« Nous devons faire en sorte que, dans toutes les activités intellectuelles il y ait des personnes honnêtes, d’une haute conscience chrétienne, et dont la vie soit cohérente, qui puissent mettre les armes de la science au service de l’humanité et de l’Église. Tout simplement parce qu’il y aura aussi toujours dans le monde, tout comme quand Jésus vint sur la terre, de nouveaux Hérodes qui tenteront de s’approprier les connaissances scientifiques, quitte à les fausser, afin de persécuter le Christ et ceux qui suivent le Christ. Comme il est grand, ce travail qui nous attend ! »
C’était son grand idéal : l’apostolat de l’intelligence, apporter le Christ aux hommes de science, des lettres et des arts, aux intellectuels.
Assurément, la vision qu’avait eue Josémaria de sa fondation s’étendait à toutes sortes de personnes. Et les premiers qui le suivirent étaient très variés : étudiants, ouvriers, artistes… Saint Josémaria a toujours dit : « Sur cent âmes, cent nous intéressent. » La réalité de l’Opus Dei, auquel appartiennent des fidèles des plus diverses cultures, races, métiers, catégories sociales, est une preuve éloquente de ce critère du fondateur. « Partout où quelqu’un d’honnête peut vivre, nous avons de l’air pour respirer ; nous devons y être avec notre joie, avec notre paix intérieure, avec notre désir de conduire les âmes au Christ. Où ? Là où se trouvent les intellectuels ? Là où se trouvent les intellectuels. Là où se trouvent les travailleurs manuels ? Là où se trouvent les travailleurs manuels. De ces tâches, quelle est la meilleure ? Je vais vous le dire, comme je vous l’ai dit tous les jours : le meilleur travail est celui qui est fait avec plus d’amour de Dieu. Lorsque vous réalisez votre travail, et que vous aidez votre ami, votre collègue, votre voisin, sans que cela se remarque, vous prenez soin de lui, vous êtes le Christ qui guérit, vous êtes le Christ qui vit avec les autres. »
Des milliers d’hommes et de femmes
Il n’ignorait toutefois pas que les intellectuels et tous ceux qui créent la culture exercent une influence particulière sur la société. Ce ne sont peut-être pas les gens les plus en vue ou les plus célèbres, mais ce sont ceux qui comptent le plus. Il les comparaît à la neige perpétuelle des névés : elle est peut-être lointaine et invisible, mais en fondant elle envoie de l’eau qui rend la terre fertile. Les intellectuels sont donc des instruments formidables pour christianiser les réalités temporelles et la société tout entière.
Science et foi
En 1952, il fonda l’Université de Navarre, à Pampelune, non sans avoir préparé ce projet par la prière. Il y voyait un centre d’où pourrait rayonner l’effort pour imprégner de foi la science et la culture. « Périodiquement, certains tentent, de façon monotone, de ressusciter une soi-disant incompatibilité entre la foi et la science, entre l’intelligence humaine et la Révélation divine. Cette incompatibilité ne peut être qu’apparente, et elle s’explique par une connaissance incomplète des données réelles du problème. Puisque le monde est sorti des mains de Dieu, puisque Dieu a créé l’homme à son image et à sa ressemblance et qu’il lui a donné une étincelle de sa lumière, notre intelligence doit s’attacher, fût-ce au prix d’un rude effort, à dégager le sens divin qui réside naturellement en toute chose et, à la lumière de la foi, à en percevoir aussi le sens surnaturel, celui qui résulte de notre élévation à l’ordre de la grâce. Nous n’avons pas à avoir peur de la science, car tout travail, s’il est véritablement scientifique, tend vers la vérité. »
L’université fut érigée en 1960. Son prestige n’a fait que croître depuis. Elle participe activement à la recherche scientifique, en plus de soigner la formation de ses étudiants. En 1967, Monseigneur Escriva célébra la messe sur le campus. Dans son homélie, il traça le panorama de la sanctification dans les réalités temporelles. Il précisait à cette occasion : « Les œuvres que l’Opus Dei promeut, en tant qu’institution, présentent des caractéristiques éminemment séculières : ce ne sont pas des œuvres ecclésiastiques. Elles ne sont investies d’aucune représentation officielle de la hiérarchie sacrée de l’Église. Ce sont des œuvres de promotion humaine, culturelle et sociale, réalisées par des citoyens qui s’efforcent de les éclairer à la lumière de l’Évangile et de les réchauffer à la chaleur de l’amour du Christ. »L’élan apostolique de saint Josémaria guida aussi la fondation de l’Université de Piura, en 1969, au Pérou. D’autres institutions universitaires ont suivi dans le monde entier, effectuant des semailles durables de culture éclairée par la lumière de l’Évangile. En même temps, Josémaria Escriva donna une grand élan à la créaion d’écoles dans lesquelles la formation intellectuelle s’harmoniserait avec la formation spirituelle en suivant un système personnalisé visant le développement des vertus de chaque élève. Dans ces écoles, les parents devaient jouer un rôle très important, et exercer concrètement leur mission de premiers éducateurs. Ce modèle constituait une nouveauté pédagogique, qui s’est rapidement propagée aux cinq continents.
Des écoles agraires pour la formation des paysans, des centres de formation professionnelle, des écoles pour le développement de la femme, des dispensaires, des cliniques, etc., animés du même esprit virent le jour partout dans le monde.