Économiste, issue d’une famille d’entrepreneurs, l’idée de créer ma propre entreprise de loisirs et de culture trottait dans ma tête. Cela fait donc déjà dix ans que je dirige une entreprise de tourisme culturel qui propose des visites guidées dans la Communauté de Valencia. Dès le départ, je me suis investie dans des parcours très différents. Actuellement je travaille sur un projet qui permettra aux familles nombreuses de pratiquer un tourisme à leur portée.
L’an dernier j’ai décidé d’inclure dans ces itinéraires une route quelque peu originale: “ Valencia au regard de saint Josémaria ».
Avec l’ouvrage de Juan Luis Corbin, prêtre et historien valencien, directeur des Archives métropolitaines de l’archevêché, auteur de plus de 20 livres et décédé en 2005, je me suis mise au travail avec l’une de nos guides touristiques et d’une historienne. Nous avons tracé plusieurs parcours historiques : deux pour adultes et un autre pour des groupes d’enfants ou de jeunes.
La route part de la rue de la Paz où se trouvait l’ancienne Pension Balear. Saint Josémaria y est descendu le 20 avril 1936 lors de son voyage à la capitale du Turia pour visiter mgr Xavier Lauzurica, évêque auxiliaire et lui parler de son idée d’installer un centre de l’Opus Dei à Valencia.
Ricardo Fernandez Vallespin, l’un des premiers membres de l’Oeuvre accompagnait saint Josémaria à cette occasion. Peu après leur arrivée en ville, ils sont allés se recueillir devant la statue de Notre-Dame des Désemparés, patronne de Valencia, en sa basilique royale, afin de mettre à ses pieds l’affaire qui les avait conduits à la capitale du Turia. Lors de ce premier voyage, il se rendit à la maison des Thérésiennes du Père Poveda, au numéro 5 de la place de la Vieille Poste, où il célébra la Sainte Messe les 21, 22 et 23 avril.
Le 21 avril, deuxième journée de son séjour, alors que Ricardo Fernandez Vallespin faisait des démarches à la Mairie, le fondateur de l’Opus Dei s’est arrêté près du Turia, le fleuve de Valencia, en face du pont de la Trinité.
Saint Josémaria tirait une leçon surnaturelle de tout ce qu’il contemplait et à ce moment-là, devant les petites cultures le long des berges du fleuve, il pensa à ce qu’il dit aux étudiants à Burjasot, lorsqu’il leur prêcha une retraite : « On dit que les Valenciens sont « pensat et fet », « vite vu, vite fait », c’est-à-dire plongés dans l’improvisation pure et dure et sans aucune continuité. J’ai vérifié qu’il n’en est rien. Sur les bords du fleuve, ils profitent du terrain pour planter alors que les trombes d’eau emportent tout bien souvent. Loin de baisser les bras, ils replantent. Ce n’est pas de l’improvisation, mais de la persévérance. Eh bien, il faut faire de même dans notre vie intérieure ».
Le parcours suit ses pas dans l’enceinte de la vieille ville et le guide raconte les épisodes de l’histoire de l’Opus Dei à Valencia en y ajoutant, au passage, les commentaires sur les monuments les plus importants que saint Josémaria a aussi contemplés lors de ses nombreux déplacements au début de l’Opus Dei : le Patriarche, la Lonja, la Cathédrale….
Le 9 rue Samaniego, ne saurait être évité: on peut encore y voir l’immeuble qui accueillit, à l’entresol, le premier centre de l’Oeuvre valencien. Les premières activités de formation y eurent lieu du mois de juin 1939 au 30 juillet 1940. On l’avait nommé « El Cubil » (la tanière), non sans humour, car c’était un local minuscule : une toute petite salle à manger, un couloir et deux petites pièces. Sombre et humide, il donnait sur une petite cour intérieure et il n’y avait qu’une fenêtre ouverte sur la rue Samaniego. Les débarras des familles des jeunes membres de l’Œuvre avaient fourni le mobilier.
Ce fut ici que l’on emmagasina les 2.500 exemplaires de la première édition de Chemin. L’une des deux petites pièces, dite « la bibliothèque », pompeusement, par la suite, était une salle d’étude-salle de séjour et un lieu pour se recueillir l’après-midi. L’autre pièce fut occupée par le tirage tout récent des livres. Soixante-dix ans plus tard, ce sont 4.500.000 d’exemplaires de Chemin qui ont été publiés, en 43 langues. En 1965, saint Josémaria disait “lorsque je l’ai écrit, j’étais loin de penser qu’il serait si largement diffusé. Je pensais qu’il aurait une portée limitée, juste un petit peu au-delà de notre famille. Cependant, le Seigneur a voulu se servir de ce petit livre comme d’un instrument pour remuer les âmes ».
Et cette diffusion commença à Valencia, dans un modeste entresol du n°9 de la rue Samaniego.
Tout compte fait, ce sont des parcours pleins de souvenirs sur l’histoire de l’Œuvre et de son fondateur qui interpellent de plus en plus de personnes ayant connu l’Opus Dei et s’intéressant à son histoire et à la vie de saint Josémaria Escriva.
Marta Templado