Audrey: la formation de femmes rurales, une expérience passionnante

D'octobre 2009 à juin 2010, le Centre d'Etudes Rigel a offert un programme de formation en micro-entreprises adressé à des étudiantes de Yaoundé et à des femmes de zones rurales près de Yaoundé.

Audrey

Le but était de transmettre aux étudiantes les outils nécessaires afin qu'à leur tour elles aident les paysannes à créer ou consolider des activités génératrices de revenus.

Audrey a 24 ans et prépare son Masters II en Histoire. Elle a participé aux deux phases du programme et nous livre son expérience.

  Comment as-tu pris connaissance du programme ?

C’est en lisant une affiche au Centre Culturel Français que j’ai pris connaissance du programme.

 

La première phase du programme correspondait à la formation des formatrices. En quoi cela consistait-il ?

Cela a consisté à la formation d’une trentaine de jeunes étudiantes en la maitrise des procédés de création d’une entreprise, des rouages et outils de gestion des entreprises, de la technique de rédaction d’un bon Plan d’Affaire (Business Plan) et enfin des qualités requises pour être un bon entrepreneur.

Quel profit as-tu tiré de cette formation ?

Le jour de la remise de nos attestations

Elle m’a été bénéfique d’un point de vue professionnel car j’ai pu acquérir de nouvelles connaissances dans un domaine qui s’éloigne complètement de ma formation académique préalable. De plus, cette première phase du programme comportait un volet de formation en anthropologie et leadership qui a eu un impact très positif sur ma personnalité. En outre d’un point de vue social, cette formation m’a permis de côtoyer de nouvelles personnes et d’en apprendre un peu plus sur moi-même et mes capacités d’intégration dans un milieu étranger.

  

Il y a quelques jours, s’est achevée la 2è phase du programme au cours de laquelle tu as dispensé à des femmes rurales la formation préalablement reçue, comment s’est déroulée cette expérience ?

Cette expérience a été pour moi la plus passionnante que j’aie connu jusqu’ici. Au départ on a beaucoup d’appréhension parce qu’on ne sait pas comment seront nos interlocutrices aussi bien sur le plan intellectuel que comportemental. Toutefois, en ce qui me concerne j'ai eu affaire à des mamans aussi bien jeunes qu'âgées qui se démarquaient par leur volonté profonde de connaissances. En effet, leur volonté de bien faire s’est manifestée par de nombreux sacrifices. Cela a été un grand plaisir que l’on peut exprimer difficilement par des mots.

 

Pourrais-tu nous parler de quelques femmes pour lesquelles ce programme a été particulièrement bénéfique ?

Les femmes du village

Je pense à maman Elisabeth qui a pu, grâce à cette formation, améliorer de façon palpable le rendement financier de son activité qui consiste à vendre des bâtons de manioc. Je voudrais également parler de maman Yvette qui, après le cours sur la fixation du prix de vente des marchandises, a élevé le prix de ses légumes tout en vendant davantage que ses voisines qui le proposaient à un prix plus bas. Des exemples comme ceux-là, nous en avons vu au cours de la formation. De plus, nous avons remarqué que presque toutes nos mamans attachaient une importance particulière à la bonne tenue du journal de caisse. A mon avis et selon leurs témoignages, elles ont toutes eu un bénéfice particulier au cours de cette formation.

 

Comment penses-tu mettre à profit tout ce bagage acquis à travers ce programme ?

Ce bagage sera mis à profit tout d’abord sur un plan personnel à travers la culture de la patience dans mon quotidien pour une meilleure intégration sociale et professionnelle. Ensuite, sur un plan plus pratique et professionnel, je projette de déposer un dossier d’embauche à l’INADES; c’est un institut panafricain qui promeut la formation des populations en zone rurale. De plus j’ai monté un projet de formation similaire pour les mamans de mon village (Ndikiniméki) qui est en attente de financement. Et enfin dans l’optique de rendre cette formation à la fois professionnelles et académique, j’ai postulé au programme de formation à distance de l’AUF d’un an en Master 2 sur la Formation des Accompagnateurs dans la Création d’Entreprises (FACE). Donc je pense que si ces projets se matérialisent j’aurais de quoi mettre en valeur ce programme.