Un avenir pour les femmes dans les zones rurales du Kenya

La professeure kenyane a reçu ce prix à Madrid pour son projet d'aide au développement des femmes dans les zones rurales, ainsi que pour sa supervision de la recherche éthique et son engagement en faveur de la dignité humaine.

Florence Oloo est professeur de sciences chimiques à l'Université technique du Kenya et membre fondateur de la plateforme de nanomédecine au Centre de recherche en sciences thérapeutiques (CREATES).

Elle a reçu le 14e prix Harambee pour la promotion et l'égalité des femmes. En plus d'être une grande universitaire, elle est convaincue de l'impact que son travail peut avoir sur ses compatriotes dans le besoin.

C'est ce que reconnaît ce prix de l'ONGD Harambee, dont le nom en swahili signifie "tous ensemble", et qui reflète son rôle dans le projet "Woman Empowerment Program", par lequel elle forme et autonomise des femmes à faibles revenus dans diverses régions du Kenya.

L'avenir de ces femmes vivant dans des zones rurales, comme la région de Kisumu au Kenya, n'est pas brillant : lorsqu'elles terminent l'école primaire, leurs familles ont rarement les moyens de leur permettre de poursuivre leurs études à l'université.

Si elles ne sont pas encore mariées, elles doivent souvent se prostituer : "Cela les expose à des relations sexuelles qui conduisent à des grossesses précoces. En outre, les filles sont facilement attirées par des hommes riches ou des fournisseurs de motos, que nous appelons "boda-bodas", pour avoir des relations sexuelles en échange d'argent, que les filles utiliseraient pour couvrir leurs besoins de base, comme l'achat de serviettes hygiéniques", explique la lauréate dans cette interview pour le journal ABC.

Compétences commerciales et autonomie

Florence Oloo souhaite les aider grâce à des initiatives telles que le programme d'autonomisation des femmes (Woman Empowerment Program), dans le cadre duquel elle forme des femmes et des jeunes filles à développer des compétences en matière d'auto-direction, ce qui leur permet d'améliorer leurs qualifications professionnelles ainsi que leur estime de soi et leur confiance en elles.

Ce programme, qui a débuté l'année dernière, accueille 30 jeunes filles pendant trois mois. Il leur permet d'acquérir des compétences commerciales, de suivre des cours sur les premières étapes de la création d'une entreprise et de se familiariser avec la sécurité alimentaire et les questions d'hygiène.

Florence Oloo elle-même affirme que quelques semaines après le début du programme, les jeunes filles sont plus joyeuses que lorsqu'elles ont commencé. "Certaines d'entre elles avaient très peu d'amour-propre lorsqu'elles sont arrivées au programme : elles portaient des vêtements sales, des cheveux défaits.... Peu de temps après, nous avons pu constater le changement, non seulement dans leur apparence, mais aussi dans leur attitude", explique-t-elle dans une interview accordée à Aceprensa. Pas à pas, elles ont vu les fruits de cette aide et, bien que le travail soit lent, beaucoup ont commencé à apporter des revenus à leur foyer et les investissements dans leurs entreprises augmentent lentement, ce qui a également amélioré l'atmosphère au sein de la famille.

Florence Oloo est consciente que son parcours n'est pas le même que celui de toutes les filles d'Afrique. C'est pourquoi, dans son discours de remerciement, elle a insisté une fois de plus sur le rôle crucial de l'éducation pour garantir un avenir à ces jeunes filles, une tâche en suspens sur le continent africain.

Droits de l'homme et protocoles de santé et de sécurité au Kenya

Une autre des vertus pour lesquelles elle a été récompensée est le respect de la dignité humaine et des droits de l'homme, mis en pratique par les différents comités éthiques qui supervisent et veillent au respect des protocoles de santé et de sécurité dans les quelque 300 recherches de scientifiques africains qui passent entre ses mains chaque année.

Florence Oloo a été vice-chancelier de l'université Strathmore, dirigée par l'Opus Dei. Elle y dirigeait le comité d'éthique de l'université. Comme elle l'a expliqué dans une interview au quotidien El País, à propos de son rôle de chercheuse : "Nous cherchons surtout à sauvegarder les droits des individus conformément aux normes internationales. Nous luttons contre la corruption scientifique, car il est important que les données ne soient pas falsifiées, que les droits et la vie privée des participants soient respectés et que les résultats de la recherche scientifique soient authentiques".

Rencontres à Valence

Après avoir reçu le prix Harambee à Madrid, Florence Oloo s'est rendue à Valence pour rencontrer des étudiants de la Faculté de médecine de l'Université catholique, où elle a pu partager son parcours académique et professionnel. Elle a également déjeuné avec le président de l'Association des journalistes de Valence, Héctor González, et des journalistes de différents médias.

Elle a terminé son séjour dans la capitale du Levant par une réunion de solidarité et un hommage aux femmes entrepreneurs pour leur projet d'autonomisation des femmes et des filles dans le comté de Kisumu. La réunion s'est tenue au Colegio Mayor Saomar en présence du sénégalais Papa Balla Ndong, directeur du MIRLAB et vice-président de SIETAR Espagne et de Rita Jacome, directrice de l'IECO, Institut pour l'éthique et la communication dans les organisations, avec qui Florence Oloo a pu s'entretenir lors du vin d'honneur.

Les Valenciens l'ont remerciée pour son engagement en faveur de l'éthique scientifique et pour son leadership en matière d'entrepreneuriat dans les zones rurales du Kenya.

Oloo a déjà déclaré qu'elle dédierait le prix Harambee à son projet Woman Empowered Program, en plus de promouvoir l'accès à l'éducation pour ses concitoyens, une tâche en suspens qui est sans aucun doute essentielle pour qu'ils puissent se construire un avenir.

Diego Peralta - Photos de Santiago Quevedo