Newman et Escriva

Le 19 septembre prochain, sa sainteté, le pape Benoît XVI, présidera la cérémonie de béatification du cardinal John Henry Newman qui aura lieu au Royaume Uni. Le saint-père a accepté l’aimable invitation du gouvernement britannique à cette première visite officielle d’un pape au Royaume Uni. En effet, celle de Jean-Paul II en 1982 ne fut qu’une visite pastorale.

Le 19 septembre prochain, sa sainteté, le pape Benoît XVI, présidera la cérémonie de béatification du cardinal John Henry Newman qui aura lieu au Royaume Uni. Le saint-père a accepté l’aimable invitation du gouvernement britannique à cette première visite officielle d’un pape au Royaume Uni. En effet, celle de Jean-Paul II en 1982 ne fut qu’une visite pastorale.

Voici un article publié sur le site Church Forum 2.0 beta qui rapproche le cardinal Newman de saint Josémaria.

Diptyque avec saint Josémaria Escriva de Balaguer, à gauche, et le cardinal John Henry Newman, à droite.

En effet, ils ont souligné tous les deux le rôle important que les laïcs sont appelés à jouer dans la vie de l’Église. On pourrait se dire que le parallèle entre ces deux illustres personnages de la vie de l’Église au XIXème et au XXème siècles est un peu forcé. En effet, leur contexte social et historique est très différent. Le premier est un converti, un écrivain apologiste, devenu cardinal par la suite et le deuxième est le fondateur d’une institution de l’Église. Cependant, à les regarder de près, l’on découvre qu’ils ont une forte syntonie spirituelle et un projet pastoral analogue.

Je vais en donner quelques exemples. Ils sont tous les deux de vrais ‘prophètes’ de la mission et du rôle important que les laïcs sont appelés à jouer dans la vie de l’Église.

Ils ont tous les deux souffert d’avoir avancé cette proposition car lorsqu’ils ont commencé à en parler elle semblait d’une nouveauté intolérable. Newman assurait que le ‘sens de la foi’ du peuple de Dieu devait être considéré comme un ‘lieu théologique’, c’est-à-dire, comme une source à consulter pour savoir quel est le contenu authentique de la foi.

L’Église est dépositaire de la révélation divine et, de ce fait, elle ne peut pas ignorer le peuple fidèle cette partie très importante d’elle-même. Si elle le faisait, non seulement elle se priverait d’une source privilégiée, mais, en la restreignant aux ministres ordonnés et à la hiérarchie, elle serait acculée à un cléricalisme, à une réduction de ce que l’Elle est réellement.

De son côté, saint Josémaria dut endurer l’incompréhension lorsqu’il affirma de façon précise, bien avant le concile Vatican II, que les laïcs sont appelés à la plénitude de la vie chrétienne, à la sainteté, qu’ils ne sont pas des chrétiens de seconde classe, qu’ils jouissent d’une vocation divine spécifique, comme l’est, par exemple, la vocation au mariage et qu’ils ont une façon de suivre et de faire la volonté de Dieu dans l’Église et dans le monde qui leur est propre. Saint Josémaria parlera du « flair catholique » là où Newman parlait du « sens de la foi ».

L’attachement à une formation constante

Ils ont tous les deux clairement perçu qu’il ne suffit pas d’être laïc pour devenir le porte-parole du Saint-Esprit.

Il faut une profonde formation et la détermination de vivre en cohérence avec la foi. Newman a déployé tout son effort intellectuel et pastoral dans ce sens. La revue Rambler, l’Université catholique de Dublin qu’il dirigeait, l’école de l’Oratoire de Birmingham en sont des exemples éloquents.

Quant à saint Josémaria, outre la prédication très riche et les nombreux ouvrages spirituels qui aident tant les laïcs à trouver Dieu en leur vie ordinaire, il fonda, par la volonté de Dieu, une institution qui a pour but de rappeler que l’appel à la sainteté est universel et de mettre cet idéal à la portée de tous. Il ne se limitait pas à nous assurer que nous devons être saints dans notre vie courante, mais il nous a montré comment y arriver en nous fournissant l’aide approprié pour atteindre cet objectif.

De ce fait, il parlait de l’Opus Dei comme d’ "une grande catéchèse" où l’on peut recevoir une formation appropriée, spécialement orientée à cultiver « l’unité de vie » chez les gens, c’est-à-dire le sens de la cohérence nécessaire entre ce que l’on croit et ce que l’on vit, sans être victimes d’intromissions abusives ni de ruptures scandaleuses.

L’exemple des premiers chrétiens

Ils étaient tous les deux conscients que ce qu’ils proposaient n’était pas si nouveau que cela. C’était, disait Escriva, « nouveau comme l’Évangile et vieux comme l’Évangile ».

Ils se sont tous les deux inspirés de la vie des premiers chrétiens que, d’après Newman, nous devons prendre à témoins pour récupérer l’intégrité de la foi.

Les deux ont insisté sur le besoin d’arriver à une unité profonde entre la foi et la raison, appuyée sur l’étude des sciences, aussi bien profanes qu’ecclésiastiques.

Dans ce sens, par exemple, Escriva demandait que les prêtres de l’Opus Dei soient experts dans une branche profane du savoir. Ils ont tous une licence, voire un doctorat civil. Par ailleurs, de nombreux laïcs cultivent les sciences théologiques à leur portée et un bon nombre décroche un doctorat ecclésiastique.

Newman, de son côté, assurait :” Je tiens à ce que les séculiers intellectuels soient pieux, et à ce que les ecclésiastiques dévots soient intellectuels”.

Liberté des consciences

Ils ont tous les deux été des prophètes de la ‘liberté des consciences’ dans l’Église. Escriva a inlassablement parlé de la liberté et de l’autonomie des laïcs dans les affaires temporelles, en indiquant qu’il ne devrait jamais avoir d’ingérence ecclésiastique dans ce domaine-là. En revanche, ils devraient s’efforcer d’être cohérents avec leur foi et fidèles à leur conscience, en évitant tout genre de schizophrénie opportuniste qui les disqualifierait moralement. Newman insista sur la valeur de la conscience comme le lieu de rencontre avec Dieu, le tabernacle de l’homme et le moteur de toute la conduite morale.

On pourrait évoquer encore d’autres aspects tels le besoin d’unifier la piété et la doctrine dans l’approfondissement théologique, l’exercice prudent et responsable vis-à-vis de l’Église du travail théologique et une profonde perception de l’Église en tant que Mystère, comme un sacrement, qui, tout en comptant sur un élément humain, nous conduit à la communion avec le divin. Tout cela suffirait pour justifier l’idée d’une syntonie entre Newman et Escriva ».

Note sur l’auteur:

Le révérend père Arroyo Martinez est Docteur en Philosophie de l’Université de la Sainte-Croix.