1. L’âme sacerdotale du chrétien.
2. Âme sacerdotale et mentalité laïque.
3. La Très Sante Vierge Marie, modèle pour l’âme sacerdotale du chrétien.
Saint Josémaria a vécu de manière unique l'identité avec le Christ qu'il a prêchée pour chaque prêtre et pour tous les baptisés. « Quelle est l'identité du prêtre ? Celle du Christ. Tous les chrétiens peuvent et doivent être non plus alter Christus, mais ipse Christus : d'autres Christs, le Christ Lui-même ! Mais chez le prêtre, cela se produit immédiatement, de manière sacramentelle » (AIG, p. 70). Pendant toute son existence, il a mené une vie sacerdotale en identification intime avec les sentiments du Christ. Tous ses gestes étaient pénétrés d'un empressement médiateur : intercéder sans cesse auprès de Dieu pour les âmes, les approcher et les rapprocher une à une de l'amour paternel de Dieu, les invitant à pénétrer dans les richesses insondables de la vie chrétienne.
Il considérait l'Église comme l'ensemble des fidèles chrétiens tous appelés à la sainteté, dans une conjonction organique de dons et de fonctions, structurée hiérarchiquement - sacerdoce ministériel et sacerdoce commun -, et qui devait poursuivre dans le temps la mission rédemptrice et sanctificatrice de Jésus-Christ, Chef de son Corps Mystique (cf. LG, 7-8). Il s'est senti obligé de faire connaître cette vérité capitale : « J’ai constamment prêché cette possibilité, surnaturelle et humaine, que Dieu notre Père met entre les mains de ses enfants : participer à la Rédemption réalisée par le Christ » (AD 263).
L'enseignement du fondateur de l'Opus Dei s'articule autour de notions spécifiquement sacerdotales : médiation, salut des âmes, sacrifice. Et l'universalité de l'appel à la co-rédemption, qui est au cœur même de son message, naît de la clarté et de la précision théologique et juridique avec lesquelles il pose l'égalité radicale de tous les fidèles chrétiens dans l'Église, en la fondant sur son aspect le plus profond : l'identification au Christ qui implique la participation à sa mission rédemptrice, chacun selon sa vocation et ses circonstances particulières.
1. L'âme sacerdotale du chrétien
Pour comprendre le contenu de l'expression « âme sacerdotale » dans la prédication de saint Josémaria, il semble nécessaire de se référer à ses enseignements sur le sacerdoce commun, où elle trouve son fondement.
Cette doctrine, élaborée à partir des expressions fortes de l'Écriture Sainte (cf. Ex 19, 5-6 ; Is 61, 3-6 ; Rm 12, 1 ; 1P 2, 4-5, 9-10 ; Ph 2, 5 ; Apoc. 1, 5-6) et des Pères, est une constante dans ses écrits. Elle présente des nuances tout à fait originales du fait de la profondeur avec laquelle il médite sur le mystère de la Rédemption et sur celui de son charisme de fondateur : ouvrir dans l'Église un chemin de sainteté, d’» âmes contemplatives au milieu du monde » pour sanctifier - racheter - le monde de l'intérieur.
a) Le sacerdoce commun des fidèles, fondement de l'âme sacerdotale
Dès le début de son activité pastorale, saint Josémaria souligne, avec une conviction persuasive, que Dieu a voulu faire participer les chrétiens au caractère plein et définitif du sacerdoce du Christ, afin de continuer à maintenir sa présence rédemptrice parmi les hommes : « C'est encore le Christ qui passe ! Le Christ qui continue de passer dans les rues et les places du monde, en ses disciples, les chrétiens » (QCP 71). Par le Baptême, tous les fidèles participent au sacerdoce du Christ et sont appelés à partager leurs sentiments, leur désir des âmes, leur dévouement rédempteur qui doit se manifester dans tous les domaines de la vie : famille, travail, relations sociales. « La grande mission que nous recevons, avec le baptême, est celle de la co-rédemption » (QCP 120). Le sacerdoce commun est donc le sacerdoce de notre propre vie, de sorte que le chrétien, chaque chrétien, est habilité à offrir sa propre existence comme une « hostie agréable » à Dieu (Rm 12, 1 ; 1 P 2, 5).
On peut participer au sacerdoce unique du Christ d'une autre manière en vertu du sacrement de l'Ordre, à l’origine du sacerdoce ministériel par lequel le prêtre est spécifiquement configuré avec le Souverain Prêtre et peut agir en la personne du Christ-Tête, en conférant les sacrements de la Pénitence et de l'Eucharistie. La différence entre les deux sacerdoces n'est pas de degré, mais d'essence (cf. LG, 10 ; DEL PORTILLO, 1990, pp. 42-43). Les autres fidèles sont incorporés au Christ par le baptême, mais ils n'ont pas le pouvoir d'agir in persona Christi Capitis. Le pouvoir conféré par l'Ordre sacerdotal n'est pas détenu par les fidèles laïcs qui se trouvent devant ce que saint Josémaria appelait de façon imagée le mur sacramentel. « La fonction sanctifiante du laïc a besoin de la fonction sanctifiante du prêtre, qui administre le sacrement de la pénitence, célèbre l'Eucharistie et proclame la parole de Dieu au nom de l'Église » (Entretiens 69). Il existe donc une relation intime entre les deux sacerdoces, qui se présupposent et se complètent dans le contexte de l'appel commun à la sainteté et à l'accomplissement de la mission de l'Église. « Notre Seigneur Dieu nous a tous appelés à la plénitude de la charité, à la sainteté (…). Le prêtre n'est pas plus que le laïc, ni en tant qu'homme ni en tant que fidèle chrétien » (AIG, pp. 68-69, 72), c'est seulement la manière de participer au sacerdoce du Christ qui est différente.
En expliquant la doctrine théologique du sacerdoce commun, saint Josémaria ne se limite pas à exposer théoriquement cette vérité, mais il pousse à placer toute l'existence sous l'impulsion de ce sacerdoce, en transformant toute la vie en prière, sacrifice, culte à Dieu. En harmonie avec saint Paul, il affirme : « L'on comprend, mes enfants, que l'Apôtre pouvait écrire : tout est à vous ; mais vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu (1 Co 3, 22-23). Il s'agit d'un mouvement ascendant que le Saint-Esprit, partout présent en nos cœurs, entend provoquer dans le monde : à partir de la terre, jusqu'à la gloire du Seigneur. Et pour qu'il fût clair que même ce qui semble le plus prosaïque était inclus dans ce mouvement, saint Paul écrivait également : soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, et quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu (1 Co 10, 31) » (Entretiens 115).
Dans ce contexte, il utilise l'expression âme sacerdotale pour exprimer la disposition habituelle à exercer notre propre participation au sacerdoce éternel du Christ. C'est une impulsion intérieure qui imprègne l'être et l'agir du chrétien de sens apostolique et co-rédempteur. « Par le baptême, nous avons tous été institués prêtres de notre propre existence pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus-Christ, et pour réaliser chacune de nos actions dans un esprit d'obéissance à la volonté de Dieu, perpétuant ainsi la mission de Dieu fait Homme » (QCP 96).
De même que l'âme est la forme du corps, l'âme sacerdotale doit informer tous les moments et toute l'activité de l'existence chrétienne. Comme dans la vie du Christ où toutes ses actions étaient imprégnées du désir rédempteur qu'Il porte dans son cœur, l'âme sacerdotale, qui participe de ces mêmes sentiments, a un sens vif du péché et du besoin d'expiation, ainsi que de l'appel à transformer toute vie en louange de Dieu, en union avec le Christ et son Sacrifice sur l'autel. La grâce de l'Esprit Saint apporte avec elle toutes les vertus nécessaires qui permettent au sacerdoce spirituel reçu dans le Baptême de porter du fruit dans des œuvres : la foi donne de la clarté pour que l'activité quotidienne - travail, relations familiales et sociales - devienne un lieu de rencontre avec Dieu ; la charité pousse à faire de sa propre vie une offrande et un service ; et l'espérance conduit à répandre en tout temps la joie propre à celui qui se sait fils de Dieu et héritier du ciel.
« Regardez : la Rédemption, consommée lors de la mort de Jésus dans la honte et dans la gloire de la Croix,scandale pour les Juifs, folie pour les païens (1 Cor 1, 23), se poursuivra par la volonté de Dieu jusqu'à ce que vienne l'heure du Seigneur. Il est impossible de vivre selon le cœur de Jésus sans se sentir envoyés comme Lui, peccatores salvos facere (1 Tim 1, 15), pour sauver tous les pécheurs, et convaincus de la nécessité de se confier chaque jour davantage à la miséricorde de Dieu. C'est pourquoi notre désir le plus ardent est de nous considérer comme co-rédempteurs avec le Christ, sauver avec Lui toutes les âmes, parce que nous sommes, nous voulons être ipse Christus, Jésus-Christ Lui-même, et Lui s'est donné Lui-même en rançon pour tous (1 Tm 2, 6) » (QCP 121).
Il est significatif, tant de la radicalité avec laquelle il approfondit la doctrine du sacerdoce commun que de son appréciation des femmes, que certaines de ses déclarations les plus claires en ce sens s'adressent précisément aux femmes : « Vous, en tant que chrétiennes, vous avez une âme sacerdotale », affirmait-il quelques heures avant de quitter cette terre (26-VI-1975, cité dans DEL PORTILLO, 1976, p. 22), et dans une autre occasion assez proche il s'exprimait de manière similaire : » Moi à l'autel, je suis le Christ, je ne suis pas Josémaria. Toi, tu es une femme, mais tu as aussi une âme sacerdotale, c'est Saint Pierre qui le dit : vous êtes une race choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte... et il le dit aux hommes et aux femmes, à tous les chrétiens : donc tu es ipse Christus, le Christ lui-même » (Catéchèse en Amérique, I, 1974, p. 587 : AGP, Bibliothèque, P05).
b) Âme sacerdotale et identification au Christ
Les deux textes que nous venons de citer, dans lesquels il est dit que le chrétien ne doit plus être « alter Christus, mais ipse Christus » (QCP 104), montrent le rapport interne entre l'âme sacerdotale et l'identification au Christ. Cette identification a une racine sacramentelle que saint Josémaria a clairement rappelée à plusieurs reprises. « Le chrétien se sait greffé sur le Christ par le Baptême, habilité à lutter pour le Christ par la Confirmation, appelé à agir dans le monde par sa participation à la fonction royale, prophétique et sacerdotale du Christ, devenu une seule et même chose avec le Christ par l'Eucharistie, sacrement de l'unité et de l'amour. C'est pourquoi, comme le Christ, il doit vivre face aux autres hommes, en regardant avec amour chacun de ceux qui l'entourent ainsi que l'humanité tout entière » (QCP 106).
Mais cette base ou racine sacramentelle doit résonner dans la vie. Le chrétien doit laisser la vie du Christ « se manifester en [lui] » (QCP 104), « car le Christ veut s'incarner dans nos occupations, et animer jusqu'aux plus humbles de nos actions » (QCP 174). Pour cela, il est nécessaire de connaître et d'aimer le Christ, d'avoir ses mêmes sentiments. « Le chrétien doit, par conséquent, vivre selon la vie du Christ, en faisant siens les sentiments du Christ, de manière à pouvoir s'écrier avec saint Paul, non vivo ego, vivit vero in me Christus (Ga 2, 20), et si je vis, ce n'est plus moi, mais le Christ qui vit en moi » (QCP 103). Et il précise : « pour être ipse Christus il faut se regarder en Lui. (…) encore faut-il apprendre de Lui des manières et des attitudes. Et surtout, il faut contempler sa vie, son passage sur la terre, ses traces (…). C'est ainsi que nous nous sentirons mêlés à sa vie » (QCP 107), « nous devons, en effet, reproduire en nous le Christ vivant, en connaissant le Christ » (QCP 14).
Le chrétien configuré avec le Christ, « s'il laisse le Christ régner en son cœur » (QCP 183), participera aussi à sa mission, afin de retrouver « la plénitude de l'efficacité salvatrice du Seigneur dans toutes ses activités humaines » (ibid.). « Il n'est pas possible de séparer chez le Christ son être de Dieu fait homme et sa fonction de Rédempteur. Le Verbe a voulu s'incarner pour sauver les hommes, pour qu'ils ne fassent qu'un avec Lui. Voilà la raison de sa venue. Nous le récitons dans le Credo. Il est descendu du ciel pour nous et pour notre salut » (QCP 122). Et de même, chez le chrétien, il ne peut y avoir d'activité qui ne soit imprégnée de ce désir rédempteur, car « embrasser la foi chrétienne, c'est s'engager à poursuivre la mission de Jésus parmi les créatures. Chacun d'entre nous doit être alter Christus, ipse Christus, un autre Christ, le Christ lui-même. Ce n'est qu'ainsi que nous pourrons mener à bien cette vaste, cette immense entreprise qui n'aura jamais de fin : sanctifier de l'intérieur toutes les structures temporelles en y portant le ferment de la Rédemption » (QCP 183).
c) La Sainte Messe, point de référence décisif pour l'âme sacerdotale
« Grâce au Baptême et à la Confirmation, le peuple sacerdotal devient apte à célébrer la liturgie » (CCE, n. 1119). La première manifestation de l'âme sacerdotale est d'aimer le Saint Sacrifice de la Messe, où le chrétien unit son sacrifice à celui de Jésus-Christ, Prêtre et Victime, et - par Lui, avec Lui et en Lui - présente au Père toute ses œuvres et la création toute entière. « Avec une âme sacerdotale, faisant de la Sainte Messe le centre de notre vie intérieure, nous cherchons à être avec Jésus entre Dieu et les hommes » (Lettre 11-III-1940, n. 11 : AGP, série A.3, 91-6 - 1).
Saint Josémaria a conseillé de renouveler à la Sainte Messe l'offrande de sa vie et de son activité quotidienne afin que, une fois assumées par le Christ, elles reçoivent une valeur rédemptrice. La vie des fidèles unis au Christ par la grâce est toute entière un vrai culte spirituel, mais leurs actes de culte intérieur sont consommés quand, dans la Sainte Messe, ils unissent leur vie au Sacrifice du Christ et quand, en s'unissant à ce que fait le prêtre in persona Christi, ils s'offrent eux-mêmes avec toute leur vie. C'est cette offrande vitale lors du Sacrifice de l'Autel, de la célébration liturgique, qui nous permettra de vivre avec une âme sacerdotale pendant toute la journée : « Si nous vivons bien la Messe, comment ne pas continuer ensuite, pendant le reste de la journée, à penser au Seigneur, en ayant soin de ne pas nous éloigner de Sa présence, pour travailler comme Il travaillait et aimer comme Il aimait ? » (QCP 154).
d) Âme sacerdotale et amour de la Croix
Avoir une âme sacerdotale implique l'amour de la Croix, le désir de répandre partout le feu d'amour que le Christ est venu apporter sur la terre (cf. Lc 12, 49), le désir des âmes, l’urgence du salut de tous les hommes, le désir de porter le Christ jusqu'au dernier recoin de la terre : « le Seigneur nous a fait confiance pour rapprocher les âmes de la sainteté, pour les approcher de Lui, pour les unir à l'Église, pour étendre le règne de Dieu à tous les cœurs » (QCP 11). Et pour le faire avec une attitude sacerdotale. Il est propre à l'âme sacerdotale d'éprouver un sens vif du péché, qui pousse à l'expiation, au sacrifice joyeux, dans un don de soi qui nous apprend à voir dans tous les événements, même dans les douloureux, une source de vie, de grâce et de paix.
e) Âme sacerdotale et vie ordinaire
Conformément au cœur de son message - la sanctification au milieu du monde - le fondateur de l'Opus Dei a souligné la nécessité pour l'âme sacerdotale d'imprégner tout l'agir du chrétien. « Je ne me lasserai pas de répéter que le monde est sanctifiable et que cette tâche nous revient spécialement, à nous chrétiens. Nous devons le purifier des occasions de péché par lesquelles nous l'enlaidissons, et l'offrir au Seigneur comme une hostie spirituelle présentée et rendue digne par la grâce de Dieu et par notre effort » (QCP 120). « Pendant que vous exercez votre activité au cœur même de la société, en participant à toutes les nobles entreprises et à toutes les œuvres justes des hommes, vous ne devez pas perdre de vue le sens sacerdotal profond qu'a votre vie : vous devez être des médiateurs dans le Christ Jésus, pour amener toutes choses à Dieu, et pour que la grâce divine vivifie tout : Et moi, je serai très heureux de dépenser et de me dépenser tout entier pour vous (2 Co 12,15) » (cité dans Mons. Josemaría Escrivá de Balaguer y el Opus Dei, Eunsa, Pamplona 1982, p. 293). Dans cette ligne, il fait référence au travail : « Aux mains de Jésus, le travail, un travail professionnel semblable à celui qu'accomplissent des millions d'hommes dans le monde, devient une tâche divine, une œuvre rédemptrice, une voie de salut » (Entretiens 55). « Car, pour avoir été assumé par le Christ, le travail nous apparaît comme une réalité qui a été rachetée à son tour. Ce n'est pas seulement le cadre de la vie de l'homme, mais un moyen et un chemin de sainteté, une réalité qui sanctifie et que l'on peut sanctifier » (QCP 47). « C’est là notre place : à l’intérieur de ces limites-là ; nous devons nous y dépenser quotidiennement avec Lui, en L’aidant dans son travail rédempteur » (AD 49), afin que le travail devienne l'autel de l'offrande de notre propre existence à Dieu (cf. QCP 96).
2. Âme sacerdotale et mentalité laïque
La sécularité est une dimension de l'Église qui découle du mystère du Verbe incarné : en suivant ses traces, le chrétien ordinaire est présent dans le monde pour le sanctifier et l'amener à Dieu. Le monde est le lieu où Dieu l'a placé pour se sanctifier, rencontrer ses frères les hommes, pour Le placer Lui au sommet et au cœur de toutes les activités humaines (cf. F 678). C'est pourquoi le chrétien aime le monde et toutes les nobles entreprises humaines. Et il se sent appelé à remplir une tâche précise. Cette perspective provoque ce que saint Josémaria appelait la mentalité laïque.
Âme sacerdotale et mentalité laïque apparaissent ainsi comme des expressions et des réalités complémentaires. L'âme sacerdotale fait référence à un esprit, qui doit guider toutes les actions. La mentalité laïque fait plutôt allusion à un style, à une manière d'agir, à un tempérament d'âme (cf. ILLANES, « L'Église dans le monde : la laïcité des membres de l'Opus Dei », in OIG, p. 237). D'où l'invitation à mettre en pratique la mission du chrétien avec une mentalité laïque, avec la mentalité propre à ceux qui vivent dans le monde et dont la mission divine est de le surnaturaliser, le diviniser : « Avec une mentalité pleinement laïque, vous exercez cet esprit sacerdotal, en offrant à Dieu le travail, le repos, la joie et les contrariétés de la journée, l'holocauste de vos corps épuisés par l'effort du service constant. Tout cela est un sacrifice vivant, saint, capable de plaire à Dieu : c’est là, pour vous, la juste manière de lui rendre un culte (Rm 12, 1) » (Lettre 6-V-1945, n. 27 : AGP, série A.3, 92-4-2).
Saint Josémaria exhorte, en somme, à exercer l'âme sacerdotale avec une mentalité laïque, afin que toute l'existence devienne prière et sacrifice, sans la dénaturer, en respectant l'autonomie des diverses réalités terrestres et en les conduisant, depuis l'intérieur d'elles-mêmes, à Dieu. De la même manière, une âme sacerdotale et une mentalité laïque nous conduiront à découvrir et à vivre la sagesse surnaturelle et humaine qu'il faut pour savoir être à la place qui correspond à chacun dans le monde.
3. La Très Sainte Vierge Marie, modèle pour l'âme sacerdotale du chrétien
Sainte Marie a reçu une haute participation au sacerdoce du Christ, de rang éminent et incessible, en raison de sa maternité divine et de sa mission de Mère et Modèle de l'Église (cf. LG, 63). La très Sainte et toujours Vierge Marie a été co-rédemptrice dans tous les moments de sa vie, même dans les moments ordinaires et simples. « Les passages de la Sainte Écriture qui nous parlent de Notre Dame, montrent justement comment la Mère de Jésus accompagne son Fils pas à pas en s'associant à sa mission rédemptrice, en se réjouissant et en souffrant avec Lui, en aimant ceux qu'aime Jésus, en s'occupant avec une sollicitude maternelle de tous ceux qui sont à ses côtés » (QCP 141)
Son humble, discrète et très efficace collaboration à l'œuvre rédemptrice, « toute contente qu'elle était de se trouver à sa place, là où Dieu la voulait » (QCP 148), est la meilleure des espérances pour ceux qui veulent suivre les traces laissées par le Christ Rédempteur : « Marie nous montre que cette voie est praticable et qu'elle est sûre » (QCP 176).
Thèmes connexes : Croix ; Fidèles chrétiens ; Mentalité laïque ; Sacerdoce commun.
Bibliographie : AIG passim ; Antonio ARANDA « Le bouillonnement du Sang du Christ ». Étude sur le christocentrisme du bienheureux Josémaria Escrivá, Madrid, Rialp, 2000 ; Manuel BELDA - José ESCUDERO - José Luis ILLANES - Paul O'CALLAGHAN (dir.) La sainteté et le monde. Actes du colloque d'études théologiques sur les enseignements du bienheureux Josémaria Escrivá (Rome, 12-14 octobre 1993), Madrid, EUNSA, 1996 ; Arturo CATTANEO, « Âme sacerdotale et mentalité laïque » Romana. Bulletin de la Prélature de la Sainte Croix et Opus Dei, 34 (2002), pp. 164-182 ; Ángel GARCÍA IBAÑEZ, « La Sainte Messe, centre et racine de la vie du chrétien »Romana. Bulletin de la Prélature de la Sainte Croix et de l'Opus Dei, 28 (1999), pp. 148-165 ; Javier ECHEVARRÍA, « Josémaria Escrivá de Balaguer, prêtre au service de tous » Romana. Bulletin de la Prélature de la Sainte-Croix et de l'Opus Dei, 14 (1992), pp. 134-139 ; Lucas Francisco MATEO-SECO, « Thèmes théologiques dans la pensée du Bienheureux Josémaria Escrivá sur le sacerdoce ministériel »,ScrTh, 34 (2002), pp. 169-194 ; Fernando OCÁRIZ Enfants de Dieu dans le Christ. Introduction à une théologie de la participation surnaturelle, Pampelune, EUNSA, 1972 ; María Mercedes OTERO, « L'« âme sacerdotale » du chrétien », in Pedro RODRÍGUEZ - Pio G. ALVES DE SOUSA - José Manuel ZUMAQUERO (dirs.) Mgr Josémaria Escrivá de Balaguer et l'Opus Dei. À l'occasion du 50e anniversaire de sa fondation, Pampelune, EUNSA, 19852, pp. 293-317 ; Álvaro DEL PORTILLO Écrits sur le sacerdoce, Madrid, Palabra, 19916 aum. ID. Mgr Escrivá de Balaguer, témoin de l'amour pour l'Église, Madrid, Les Cahiers de Mundo Cristiano, 6, 1976 ; Pedro RODRÍGUEZ, « « Omnia traham ad meipsum ». Le sens de Jean 12,32 dans l'expérience spirituelle de Mgr Escrivá de Balaguer »Romana. Bulletin de la Prélature de la Sainte Croix et Opus Dei, 13 (1991), pp. 331-352, également dans AnTh, 6 (1992), pp. 5-34 ID. « Sacerdoce ministériel et sacerdoce commun dans la structure de l'Église », Romana. Bulletin de la Prélature de la Sainte Croix et Opus Dei, 4 (1987), pp. 162-176.