Fioretti mars 2019

Quelques propos du Pape François pendant le mois de mars, qui marque l'entrée en Carême.

Les jeunes gazeux, liquides, qui n’ont pas de racines, n’ont pas non plus de futur

Dialogue avec les étudiants du collége Barbarigo à Rome, le 28 mars 2019 :

« Vous devez parler avec les grands parents. C’est important ! Pourquoi ? Parce que les grands parents sont les racines. Si tu ne vas pas à tes racines, tu seras un jeune sans racines. Et quand il n’y a pas de racines, on ne grandit pas, s’il n’y a pas les fleurs, il n’y a pas de fruits. Grandir mais enracinés. Ce seront les grands parents qui t’aideront, les anciens. Il faut leur demander.

“Mais, Père, les anciens sont ennuyeux !…”. Peut-être au début, mais commence à parler avec eux et ils ne seront pas ennuyeux, parce qu’ils toucheront en toi des choses qui te donneront l’espérance, plaisir et aussi sécurité. Ce n’est pas pour retourner au passé, non ! C’est pour être sûr d’avoir des racines, de ne pas être déracinés, de ne pas être trop “gazeux”, liquides. Donc, parler avec les amis, parler avec les formateurs –professeurs, aumôniers de collèges–, parler avec les parents et surtout parler avec les vieux qui ont la sagesse de la vie. »

Ne soyez pas des “poches fermées”

Jusqu’à la fin, il y a la miséricorde de Dieu, a insisté le pape François lors de la messe matinale de ce 18 mars 2019, en la chapelle de la Maison Sainte-Marthe.

« La miséricorde de Dieu est si grande, si grande. N’oublions pas cela. Combien de personnes [disent]: “J’ai fait de si mauvaises choses. J’ai acheté ma place en enfer, je ne peux pas faire marche arrière”. Mais penses-tu à la miséricorde ? […]

Souvenons-nous de cette pauvre veuve qui est allée se confesser au Curé d’Ars (son mari s’était suicidé ; il s’était jeté d’un pont dans un fleuve). Et elle pleurait, disant : “Mon pauvre mari ! Il est en enfer ! Il s’est suicidé et le suicide est un péché mortel. Il est en enfer”. Et le Curé d’Ars lui dit : “Mais, attendez Madame, entre le pont et l’eau, il y a la miséricorde de Dieu”. Jusqu’à la fin, la toute fin, il y a la miséricorde de Dieu. […] Importance de l’aumône ! Pas seulement l’aumône matérielle, mais aussi l’aumône spirituelle : perdre son temps avec quelqu’un qui en a besoin, visiter un malade, sourire. […] “Donnez, et l’on vous donnera”. Soyez généreux dans le don. Ne soyez pas des “poches fermées”; soyez généreux pour donner aux pauvres, à ceux qui ont besoin… et pour donner des conseils, donner des sourires… Toujours donner, donner… Le Seigneur sera généreux… il nous rendra au centuple de tout ce que nous donnons.»

L’appel du Seigneur n’est pas pas une cage qui nous est mise sur le dos

Message pour la Journée des vocations, 9 mars 2019 :

« L’appel du Seigneur n’est pas une ingérence de Dieu dans notre liberté ; ce n’est pas une “cage” ou un poids qui nous est mis sur le dos. C’est au contraire l’initiative amoureuse avec laquelle Dieu vient à notre rencontre et nous invite à entrer dans un grand projet dont il veut nous rendre participants, visant l’horizon d’une mer plus vaste et d’une pêche surabondante.

Le désir de Dieu, en effet, est que notre vie ne devienne pas prisonnière de l’évidence, ne soit pas entraînée par inertie dans les habitudes quotidiennes et ne reste pas inerte devant ces choix qui pourraient lui donner une signification. Le Seigneur ne veut pas que nous nous résignions à vivre au jour le jour en pensant que, au fond, il n’y a rien pour quoi il vaille la peine de s’engager avec passion et en éteignant l’inquiétude intérieure pour chercher de nouvelles routes à notre navigation. Si quelquefois il nous fait expérimenter une “pêche miraculeuse”, c’est parce qu’il veut nous faire découvrir que chacun de nous est appelé –de façons diverses– à quelque chose de grand, et que la vie ne doit pas rester empêtrée dans les filets du non-sens et de ce qui anesthésie le cœur. La vocation, en somme, est une invitation à ne pas nous arrêter sur le rivage avec les filets à la main, mais à suivre Jésus au long de la route qu’il a pensée pour nous, pour notre bonheur et pour le bien de ceux qui sont autour de nous. »

Un cœur sans boussole est un danger public

« Quand le cœur revient en arrière, quand il prend un chemin qui n’est pas juste […] il perd sa boussole, avec laquelle il doit avancer. Et un cœur sans boussole est un danger public : c’est un danger pour la personne et pour les autres.

Le cœur prend ce chemin erroné quand il n’écoute pas, quand il se laisse entraîner, emporter par des dieux, quand il devient idolâtre. Nous devenons sourds de l’âme, nous n’écoutons pas le Seigneur. Gare à ces feux d’artifice qui nous enjôlent. Une attitude qui fait perdre la mémoire des grandes choses que le Seigneur a faites dans notre vie, qu’il a faites dans son Église et dans son peuple. Et le chrétien finit par ne compter que sur ses propres forces. »

Demander au Seigneur qu’il garde ma nudité

Rencontre avec le clergé de Rome à Saint-Jean-de-Latran, le 8 mars 2019 :

« Chers frères, notre privilège est énorme ! Dieu connaît notre “nudité honteuse”. J’ai été tellement frappé en voyant l’original de la Vierge Odigitria de Bari: elle n’est pas comme maintenant, revêtue des vêtements que les chrétiens orientaux mettent sur les icônes. C’est une Vierge avec l’enfant nu. Cela m’a tellement plu que l’évêque de Bari m’en fasse avoir une, il me l’a offerte, et je l’ai placée sur ma porte. J’aime, quand je me lève le matin, quand je passe devant, dire à la Vierge qu’elle garde ma nudité: “Mère tu connais toutes mes nudités”. C’est quelque chose de grand :demander au Seigneur […] qu’il garde ma nudité. Elle, elle les connaît toutes. Dieu connaît notre “nudité honteuse”, et pourtant il ne se lasse pas de se servir de nous pour offrir aux hommes la réconciliation. Nous sommes très pauvres, pécheurs, et pourtant Dieu nous prend pour intercéder pour nos frères et pour distribuer aux hommes, par nos mains qui ne sont en rien innocentes, le salut qui régénère. »

Les guerres commencent par la langue

Angelus du 3 mars 2019 :

« Comment pouvons-nous comprendre si notre œil est libre ou obstrué par une poutre ? C’est toujours Jésus qui nous le dit: “Il n’y a pas de bon arbre qui produise de mauvais fruits, pas plus qu’un mauvais arbre ne produit de bons fruits. En fait, chaque arbre se reconnaît à ses fruits” (vv.43-44). Le fruit ce sont les actions, mais aussi les paroles. La qualité de l’arbre se reconnaît aussi aux paroles. En fait, celui qui est bon tire du bien de son cœur et de sa bouche et qui est mauvais tire le mal, pratiquant l’exercice le plus dommageable qui soit parmi nous: le murmure, les cancans, mal parler des autres. Cela détruit la famille, détruit l’école, détruit le lieu de travail, détruit le quartier. Les guerres commencent par la langue. Réfléchissons un peu sur cet enseignement de Jésus et posons-nous la question: est-ce que je parle mal des autres? Est-ce que j’essaie toujours de salir les autres? M’est-il plus facile de voir les défauts des autres que les miens? Et essayons de nous corriger au moins un peu: cela nous fera du bien à tous. »

Des cendres sur la tête, c’est un signe qui nous fait penser à ce que nous avons en tête

Messe des Cendres, 6 mars 2019 :

« Des cendres sur la tête. C’est un signe qui nous fait penser à ce que nous avons en tête. Nos pensées poursuivent souvent des choses passagères, qui vont et viennent. La légère couche de cendres que nous recevrons est pour nous dire, avec délicatesse et vérité : des nombreuses choses que tu as en tête, derrière lesquelles chaque jour tu cours et te donne du mal, il ne restera rien. Pour tout ce qui te fatigue, de la vie tu n’emporteras avec toi aucune richesse. Les réalités terrestres s’évanouissent, comme poussière au vent. Les biens sont provisoires, le pouvoir passe, le succès pâlit. La culture de l’apparence, aujourd’hui dominante, qui entraîne à vivre pour les choses qui passent, est une grande tromperie. Parce que c’est comme une flambée : une fois finie, il reste seulement la cendre. Le Carême est le temps pour nous libérer de l’illusion de vivre en poursuivant la poussière. Le Carême c’est redécouvrir que nous sommes faits pour le feu qui brûle toujours, non pour la cendre qui s’éteint tout de suite; pour Dieu, non pour le monde ; pour l’éternité du Ciel, non pour la duperie de la terre ; pour la liberté des enfants, non pour l’esclavage des choses. Nous pouvons nous demander aujourd’hui : de quel côté suis-je ? Est-ce que je vis pour le feu ou pour la cendre ? »