ n'existe pas et là où il n'est pas présent dans les célébrations, alors c'est l'essentiel qui fait défaut, y compris pour résoudre les urgents problèmes sociaux et politiques. La fidélité au primat de Dieu et à sa volonté, connue et vécue en communion avec Jésus-Christ, est le don essentiel que nous, évêques et prêtres, devons offrir à notre peuple».

Benoît XVI a ensuite parlé des difficultés rencontrées par l'Eglise alors que «la société traverse des moments d'égarement déconcertants. La sainteté du mariage et de la famille est impunément attaquée, en faisant des concessions capables d'influencer négativement les processus législatifs pour répondre aux pressions ; certains délits contre la vie sont justifiés au nom des droits à la liberté individuelle ; la dignité de la personne est mise en danger ; la blessure du divorce et des unions libres se répand».

Et plus encore, a poursuivi le Saint-Père «quand au sein de l'Eglise, est remis en question la valeur de l'engagement sacerdotal comme don total de la personne à Dieu à travers le célibat apostolique et comme disponibilité totale au service des âmes, et que l'on donne la préférence aux questions idéologiques et politiques, même de partis, alors la structure de la consécration totale à Dieu commence à perdre son sens le plus profond».

Le Pape a ensuite abordé «le problème des catholiques qui abandonnent la vie ecclésiale». La cause principale de ces défections peut être attribuée «à l'absence d'une évangélisation où le Christ et son Eglise sont au centre de toute explication. Les personnes les plus vulnérables au prosélytisme agressif des sectes...sont en général les baptisés insuffisamment évangélisés, facilement influençables car leur foi est fragile, parfois confuse, vacillante et ingénue, même s'ils conservent une religiosité innée».

Citant son encyclique Deus Caritas Est, où il a écrit que «au début de l'être chrétien il n'y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre...avec une Personne», le Pape a précisé que l'église du Brésil doit absolument «considérer l'activité apostolique comme une authentique mission...promouvant une évangélisation méthodique et capillaire qui porte à l'adhésion personnelle et communautaire au Christ».

«Dans cet effort évangélisateur, la communauté ecclésiale se distingue par ses initiatives pastorales, envoyant surtout dans les foyers des périphéries urbaines et des terres intérieures, ses missionnaires, laïcs ou religieux, recherchant le dialogue avec tous dans un esprit de compréhension et de délicate charité. Toutefois, si les personnes rencontrées vivent dans une situation de pauvreté, il faut absolument les aider, comme le faisaient les premières communautés chrétiennes, pratiquant la solidarité afin qu'elles se sentent vraiment aimées. La pauvre gens des périphéries ou des campagnes a besoin de sentir la proximité de l'Eglise, soit dans l'aide pour les premières nécessités que dans la défense de ses droits et la promotion commune d'une société fondée sur la justice et la paix»

Parlant ensuite de l'importance de la vie sacramentelle, le Pape a évoqué le Sacrement de Réconciliation et demandé aux évêques de faire attention à ce que «l'accusation et l'absolution des péchés soient ordinairement individuelles, comme le péché qui est un fait profondément personnel». Benoît XVI a rappelé que l'évêque est «le premier responsable de la catéchèse diocésaine» et qu'il doit par conséquent «s'entourer de collaborateurs compétents et dignes de confiance» parce que «la foi est un cheminement guidé par l'Esprit. Cela se résume en deux mots : se convertir et suivre» ceux qui indiquent que «la foi en Jésus implique une règle de vie fondée sur le double commandement de l'amour de Dieu et du prochain qui expriment également la dimension sociale de la vie».

«C'est précisément parce que foi, vie et célébration de la liturgie...sont inséparables qu'une correcte application des principes du Concile Vatican II relatives à la liturgie de l'Eglise est nécessaire...afin de lui restituer son caractère sacré... La liturgie n'est jamais la propriété privée de quelqu'un, ni du célébrant, ni de la communauté où sont célébrés les saints mystères».

Le Pape a enfin rappelé que les pasteurs doivent respecter leur engagement en étant «de fidèles serviteurs de la Parole, sans visions limitées ni confusion dans la mission qui leur est confiée. Il ne suffit pas d'observer la réalité à partir de la foi ; il faut travailler l'Evangile en mains et ancrés à l'authentique hérédité de la Tradition apostolique, sans interprétation suggérée par des idéologies rationalistes... Le devoir de conserver le contenu de la foi et de maintenir son unité demande une étroite surveillance, de telle sorte qu'il soit conservé et transmis fidèlement, et que les positions particulières soient unifiées dans l'intégrité de l'Evangile du Christ».

«Dans une période marquée par la rencontre des cultures et les défis du sécularisme» l’œcuménisme est «un objectif toujours plus urgent pour l'Eglise» et «le grand domaine de la collaboration devra être celui de la défense des valeurs morales fondamentales, transmises par la tradition biblique, contre sa destruction dans une culture relativiste et de consommation, en plus de la foi en Dieu Créateur et Jésus-Christ, son fils incarné».

Pour conclure, Benoît XVI a parlé du «grand nombre de brésiliens qui vivent dans l'indigence» et de «l'inégalité de la distribution des revenus», rappelant qu'une «vision de l'économie et des problèmes sociaux dans la perspective de la doctrine sociale de l'Eglise, conduit toujours à considérer les choses d'un point de vue de la dignité de la personne, qui transcende le simple rôle des facteurs économiques».

«Il faut former les classes politiques et les entreprises à un authentique esprit de vérité et d'honnêteté. Ceux qui assument un rôle de responsabilité dans la société doivent être conscients des conséquences sociales...de leurs décisions, et doivent agir selon les principes du bien commun au lieu de rechercher le profit personnel».