Au rythme du fondateur
Après le quinze août, don Adolfo reçut une lettre du Père qui lui disait : «Cher Adolfo, que Jésus te garde. Je pense que vous pouvez vous organiser pour que le premier Chilien puisse venir au Collège romain, pour l’année universitaire 1955-1956. C’est dommage que cette année, vous ne soyez pas représentés.
Si vous êtes fidèles, si vous ne nous laissez pas seuls, à partir de l’année prochaine il y aura de nombreuses promotions de prêtres, avec des diplômes ecclésiastiques obtenus à Rome. Cela suppose qu’à partir de décembre 1955, vous pourrez compter sur des effectifs chaque année... si vous répondez à mes appels, qui sont des appels de Dieu». Et il l’encourageait à obtenir des moyens financiers pour le Collège romain de la Sainte-Croix par l’intermédiaire des coopérateurs.
Les mots du Père, qui s’achevaient avec son affection et sa bénédiction, étaient clairs : en plus de l’argent pour les études des futurs prêtres et le siège du Collège romain, il fallait envoyer des numéraires disposés à recevoir l’ordination sacerdotale, après avoir fait les études opportunes. Le principal problème était qu’au Chili, il n’y en avait qu’un... Juan Cox. De la lettre du Père, il pouvait déduire qu’il avait un délai d’un an : le premier était attendu en octobre 1955. C’était la volonté divine qui se manifestait à travers le souhait du fondateur ; un désir qui mettait en jeu la foi et la confiance en Dieu de don Adolfo : si le Seigneur et le Père le voulaient, Dieu fournirait ces hommes pour aller à Rome.
À la résidence, une récollection mensuelle eut lieu le 5 septembre. José Miguel Ibáñez et son frère Gonzalo se trouvaient parmi les participants. Les deux en furent très contents. Cela faisait une semaine que José Enrique Diez avait parlé à José Miguel d’un éventuel appel de Dieu à l’Opus Dei. Le jeune étudiant en études d’ingénieur consulta don Francisco Martí sur ses doutes. Quelques jours plus tard, il fit une brève récollection tout seul au collège Saint-Georges pour prendre sa décision... et se décida. Il écrivit la lettre demandant l’admission comme numéraire le 11 septembre.
José Enrique Diez avait un grand élan apostolique. À la mi-septembre, il demanda également à Pablo Vial de réfléchir à la question de savoir si Dieu l’appelait à l’Œuvre. Le lendemain, Pablo revint à Alameda et informa qu’il était déterminé à être numéraire. Toutefois, comme les vacances de la fête nationale arrivaient, on décida d’attendre de voir dans quelles dispositions il reviendrait. Le 23 septembre, après y avoir réfléchi un peu plus et sans modifier sa résolution, Pablo entra dans l’Opus Dei. Le journal d’Alameda fait allusion à cette bonne nouvelle en ces termes : «Excellent étudiant de deuxième année de médecine à l’Université catholique ; en réalité, aucun commentaire n’est nécessaire puisque c’est le troisième numéraire du Chili». Peu de temps après la fête nationale, don Adolfo apprit que le voyage d’Emilio Girón, le numéraire espagnol qui venait pour soutenir le travail apostolique, était imminent, et il chercha un appartement à louer. Cependant, il y avait déjà de nouveaux bras pour s’agrandir : c’était la confirmation qu’en faisant confiance aux désirs du Père, on obtenait la grâce pour accomplir les desseins de Dieu.
Photo : Le 15 août 2013, des milliers de chiliens se réunissent autour de don Javier, prélat de l’Opus Dei, au Movistar Arena de Santiago du Chili. Six décennies plus tôt, Don Adolfo Rodriguez Vidal ouvrait le premier centre de l’Opus Dei dans ce pays. En 2016, la Congrégation de la Cause des Saints a accordé le Nihil Obstat pour l’instruction de sa cause de béatification et de canonisation.