Ouverture du Synode pour les Eglises Orientales

Le 10 octobre 2010, Benoît XVI a présidé la messe concélébrée avec les Pères synodaux pour l'ouverture de l'Assemblée spéciale pour le Moyen Orient du Synode des évêques

Jérusalem, église du Sain-Sépulcre

Près la Salle de Presse du Saint-Siège, Mgr.Nikola Eterovic, Secrétaire général du Synode des évêques, a fait un point de presse pour fournir des informations sur le sens et le déroulement de l'assemblée synodale, dont le thème est : « L'Eglise catholique au Moyen Orient, communion et témoignage. La multitude des croyants n'avait qu'un coeur et qu'une âme ».

Tout d'abord, a dit Mgr Eterovic, le terme Moyen Orient couvre, outre Jérusalem et les Territoires palestiniens, l'Arabie Saoudite, Bahreïn, Chypre, l'Egypte, les Emirats Arabes Unis, la Jordanie, l'Iran, l'Irak, Israël, le Koweït, le Liban, Oman, le Qatar, la Syrie, la Turquie et le Yémen. Sur cette vaste région de 7.180.912 km2 vivent 356.174.000 personnes, dont 5.707.000 catholiques (soit 1,6% de l'ensemble). Quant aux chrétiens, ils seraient approximativement 20.000.000 personnes (5,62% de la population).

Jérusalem, église du Sain-Sépulcre

En plus de l'Eglise latine, il existe six Eglises orientales catholiques sui iuris , présidées par un patriarche : l'Eglise copte, l'Eglise syriaque, l'Eglise melkite, l'Eglise maronite, l'Eglise chaldéenne et l'Eglise arménienne.

« La variété de leurs traditions, spirituelle, liturgique et disciplinaire est une grande richesse à conserver non seulement pour ces Eglises orientales catholiques, mais aussi pour l'Eglise catholique toute entière, présidée dans la charité par l'Evêque de Rome et Pasteur universel ». A l'assemblée spéciale participeront 185 Pères synodaux, dont 101 évêques ordinaires des circonscriptions ecclésiastiques de la région, 23 de la diaspora en charge des fidèles émigrés dans les différentes parties du monde, ainsi que 36 experts et 34 auditeurs et auditrices. Des Délégués fraternels représenteront 14 Eglises et communautés ecclésiales, historiquement bien enracinés au Moyen Orient.

Parmi les invités spéciaux du Saint-Père on note le Rabbin David Rosen, Directeur du Département pour les affaires interreligieuses de l'American Jewish Committee et de l'Heilbrunn Institute for International Interreligious Understanding (Israël), M. Muhammad al-Sammak, Conseiller politique du Grand Mufti sunnite du Liban, et l'Ayatollah chiite Seyed Mostafa Mohaghegh Ahmadabadi, Professeur près la Faculté de droit à la Shahid Beheshti University de Téhéran, Membre de l'Académie iranienne des Sciences.

Cathédrale copte d'Assouan vue du Nil (Egypte). Photo Michel Benoist

Le lundi 11 octobre, sous la présidence du Saint-Père, la première Congrégation générale de l'Assemblée spéciale du Synode des évêques (Père synodaux présents) s’est réunit. Benoît XVI a d'abord rappelé que c'est le 11 octobre 1962 que Jean XXIII ouvrit les travaux du Concile oecuménique Vatican II. Après quoi, le Cardinal Leonardo Sandri, Préfet de la Congrégation pour les Eglises orientales, a ouvert la session, suivi de Mgr.Nikola Eterovic, Secrétaire général du Synode des évêques, qui a résumé la préparation de l'assise annoncée par le Pape le 19 septembre 2009 à l'issue de sa rencontre avec les Patriarches et Archevêques majeurs des Eglises orientales catholiques. Puis le Rapporteur général, SB Antonios Naguib, Patriarche copte d'Alexandrie, a lu le rapport préliminaire dont voici les grandes lignes.

De larges extraits de ce rapport sont disponibles ci-dessous, au format PDF.

Double objectif du Synode :

1)     Confirmer et renforcer l'identité des chrétiens du Moyen Orient, par la Parole de Dieu et les sacrements.

2)      Ranimer la communion entre les Eglises sui juris afin de donner un témoignage commun efficace. Aujourd'hui, la dimension oecuménique, le dialogue inter-religieux et la mission font partie de ce témoignage.

Syrie : la cathédrale maronite d'Allep

L’Eglise catholique au Moyen-Orient :

La situation des chrétiens : « La connaissance de l'histoire du christianisme au Moyen Orient est importante pour nous-mêmes, ainsi que pour le reste du monde chrétien... Nos Eglises, bénies par la présence du Christ et des apôtres, ont été le berceau du christianisme et des premières générations chrétiennes. C'est pourquoi elles ont la vocation propre d'y maintenir vive la mémoire des origines, de renforcer la foi de ses fidèles, et de vivifier en eux l'esprit de l'Evangile, pour qu'il guide leur vie et leurs rapports avec les autres, chrétiens et non chrétiens ».

Les défis auxquels sont confrontés les chrétiens :

«  Les situations socio-politiques de nos pays ont leur répercussion directe sur les chrétiens, qui en sentent plus fortement les conséquences négatives. Dans les Territoires Palestiniens la vie est très difficile, et parfois insoutenable. La position des chrétiens arabes est très délicate. Tout en condamnant la violence d'où elle vient, et en appelant à une solution juste et durable du conflit israélo-palestinien, nous exprimons notre solidarité avec le peuple palestinien, dont la situation actuelle favorise le fondamentalisme. » (…)

Réponse des chrétiens dans leur vie quotidienne

"La diversité dans l'Eglise Catholique, loin de nuire à son unité, la met en valeur"

Communion dans l’Eglise catholique et entre les diverses Eglises.

« Les signes principaux qui manifestent la communion dans l'Eglise catholique son : le Baptême, l'Eucharistie, et la communion avec l'Evêque de Rome, Coryphée des Apôtres. Le code canonique des Eglises orientales réglemente les aspects canoniques de cette communion, accompagnée et assistée par la Congrégation pour les Eglises Orientales et les divers dicastères romains.  Entre les Eglises catholiques au Moyen-Orient, la communion est manifestée par le Conseil des Patriarches catholiques d'Orient".

Intérieur de la Basilique de la Nativité, à Bethlehem

Le témoignage chrétien

Témoigner dans l’Eglise : la catéchèse (.. .)

Une liturgie renouvelée et fidèle à la Tradition.

« Dans nos Eglises orientales, la Liturgie est au centre de la vie religieuse. Elle joue un rôle important de garder l'identité chrétienne, de renforcer l'appartenance à l'Eglise, de vivifier la vie de foi, et de susciter l'attention de ceux qui sont loin, et même de ceux qui ne croient pas. Elle constitue donc une annonce et un témoignage importants d'une Eglise qui prie, et non seulement qui agit ».

L’Œcuménisme.

« L'action œcuménique nécessite des comportements adéquats: la prière, la conversion, la sanctification, et l'échange réciproque des dons, dans un esprit de respect, d'amitié, de charité mutuelle, de solidarité et de collaboration. Ces attitudes sont à cultiver et à encourager, par l'enseignement et les différents médias. Le dialogue est un moyen essentiel de l'œcuménisme. Il requiert une attitude positive de compréhension, d'écoute, et d'ouverture à l'autre. Ceci aidera à surmonter les méfiances, et à travailler ensemble pour développer les valeurs religieuses, et collaborer aux projets d'utilité sociale. Les problèmes communs doivent être abordés ensemble ».

Rapports avec le judaïsme.

« Le conflit israélo-palestinien a ses répercussions sur les rapports entre chrétiens et juifs. A plusieurs reprises, le Saint-Siège a clairement exprimé sa position, surtout à l'occasion de la visite de Benoît XVI en Terre Sainte en 2009... Nos Eglises refusent l'antisémitisme et l'antijudaïsme (…)».

Rapports avec les musulmans.

« Les raisons de tisser des rapports entre chrétiens et musulmans sont multiples. Tous sont concitoyens, partagent la même langue et la même culture, ainsi que les joies et les souffrances. En outre, les chrétiens ont la mission de vivre comme témoins du Christ dans leurs sociétés. Dès sa naissance, l'Islam trouva des racines communes avec le christianisme et le judaïsme, comme le Saint-Père le mentionna (…) ».

Le témoignage dans la société.

« Tous les citoyens de nos pays doivent affronter ensemble deux défis principaux: la paix et la violence. Les situations de guerres et de conflits que nous vivons génèrent la violence et sont exploitées par le terrorisme mondial. L'occident est identifié avec le christianisme, et on attribue les choix de ses Etats à l'Eglise. Tandis qu'aujourd'hui ses gouvernements sont laïcs, et de plus en plus opposés aux principes de la foi chrétienne. Il est important d'expliquer cette réalité, et le sens d'une laïcité positive, qui distingue le politique du religieux (…) ».

Contribution spécifique et irremplaçable du chrétien.

« La contribution spécifique du chrétien à sa société est irremplaçable. Par son témoignage et son action, il l'enrichit des valeurs que le Christ a apportées à l'humanité. Beaucoup de ces valeurs sont communes avec celles des musulmans, d'où la possibilité et l'intérêt de les promouvoir ensemble. La catéchèse doit former des croyants qui soient des citoyens actifs. L'engagement social et politique dépourvu des valeurs de l'Evangile est un contre-témoignage... (…) ».

Conclusion Quel avenir pour les chrétiens du Moyen-Orient ?

« Les contextes actuels sont source de difficultés et de soucis. Animés par l'Esprit Saint et guidés par l'Evangile, nous les affrontons dans l'espérance, et la confiance filiale dans la divine Providence. Nous sommes aujourd'hui un "petit reste", mais notre comportement et notre témoignage peuvent faire de nous une présence qui compte... Face à la tentation du découragement, nous devons nous souvenir que nous sommes des disciples du Christ ressuscité, vainqueur du péché et de la mort ».

L’espérance

« Nos Eglises ont besoin de croyants-témoins, tant au niveau des pasteurs, qu'au niveau des fidèles. L'annonce de la Bonne Nouvelle ne peut être fructueuse que si les évêques, les prêtres, les religieux, le religieuses et les laïcs sont enflammés de l'amour du Christ, et embrasés du zèle de le faire connaître et aimer. Nous avons confiance que ce Synode ne sera pas seulement un évènement passager, mais qu'il permettra réellement à l'Esprit de faire bouger nos Eglises ».

VIS