Les fioretti du pape François (8)

Nous poursuivons la publication d'extraits de propos tenus par le pape devant divers publics au cours du mois de février

Je me méfie de l’aumône qui ne coûte rien et qui ne fait pas mal

Message de Carême, 4 février 2014 :

« Que ce temps de Carême trouve toute l’Eglise disposée et prête à témoigner du message évangélique à tous ceux qui sont dans la misère matérielle, morale et spirituelle ; message qui se résume dans l’annonce de l’amour du Père miséricordieux, prêt à embrasser toute personne, dans le Christ. Nous ne pourrons le faire que dans la mesure où nous serons conformés au Christ, Lui qui s’est fait pauvre et qui nous a enrichi par sa pauvreté. Le Carême est un temps propice pour se dépouiller ; et il serait bon de nous demander de quoi nous pouvons nous priver, afin d’aider et d’enrichir les autres avec notre pauvreté. N’oublions pas que la vraie pauvreté fait mal : un dépouillement sans cette dimension pénitentielle ne vaudrait pas grand chose. Je me méfie de l’aumône qui ne coûte rien et qui ne fait pas mal. »

Jésus n’est pas venu pour nous enseigner les bonnes manières

Messe concélébrée avec les nouveaux cardinaux, le 23 février 2014 :

« Vous avez appris qu’il a été dit : "Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi". Eh bien ! moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent » (v. 43-44). À celui qui veut le suivre, Jésus demande d’aimer celui que ne le mérite pas, sans contrepartie, pour combler les vides d’amour qu’il y a dans les cœurs, dans les relations humaines, dans les familles, dans les communautés et dans le monde. Frères Cardinaux, Jésus n’est pas venu pour nous enseigner les bonnes manières, des manières de salon ! Pour cela il n’y avait pas besoin qu’il descende du ciel et meure sur la Croix. Le Christ est venu pour nous sauver, pour nous montrer le chemin, l’unique chemin de sortie des sables mouvants du péché, et ce chemin de sainteté c’est la miséricorde, chemin qu’il a fait et qu’il fait avec nous chaque jour. Être saints n’est pas un luxe, c’est nécessaire pour le salut du monde. C’est ce que le Seigneur nous demande.

Jésus n’est pas un magicien, ni un sorcier, ni un guérisseur

À Sainte-Marthe, le 24 février 2014 :

« Quand Jésus va au milieu des gens et guérit quelqu’un, il ne le laisse jamais seul. Jésus n’est pas un magicien, ni un sorcier, ni un guérisseur qui va et guérit, et puis poursuit son chemin : il fait retourner chacun à sa place, et ne laisse personne dans la rue. Ce sont de beaux gestes du Seigneur […] Jésus est la promesse faite à un peuple et son identité est aussi appartenance à ce peuple, qui depuis Abraham marche vers la promesse […] Ces gestes de si grande tendresse de Jésus nous font comprendre que suivre le Christ n’est pas juste une idée mais bien ‘continuellement rester en famille’. Et si l’un d’entre nous a la possibilité de s’en aller de la maison, de quitter la famille à cause d’un péché, une erreur, Dieu le sait, le salut est de revenir à la maison, avec Jésus dans l’Église […] Un à un le Seigneur nous appelle ainsi dans sa famille ».

« On ne peut comprendre Jésus sans le peuple de Dieu. C’est une absurdité d’aimer le Christ sans l’Eglise, écouter l’Eglise mais pas l’Eglise, suivre le Christ en marge de l’Eglise », car « le Christ et l’Eglise sont unis » et « chaque fois que le Christ appelle une personne, il l’amène à l’Eglise ». C’est pourquoi « il est bon qu’un enfant soit baptisé dans l’Eglise, l’Eglise qui est mère ».

L’Esprit Saint n’est pas un syndicaliste

À Sainte-Marthe, le 20 février 2014 :

« Jésus n’a pas dit à Pierre et à ses apôtres : connais-moi ! Il a dit : suis-moi ! […] Ce suivre Jésus nous fait connaître Jésus. Suivre Jésus avec nos vertus » et « aussi avec nos péchés. Mais suivre toujours Jésus ! ». Il nous faut « rencontrer quotidiennement le Seigneur, tous les jours, dans les victoires et les faiblesses […] Un chemin que [l’homme] ne peut pas faire seul : Connaître Jésus est un don du Père, une œuvre de l’Esprit Saint, qui est un grand travailleur. Ce n’est pas un syndicaliste […] et il œuvre en [l’homme], toujours. Il explique le mystère de Jésus et donne le sens du Christ. »

La tentation cherche quelqu’un pour lui tenir compagnie, elle est contagieuse.

À Sainte-Marthe, le 18 février 2014 :

« D’où vient la tentation ? Comment agit-elle en nous ? L’Apôtre nous dit qu’elle ne vient pas de Dieu mais de nos passions, de nos faiblesses intérieures, des blessures qu’a laissées en nous le péché originel : c’est de là que viennent les tentations, de ces passions. C’est curieux, la tentation a trois caractéristiques : elle grandit, elle est contagieuse et elle se justifie. Elle grandit : elle commence d’un air tranquille, et elle grandit… C’est ce que disait Jésus lui-même, lorsqu’il parlait de la parabole du bon grain et de l’ivraie : le bon grain poussait mais l’ivraie qui avait été semée par l’ennemi poussait aussi. Et la tentation grandit : elle grandit, elle grandit… Et si on ne l’arrête pas, elle prend toute la place […] Elle cherche quelqu’un pour lui tenir compagnie, elle est contagieuse » et « en grandissant et en devenant contagieuse, la tentation nous enferme dans un univers dont il n’est pas facile de sortir […] Jésus est toujours prêt à nous enseigner comment sortir de la tentation. Et Jésus est grand parce que non seulement il nous fait sortir de la tentation, mais il nous fait davantage confiance […] Ne nous laissons pas emprisonner par la tentation. Du cercle dans lequel nous enferme la tentation on ne sort qu’en écoutant la parole de Jésus […] Demandons au Seigneur que, comme il l’a fait avec ses disciples, avec sa patience, quand nous sommes induits en tentation, il nous dise toujours: Arrête-toi. Reste tranquille. Lève les yeux, regarde l’horizon, ne te ferme pas, va de l’avant. Cette parole nous empêchera de tomber dans le péché au moment de la tentation ».