Après 85 ans de service, dont 27 comme vicaire du Christ, Jean-Paul II rendit son âme à la Trinité, à la veille du dimanche de la miséricorde divine, le 2 avril 2005. Le jour de ses funérailles on sentait « déjà flotter le parfum de sa sainteté, et le Peuple de Dieu a manifesté de nombreuses manières sa vénération pour lui » (Benoît XVI, Homélie de béatification, 1/05/2011).
Quelques mois plus tard, son successeur, lui-même témoin rapproché du parcours de Karol Wojtyla, donnait le feu vert pour l’ouverture du procès en béatification.
Après une enquête rigoureuse, qui permit la reconnaissance officielle des vertus héroïques, et après la vérification d’un miracle, concernant une religieuse iséroise guérie de la maladie de Parkinson, la béatification eut lieu à Rome le 1er mai 2011 ; trois ans après, toujours dans ce dimanche de la miséricorde, si lié au témoignage personnel du saint, le pape François le canonisait, en même temps que son confrère Jean XXIII.
Jean-Paul II a conduit le Peuple de Dieu pour qu’il franchisse le « seuil de l’espérance », pour atteindre la plénitude dans le Christ
Jean-Paul II est vénéré par l’ensemble de sa vie, mais il a surtout laissé une trace indélébile par son pontificat fécond. Dans son testament, il confiait : «Lorsque, le 16 octobre 1978, le conclave des Cardinaux choisit Jean-Paul II, le Primat de la Pologne, le Cardinal Stefan Wyszyński, me dit: "Le devoir du nouveau Pape sera d’introduire l’Église dans le Troisième Millénaire" ». Quelques jours plus tard, l’encouragement du souverain pontife retentissait depuis la basilique jusqu’aux derniers recoins de la planète ; « N’ayez pas peur du Christ. Ouvrez-lui les portes ! ». Il réussit à inverser « avec une force de géant – force qui lui venait de Dieu – une tendance qui pouvait sembler irréversible » (Benoît XVI,ibidem). Jean-Paul II a conduit le Peuple de Dieu pour qu’il franchisse le « seuil de l’espérance », pour atteindre la plénitude dans le Christ, et non pas dans l’autosuffisance humaine.
« Le Seigneur l’a dépouillé petit à petit de tout, mais il est resté toujours un ‘rocher’, comme le Christ l’a voulu » (Benoît XVI)
Pasteur attentif et confesseur de la foi, il fut pèlerin de l’Évangile et témoin œcuménique. Son union au Christ s’est aussi manifestée dans la souffrance, jusqu’à frôler le martyre : « Le Seigneur l’a dépouillé petit à petit de tout, mais il est resté toujours un ‘rocher’, comme le Christ l’a voulu » (Benoît XVI, ibidem). Les tragédies qu’il a connues, ne l’ont pas écrasé. « Dieu était plus fort ; plus forte était la foi en Jésus Christ, rédempteur de l’homme et Seigneur de l’histoire ; plus forte était la miséricorde de Dieu manifestée par les cinq plaies » (pape François, Homélie de canonisation, 27/04/2014).
Ses trois encycliques sur la Trinité, en continuité avec les enseignements du concile (Lumen Gentium § 2-4), marquent l’axe de son magistère, qui a parcouru un éventail de thèmes clés, comme la vérité de la foi et de la raison, ainsi que le discernement moral. Agent généreux de centaines de béatifications et canonisations, il « rappela avec force la vocation universelle à la dimension élevée de la vie chrétienne, à la sainteté » (Benoît XVI, ibidem).
Totus tuus : « Je suis tout à toi et tout ce que j’ai est à toi. Sois mon guide en tout »
Dans ses armoiries il voulut conserver les symboles de la Croix et de la Mère de Dieu, illustrés par la devise Totus tuus : « Je suis tout à toi et tout ce que j’ai est à toi. Sois mon guide en tout » (St L.-M. Grignon de Montfort, Traité de la vraie dévotion à Marie). Notre Dame, « bienheureuse croyante » (Luc 1, 45), soutient la foi de l’Église et de ses pasteurs, notamment celle du vicaire du Christ. « Jean-Paul II est bienheureux pour sa foi, forte et généreuse, apostolique » (Benoît XVI, ibidem) ; il a su confirmer ses frères selon la demande du Sauveur (Luc 22, 32).
À Paris, près de la cathédrale Notre-Dame, une sculpture en bronze, grandeur nature, regarde la ville en geste recueilli de prière ; l’auteur, Zourab Tseretelli, président de l’Académie de Beaux-Arts de Moscou, l’offrit à la mairie de Paris ; le monument fut inauguré, en présence de l’auteur et des autorités civiles et religieuses, en 2014.