1. L'importance et la valeur du naturel dans la vie d'un chrétien.
2. Le naturel comme attitude du chrétien dans le monde.
3. Le naturel, élément clé pour la mission apostolique du chrétien ordinaire.
4. Naturel, secret et discrétion.
Saint Josémaria utilise le terme naturel à de nombreuses reprises. Cette disposition est parfois citée de pair avec la simplicité, comme deux vertus complémentaires dépendant de la vertu de véracité qui, à son tour, fait partie de la vertu cardinale de justice. Le naturel est une attitude profondément chrétienne qui a une riche signification dans les textes de saint Josémaria. Il désigne toujours la qualité de ce qui est fait en vérité, sans artifice ; une manière de procéder spontanée et sans détour, sans fioritures.
Celui qui agit avec naturel le fait conformément à sa nature. En ce sens, on peut dire que cette vertu fait partie de l'humilité : la personne humble reconnaît ce qu'elle est vraiment, devant Dieu et aussi devant les autres, et se comporte donc comme telle, avec une conduite véridique. La personne qui agit avec naturel dit et fait ce qu'elle ressent, sans duplicité ni tromperie, tout en conservant la délicate discrétion qu'exige chaque cas et chaque situation. Dans une autre perspective, le naturel est lié à la sécularité, en tant qu'attitude du chrétien ordinaire qui vit et agit au milieu du monde, comme un de plus parmi ses concitoyens.
1) Importance et valeur du naturel dans la vie du chrétien
Une longue expérience de travail avec les âmes a conduit saint Josémaria à comprendre que la simplicité et le naturel sont une composante importante de l'édifice surnaturel de la sainteté : « Tu m’as écrit : “ La simplicité est comme le sel de la perfection. Et c’est ce qui me manque. Je veux la trouver avec Son aide et la vôtre. ” – Ni l’aide de Dieu ni la mienne ne te feront défaut. – Prends-en les moyens » (C 305).
Saint Josémaria a vu dans le naturel et la simplicité un trait avec son propre éclat dans la vie de Jésus-Christ et des premiers chrétiens. Jésus a vécu la majeure partie de sa vie comme un israélite de son temps, discrètement, passant inaperçu, avec les mêmes us et coutumes que le reste des habitants de la Galilée, accomplissant – comme tout le monde – ses droits et ses devoirs. « Remarquez que toute sa vie est pleine de naturel. Il passe six lustres, caché, sans attirer l’attention, comme un travailleur parmi d’autres, et on le connaît dans sa bourgade comme le fils du charpentier. Au long de sa vie publique on ne remarque rien non plus d’étrange ou qui détonne. Il s’entourait d’amis comme n’importe lequel de ses concitoyens et ne se distinguait pas d’eux par sa conduite. Au point que Judas, pour le désigner, doit convenir d’un signe : Celui à qui je donnerai le baiser, c’est lui(Mt 26, 48). Il n’y avait en Jésus rien d’extravagant. Je suis très ému par cette règle de conduite de notre Maître, qui passe comme un homme parmi d’autres » (AD 121). Le chrétien – chaque chrétien, aussi bien le fidèle laïc que le religieux, chacun à la place qui lui incombe – est appelé à rechercher la sainteté en imitant le Christ, en reproduisant dans sa vie l'attitude avec laquelle Il est passé dans le monde en faisant le bien et en le rachetant : « En nous comportant normalement, comme nos semblables, et avec un sens surnaturel, nous ne faisons que suivre l’exemple de Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai Homme. Remarquez que toute sa vie est pleine de naturel » (ibidem).
Mais la présence du chrétien dans le monde n'est pas seulement un effort pour imiter le Christ, mais aussi pour participer à sa mission rédemptrice ; et de même que le Verbe a assumé une nature humaine, qui comprend toutes les réalités humaines – sauf le péché – et les a élevées vers le Père, de même le chrétien, à la lumière du mystère de l'Incarnation, peut entrevoir la pleine signification de sa présence dans la création et, plongé – d'une manière ou d'une autre – dans les réalités du monde, il assume la tâche de les sanctifier : pour rendre le Christ présent en elles par sa présence vivifiante. « Le croyant est conscient que la connaissance de sa condition d'être créé dans le Christ lui a définitivement révélé la vérité sur la nature humaine, tout comme la condition créée – c'est-à-dire ontologiquement référée à Dieu –- du monde et de l'histoire lui révèle également le sens et la vérité de toutes choses. C'est là, à notre avis, que réside le sens le plus profond de ce naturel que tout chrétien, précisément en tant que chrétien, est appelé à vivre au milieu d'un monde humain » (Tanzella-Nitti, 1997, pp. 371-372). Et le naturel, vu et compris sous cet angle, se présente ainsi comme une réalité pleinement théologique.
Comme toutes les vertus, le naturel doit informer toute la vie du chrétien, y compris son chemin vers la sainteté, ses efforts pour être toujours proche de Dieu et pour rapprocher les gens de Dieu. Ce sera un chemin qui nécessitera parfois de l'héroïsme, mais il ne sera pas pour autant parcouru avec moins de spontanéité et de discrétion. Dans le contexte de la vocation du chrétien à être alter Christus, ipse Christus dans toutes les dimensions de sa vie, saint Josémaria soulignait que « le Seigneur nous veut tels que nous sommes, participant à sa vie, luttant pour être saints. « La sainteté : combien de fois prononçons-nous ce mot comme s'il sonnait creux ! Pour beaucoup, c'est même un idéal inaccessible, un lieu commun de l'ascétique, et non une fin concrète, une réalité vivante. Ce n'était pas la conception des premiers chrétiens qui se qualifiaient, avec beaucoup de naturel et très fréquemment, mutuellement de saints: tous les saints vous saluent (Rm 16, 15), saluez chacun des saints dans le Christ Jésus (Ph 4,21) » (QCP 96).
Le naturel étant une vertu ou une attitude que tous les hommes, et donc aussi tous les chrétiens, doivent vivre, chacun le fera – comme nous l'avons déjà dit – selon son état et sa condition. En ce sens, il convient de garder à l'esprit que « ses manifestations extérieures peuvent être très diverses (...). Il y a un naturel propre aux prêtres, qui les porte à se conduire d'une manière conforme à leur ministère sacré qui est un ministère public ; il y a un naturel propre aux religieux, qui les pousse à témoigner, également publiquement, de la valeur suprême des biens éternels, comme il convient à leur vocation ; et il existe un naturel propre aux fidèles laïcs, qui consiste à vivre la foi de manière cohérente dans leur environnement professionnel et social, en témoignant également du Christ, non pas comme celui qui occupe une fonction publique dans l'Église (comme dans le cas des prêtres et des religieux), mais d'une manière qui correspond à leur condition de citoyens et de professionnels comme les autres. Eh bien, quand saint Josémaria parle de naturel, il se réfère surtout à ce dernier, celui des fidèles laïcs »" (Burkhart - López, II, 2011, p. 396).
2. Le naturel comme attitude du chrétien au milieu du monde
Jusqu'à présent, nous avons souligné certains aspects du naturel en général. Dans ce paragraphe, et toujours en nous laissant guider par saint Josémaria, nous nous concentrerons sur ce que le naturel implique dans le cas des fidèles laïcs qui sont appelés à se sanctifier dans leur travail professionnel et dans l'accomplissement de leurs tâches ordinaires.
Le chrétien ordinaire a reçu l'appel à témoigner de la présence de Dieu au milieu des réalités temporelles, sans craindre de manifester sa foi par des signes extérieurs : « Ce divorce entre la foi dont ils se réclament et le comportement quotidien d’un grand nombre est à compter parmi les plus graves erreurs de notre temps » affirme le Concile Vatican II, qui poursuit : « Que l’on ne crée donc pas d’opposition artificielle entre les activités professionnelles et sociales d’une part, la vie religieuse d’autre part » (Gaudium et Spes, 43). Saint Josémaria avait prêché cette doctrine traditionnelle dès le début de son travail sacerdotal, proclamant sans cesse qu'une caractéristique du naturel que doivent vivre tous les fidèles chrétiens consiste à refléter dans leur conduite la conviction intérieure qu'ils sont enfants de Dieu, c'est-à-dire à imprégner toute leur activité – professionnelle, sociale, familiale – d'un profond sens chrétien : « Naturel. – Que votre vie d’homme chrétien, de femme chrétienne – votre sel et votre lumière – s’écoule spontanément, sans extravagance ni niaiserie : ayez toujours en vous notre esprit de simplicité » (C 379).
Le naturel est donc une norme de conduite qui correspond pleinement à la nature séculière des fidèles laïcs. Saint Josémaria a su voir, comme un précédent clair pour son message de sanctification au milieu du monde, l'attitude des premiers chrétiens dans la société de leur temps : « Ils vivaient à fond leur vocation chrétienne ; ils recherchaient sérieusement la sainteté à laquelle ils étaient appelés par le fait, simple et sublime, du baptême. Ils ne se distinguaient pas extérieurement des autres citoyens » (Entretiens 24). Et c'est ainsi que doivent vivre tous ceux qui aspirent à suivre le Christ dans leurs activités quotidiennes, car ce sont « des citoyens ordinaires ; ils accomplissent un travail ordinaire ; ils vivent au milieu du monde, y étant ce qu'ils sont : des citoyens chrétiens qui entendent satisfaire pleinement aux exigences de leur foi » (Entretiens 24).
Les chrétiens doivent se sentir responsables du monde dans lequel ils vivent et s'engager, avec mentalité laïque, positivité et espérance, dans les réalités sociales. Saint Josémaria s'adressait ainsi aux personnes qui faisaient aller de l’avant une université : « Vous (...) faites partie d'un peuple qui se sait engagé dans le progrès de la société à laquelle il appartient (...). En (…) [apportant] votre coopération, vous êtes le témoignage évident d'une conscience civile droite, soucieuse du bien commun temporel » (Entretiens 120).
La tension pour une participation active à la société dans laquelle vivent les chrétiens ordinaires est une conséquence de leur vocation divine éminemment séculière. En tant que citoyens libres et responsables, ils ne peuvent se désintéresser des problèmes de leurs semblables ou tourner le dos aux besoins de leur environnement sans négliger leurs droits et leurs devoirs. Et dans et par cette coopération avec leurs concitoyens, les chrétiens doivent agir « avec naturel, (…) mais en rendant surnaturel chaque instant de [la] journée » (F 508). Concentrant son attention « sur le naturel et la simplicité de la vie de saint Joseph, qui ne s'isolait pas de ses concitoyens, ni ne dressait autour de lui d'inutiles barrières », saint Josémaria invitait les chrétiens à imiter le saint patriarche et assurait que : « un homme qui a la foi, et qui exerce une profession intellectuelle, technique ou manuelle, est et se sent uni aux autres, avec les mêmes devoirs, avec le même désir de s'améliorer, avec la même soif d'affronter les mêmes problèmes et d'en trouver la solution. Le catholique, en assumant tout cela, saura faire de sa vie quotidienne un témoignage de foi, d'espérance et de charité, un témoignage normal et simple, qui n'a pas besoin de manifestations voyantes. Il mettra ainsi en relief, par la cohérence de sa vie, la présence constante de l'Église dans le monde, puisque tous les catholiques sont eux-mêmes l'Église car ils sont de plein droit membres de l'unique peuple de Dieu » (QCP 53).
En se référant spécifiquement à l'Opus Dei, il a enseigné dès le début que la spiritualité de l'Œuvre se caractérise par « la simplicité, le fait de ne pas attirer l'attention, de ne pas se montrer, de ne pas se cacher ». En un mot : par une répugnance et pour le secret et pour le spectacle. C'est ainsi qu'il a pu décrire l'Opus Dei comme une « grande foule « composée d'hommes et de femmes (…) qui vivent de leur travail professionnel; des gens mariés pour la plupart, mais aussi de nombreux célibataires, qui travaillent avec leurs concitoyens à la tâche sérieuse de rendre la société temporelle plus humaine et plus juste ; qui participent à la noble bataille des activités quotidiennes, en assumant – je le répète – leurs responsabilités personnelles et qui connaissent, dans le coude à coude avec les autres hommes, les succès et les échecs en essayant d'accomplir leur devoir et d'exercer leurs droits sociaux et civiques. Et tout cela avec naturel, comme tout chrétien conscient, sans la mentalité d'hommes à part, fondus dans la masse de leurs collègues, tout en s'efforçant de capter les lueurs divines que réverbèrent les réalités les plus banales » (Entretiens 119).
3. Le naturel, élément clé pour la mission apostolique du chrétien ordinaire
Pour saint Josémaria, le naturel et la simplicité, le fait de marcher avec confiance, sans faire d'histoires, est le fruit connaturel de la droiture spirituelle qui consiste à ne rechercher en tout ce que l'on fait que la gloire de Dieu et le bien des hommes. « Quand on travaille en tout et pour tout pour la gloire de Dieu on ne fait rien qu'avec naturel, et simplement » (S 555). Et ainsi, spontanément, la foi s'exprimera dans un témoignage qui attire les autres vers Dieu.
Devant Dieu nous sommes comme nous sommes : le naturel se configure – comme nous l'avons déjà dit – comme une vertu étroitement liée à l'humilité : savoir que devant Dieu nous sommes des enfants qu’Il connait, qu’Il comprend et qu’Il aime ; et en même temps avoir besoin de Lui en tout conduit directement à être simple, naturel. Devant Dieu, il n'y a pas de place pour la théâtralité ou les apparences, et il n'y en a pas non plus devant les autres personnes. Le naturel s'oppose à la duplicité et à la complication, qui conduisent à faire semblant, à ne pas exprimer sincèrement ce que l'on a sur le cœur. Il se révèle ainsi comme une vertu nécessaire à l'apostolat exercé par les fidèles laïcs auprès de leurs pairs, et comme le fruit d'un rapport amical et spontané d'amitié et de confidence, propre aux personnes qui respectent et aiment les autres, qui savent agir de manière appropriée, sans confondre ni la délicatesse avec l’obligeance, ni la modération avec l’affectation : « L'apostolat chrétien – et je me réfère ici, concrètement, à celui d'un chrétien courant, à celui d'un homme ou d'une femme qui vit sans être rien de plus que ses semblables – est une grande catéchèse où, grâce aux rapports personnels et à une amitié loyale et authentique, on éveille chez les autres la faim de Dieu, et où on les aide à découvrir de nouveaux horizons; avec naturel, avec simplicité, vous ai-je dit, par l'exemple d'une foi vécue à fond, par la parole aimable mais toute pleine de la force de la vérité divine » (QCP 149).
Le chrétien manifestera naturellement sa foi, dans l'effort pour en vivre et dans la joie intérieure qui, en conséquence, informe ses actions. Ainsi paroles et exemples viendront spontanément, et c’est précisément au cours du travail professionnel, des relations familiales et du temps de repos que le chrétien fera naturellement connaître Jésus-Christ aux personnes avec lesquelles il entrera en contact. « Chacun de vous doit être non seulement apôtre, mais apôtre d'apôtres, qui entraine les autres, qui les incite à faire connaître Jésus-Christ, eux aussi. Certains se demanderont peut-être comment, de quelle manière, ils peuvent communiquer cette connaissance du Christ aux autres. Je vous répondrai : avec naturel, avec simplicité, en vivant exactement comme vous le faites au milieu du monde, adonnés que vous êtes à votre travail professionnel et au soin de votre famille, en prenant part à toutes les aspirations nobles des hommes, en respectant la légitime liberté de chacun » (QCP 147-148).
Mais s'il est vrai que le naturel va pousser les chrétiens à ne pas se distinguer des autres citoyens, il est également vrai que, précisément au nom de ce naturel, ils seront parfois amenés à agir à contre-courant de "ce que font les autres", en attirant l'attention d'une certaine manière. « “Ma vie se heurtant à un milieu paganisé ou païen, mon naturel ne va-t-il pas sembler factice ? ” me demandes-tu. — Je te réponds : il y aura choc, sans doute, entre ta vie et ce milieu ; et ce contraste, où ta foi se confirmera par les œuvres, est précisément le naturel que je te demande » (C 380). Et il sera également « naturel que ceux qui ont affaire à un chrétien qui cherche la sainteté dans la vie quotidienne remarquent son effort pour cultiver les vertus, remarquent qu'il pratique la foi – également en participant au culte public, sans se "cacher" – et reçoivent l'influence de son apostolat, même si tout cela contraste visiblement avec l'ambiance qui l'entoure » (in Burkhart - López, II, 2011, p. 397).
4. Naturel, secret et discrétion
Le naturel bannit la ruse, la duplicité et le mensonge qui cachent notre propre égoïsme : il s'oppose donc au secret qui conduit à chercher à dissimuler des informations sur soi pour éviter d'être connu tel qu'on est ou pour induire un jugement erroné. Une personne qui ne vit pas cette vertu court le risque de tomber dans l'hypocrisie qui est un grand obstacle dans les rapports avec le Seigneur : « Le naturel et la simplicité sont deux vertus humaines merveilleuses qui permettent à l’homme de recevoir le message du Christ. En revanche, tout ce qui est embrouillé, compliqué, les tours et les détours autour de soi-même, dressent un mur qui empêche souvent d’entendre la voix du Seigneur (AD 90). Garder secret quelque chose sur une dimension de sa vie qui, dans un contexte donné, devrait être connue, est un grand manque de naturel et de simplicité et un grand préjudice pour la vie intérieure. Parlant de la nécessité de la sincérité dans la direction spirituelle dans laquelle le chrétien ouvre son âme au Bon Pasteur, saint Josémaria écrivait : « Petit sot ! Le jour où tu cacheras quelque recoin de ton âme à ton directeur, tu auras cessé d’être enfant, parce que tu auras perdu la simplicité » (C 862). Et avec le manque de simplicité, c’est la duplicité qui entre dans l'âme, toujours accompagnée d'un manque de paix.
Saint Josémaria a toujours fui la dissimulation, tant dans sa vie que dans celle de l'Opus Dei. Son naturel l'amenait à donner leur cours normal à toutes choses : il disait et incitait toujours à dire ce qu'il fallait dire et à qui il fallait le dire, comme il fallait le dire et au bon moment. S'adressant à ses filles et à ses fils de l'Œuvre, il écrivait : « Nous, mes filles et mes fils, n'avons rien à dissimuler ou à cacher : la spontanéité de notre conduite et de notre comportement ne peut être confondue par personne avec le secret. Je n'ai jamais eu de secrets, je n'en ai pas et n'en aurai jamais. L'Œuvre non plus » (Lettre 11-III-1940, no 58 : AGP, série A.3, 91-6-2).
En revanche, le naturel n'exclut pas la pudeur ou la discrétion à l'égard de sa propre intimité ou de celle de sa propre famille. Au contraire, elle la présuppose : « La discrétion n’est ni mystère, ni cachotterie. — Elle est, tout simplement, le naturel » (C 641). La discrétion protège les affaires personnelles de toute mauvaise interprétation ou de tout malentendu auxquels elles pourraient se prêter si elles étaient placées dans un contexte inapproprié : « La discrétion est… délicatesse. — N’éprouves-tu pas une inquiétude, une gêne intime, lorsque tes affaires de famille, honorables et courantes, échappent à la chaleur du foyer et sont jetées en pâture à l’indifférence ou à la curiosité de la place publique ? » (C 642).
Le chrétien qui sert les autres avec naturel, en cherchant le bien des autres, en essayant de ne pas paraître, de ne pas "marquer des points", vivra cette relation avec douceur, en évitant toute forme de pression sidérante qui pourrait blesser ou humilier. D'où le conseil donné par saint Josémaria, à propos d'un point précis, en énonçant un principe de valeur universelle : « Quand tu auras terminé ton travail fais celui de ton frère, aide-le pour le Christ, avec tant de délicatesse et de naturel que personne, pas même celui qui en bénéficie, ne s’aperçoive que tu en fais plus que tu ne le dois en stricte justice. — Voilà la délicate vertu d’un enfant de Dieu ! » (C 440).
Thèmes connexes : Humilité ; Sécularité ; Simplicité ; Sincérité.
Bibliographie : AD 73-93 ; QCP 39-56 ; S 554-566 ; “Aspectos de la humildad”, en Ernst Burkhart - Javier López Vida cotidiana y santidad en la enseñanza de San Josemaría. Estudio de teología espiritual, II, Madrid, Rialp, 2011, pp. 389-411; Santiago de la Cierva (ed.) Comunicación y ciudadanía/Communication and Citizenship, GVQ, XII passim; Giorgio Faro (ed.) Lavoro e vita quotidiana, GVQ, IV passim; José Luis Illanes, “Iglesia en el mundo: la secularidad de los miembros del Opus Dei” en OIG, pp. 199-300; Giuseppe Tanzella-Nitti, “Perfectus Deus, perfectus homo. Reflexiones sobre la ejemplaridad del misterio de la Encarnación del Verbo en las enseñanzas del Beato Josemaría Escrivá” Romana. Boletín de la Prelatura de la Santa Cruz y Opus Dei 25 (1997), pp. 360-383.