Saint Joseph ou la terreur de Satan

Parcours le long des litanies en l'honneur de saint Joseph, parmi lesquelles se trouve notamment celle de "terreur des démons".

Saint Joseph avec l'Enfant Jésus, Guido Reni, 1620, Musée de l'Ermitage (Saint Petersbourg)

Après que le pape François ait publié la lettre apostolique Patris corde (2021), la Curie romaine a mis à jour les Litanies en l'honneur de saint Joseph (Saint Pie X, 1909), en y ajoutant sept invocations tirées des interventions plus récentes des Papes : « Gardien du Rédempteur » (St Jean-Paul II) ; « Serviteur du Christ » (St Paul VI) ; « Ministre du salut » (St Jean Chrysostome) ; « Soutien dans les difficultés », « Patron des exilés, des affligés, des pauvres » (pape François).

Dans la série de 32 invocations, un portrait de Saint Joseph est esquissé : les dons qui lui ont été accordés par Dieu, dans le cadre de la Nouvelle Alliance, et les réponses généreuses du Patriarche.

La série s’ouvre en admirant la sainteté du personnage : le don de Dieu est primordial et se trouve à la base de tout l’itinéraire de sanctification. Sans la grâce on n’est rien.

Ensuite, on jette un coup d’œil rapide à ses aïeux : le roi David, qui conduisit l’Arche au mont Sion, et les patriarches précédents qui ont jalonné l’histoire du salut. Joseph, placé au bout du parcours, éclaire leurs efforts et leurs échecs. En amont, les nobles figures du Premier Testament donnent des pistes pour comprendre l’intégrité morale du charpentier de Nazareth : on pense à Noé, Abraham, Joseph le fils de Jacob, Booz, David, Zorobabel. La plupart ont été ses ancêtres dans le sang et dans la foi.

Immédiatement, sont présentés les liens privilégiés avec Marie et Jésus : époux et bouclier de la virginité, tuteur du Fils rédempteur. Les rapports avec Jésus se déploient éblouissants : nourrisseur du Créateur, paladin de la survie du Messie, serviteur sans conditions du Serviteur céleste ; enfin, ministre sacré du salut, comme un prêtre qui veille sur le Temple définitif et sur l’Offrande pérenne, comme le chef de la famille qui préfigure l’Église.

Bien que juché sur les cimes de la vertu, Joseph reste un modèle proche, malgré les distances : rempli de justice, envers Dieu et les hommes ; pétri de chasteté, dans la maîtrise du cœur et du corps ; rayonnant de prudence pour gouverner les affaires de Dieu ; plein de force pour ne pas baisser les bras ni laisser tomber son Trésor ; fier d’obéir à l’imprévisible Sagesse divine ; débordant de fidélité dans les petites et les grandes circonstances.

Un parcours sur le profil spirituel de Joseph nous est encore proposé comme exemple stimulant à suivre : miroir net de la patience loyale ; heureux dans la pauvreté et le manque de moyens ; référence pour les travailleurs, d’abord pour les artisans, qui maîtrisent la matière par l’adresse de leurs mains ; honneur de la vie en famille, par le dévouement aimable à ses proches.

Son union à Dieu et à sa Loi d’amour le rend capable de s’occuper de la sanctification des autres : protéger la virginité et la liberté de cœur ; soutenir les familles dans l’unité et la fécondité ; prêter appui à ceux qui risquent de ployer sous les obstacles de santé, d’argent, d’un milieu hostile ; consoler et encourager les malheureux ; injecter de l’espérance aux malades.

Père dans son cœur, Joseph devient patron, qui fait grandir et qui évite de céder au mal : patron des exilés, des affligés, des pauvres et des mourants. Lorsque les biens terrestres se dérobent, les bras de Joseph soutiennent.

« Terreur des démons », relief des litanies de Saint Joseph, 20e siècle, Oratoire Saint-Joseph, Montréal.

Le démons fuyaient devant Jésus et, de son côté, Joseph a commandé au Seigneur des esprits impurs : Satan et ses sbires craignent la droiture de Joseph, qui ne transige ni avec le mensonge ni avec les relents de mort.

Dans le Notre Père nous demandons d’être délivrés de l’emprise de Satan : « Le terme utilisé ici ne se réfère pas au mal abstrait et sa traduction plus précise est le Malin. Il désigne un être personnel qui nous harcèle » (pape François, exh. Gaudete et Exsultate §160).

Joseph qui, avec l’aide divine, a esquivé l’offensive meurtrière d’Hérode, est de nos jours le stratège pour nous protéger contre la culture de la mort. Le chef de Nazareth, patron de l’Église universelle, de ses pasteurs et de tous le baptisés, les assure de la victoire définitive.

Abbé Fernandez