Le centre Garnelles, à Paris, reçoit le cardinal Barbarin

Le Centre Garnelles, à Paris, propose aux étudiants et aux jeunes professionnels des activités culturelles et une formation chrétienne suivant l’esprit de l’Opus Dei. Mercredi 8 mars,le cardinal Barbarin, archevêque de Lyon, y rencontrait une centaine de jeunes.

« C’est incroyable la façon dont il parle », disait Henri à l’issue de la rencontre. « On s’attendait à un prince intellectualisant, et on s’est retrouvé avec quelqu’un qui était comme un père. Profond, sans langue de bois, et toujours avec sens de l’humour ».

La première question permit à Mgr Barbarin de décrire le rôle d’un évêque, « episcopos », celui qui a pour mission de veiller sur le peuple. « Mon rôle consiste à poser cette question : avez-vous ce qu’il vous faut ? Vous, mères de familles, ouvriers, cadres, jeunes, prisonniers… avez-vous ce qu’il vous faut ? »

Les machines ont gagné contre nous !

À la remarque de Léonardo, cadre international, sur la lutte que représente l’assistance quotidienne à la Messe dans divers pays, la réponse commence de façon inattendue : « les machines ont gagné contre nous. » Puis vient l’explication : l’équilibre de l’homme résulte d’une réponse adaptée aux besoins du corps, de l’intelligence et de l’esprit. Actuellement, le soin apporté aux réalités spirituelles est très déficient, négligence qui explique bien des maux. Il faut donc se battre — une expression qu’il affectionne — pour satisfaire l’intégralité des besoins de l’homme. « La prière, c’est Dieu qui me refait, Dieu qui me remet à ma place », explique-t-il, en glosant la parole du Christ « soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ».

Alors que tous les assistants méditent les paroles précédentes, Frédéric interroge le cardinal sur son long séjour à Madagascar. « Une profonde blessure et une immense joie en même temps », « j’ai vu le monde cassé en deux, avec des gens, des enfants qui meurent de faim », « l’oubli du Sud », seront quelques unes des expressions qui manifesteront l’injustice et l’indignation des propos du cardinal. « Seigneur, pourquoi ne pas donner du pain à ceux qui ont faim et davantage de faim à ceux qui ont du pain » ? Il rappellera encore que, au lendemain de la chute du mur de Berlin, la première visite du pape fut pour le Burkina Faso, pays le plus pauvre du monde, où il proclama « deux mondes se sont retrouvés ; n’oublions pas le troisième ».

La seconde série de questions portait sur la vie chrétienne et la vocation.

À la question provocatrice de Louis-Marie, « les paroisses ont-elles perdu contre les mouvements ? », la réponse fut très claire : il n’y a pas deux églises, l’une qui vit et l’autre qui meurt, celle des bons et celle des mauvais. Il n’y a qu’une seule Église, une seule spiritualité chrétienne… et la liberté de choix ». Le pasteur de conclure par des propos pratiques : « si vous sentez, à un moment donné, une opposition entre deux Églises, dites-vous que vous êtes en train de vous tromper. »

Alexandre, professeur d’éducation physique, demanda comment aider ses élèves à répondre à l’appel de Dieu à leur vocation. « La pastorale du oui », chère au cardinal, « consiste à conduire vers le grand Oui par de petits oui ». Le propos fut illustré par un commentaire très beau du Magnificat, prière de la Sainte Vierge après sa réponse à l’Archange (sa réponse à sa vocation en quelque sorte). En regard des disciples envoyés deux par deux et qui reviennent vers le Christ, se vantant d’avoir réalisé des miracles, il souligna combien la Vierge ne fait que rappeler la grandeur et la folie de Dieu qui agit avec elle comme il l’a toujours fait avec Israël : selon son bon vouloir.

La troisième partie de soirée a abordé des questions liées à l’apostolat et la façon d’être missionnaire. Il ne s’agit pas de répéter les éternelles méthodes dans un monde en perpétuel changement, mais bien plutôt de « laisser le Missionnaire accomplir sa mission en nous » pour pouvoir ensuite, le plus naturellement du monde, trouver les moyens misionnaires les plus adaptés.

« L’important, conclut Mgr Barbarin à la fin de la soirée, c’est que les gens se mettent à prier chez eux. » Et de rappeler cette citation de St Paul aux Ephésiens (3,14) : fortifions l’homme intérieur dans le Christ.

Au bout d’une heure trente de conversation, l’assemblée a récité un Notre Père pour la personne et les intentions du Cardinal, avant de recevoir sa bénédiction et le voir repartir annoncer la Bonne Nouvelle dans son diocèse.