Le Vénérable Alvaro del Portillo, un collaborateur fidèle de saint Josémaria, un serviteur dévoué de l’Église

Aujourd'hui 11 mars, nous célébrons le centenaire de la naissance du Vénérable Álvaro del Prtillo. Comme prélude à cet événement, Monseigneur Francisco Sánchez-Casas, Vicaire Régional de l'Opus Dei en Côte d'Ivoire, a prononcé une conférence le dimanche 9 mars à la salle de conférences de l’École Nationale de l’Administration (ENA) d’Abidjan, pour tracer un profil succinct de celui qui a été le premier successeur de saint Josémaria à la tête de l’Opus Dei et qui sera béatifié le 27 septembre prochain à ...

...Madrid.

Aujourd'hui 11 mars, nous célébrons le centenaire de la naissance du Vénérable Álvaro del Prtillo.

Comme prélude à cet événement, Monseigneur Francisco Sánchez-Casas, Vicaire Régional de l'Opus Dei en Côte d'Ivoire, a prononcé une conférence le dimanche 9 mars à la salle de conférences de l'École Nationale de l'Administration (ENA) d'Abidjan, devant un public nombreux, pour tracer un profil succinct de celui qui a été le premier successeur de saint Josémaria à la tête de l'Opus Dei et qui sera béatifié le 27 septembre prochain à Madrid.

À l'intérêt du sujet de la conférence s'ajoute la circonstance que le conférencier a fait connaissance du Vénérable del Portillo en 1967, puis il a travaillé auprès de saint Josémaria et de don Alvaro entre 1970 et 1972 ; depuis 1980, en tant que Vicaire Régional de l'Opus Dei en Côte d'Ivoire, il a rencontré à plusieurs reprises celui qui était alors à la tête de l'Opus Dei, jusqu'à 1994, année du décès de celui-ci ; cela a permis au conférencier de nous donner des témoignages de première main.

Nous vous offrons des extraits de sa conférence ; le texte complet est disponible à l'adresse indiquée ci-dessus.

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Qui est le Vénérable Alvaro del Portillo ? La réponse est simple : Alvaro del Portillo est le fils et le collaborateur le plus fidèle de saint Josémaria, fondateur de l'Opus Dei, et son premier successeur à la tête de cette institution de l'Eglise Catholique. Cette réponse peut sembler un peu trop partielle du moment où la seule référence prise en compte est sa relation personnelle avec saint Josémaria. Eh bien, je pense pour ma part qu'elle est au contraire, la plus complète. Elle constitue la clé pour connaître dans toute sa profondeur l'itinéraire humain et spirituel vraiment exceptionnel d'Alvaro del Portillo, son amour de l'Eglise et sa condition de pasteur exemplaire comme Prélat-Evêque de la Prélature de l'Opus Dei.

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La rencontre avec l'Opus Dei

Nous commençons par le témoignage le plus autorisé sur don Alvaro : celui de saint Josémaria, fondateur l'Opus Dei. « Alvaro est un modèle, c'est parmi mes fils celui qui a le plus travaillé et le plus souffert pour l'œuvre, celui qui a le mieux saisi mon esprit ». Ces mots, écrits par saint Josémaria dans une lettre de 1962, nous font pénétrer dans le patrimoine de sainteté et de service de l'Eglise qui renferme la vie de celui qui, dans quelques mois, sera le bienheureux Alvaro del Portillo.

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Une fidélité inconditionnelle

Le rôle joué par don Alvaro a dû être considérable. Une preuve claire de cette affirmation c'est une lettre que le fondateur lui adressa le 23 mars 1939. Dans cette lettre, saint Josémaria utilise une métaphore biblique : celle du rocher, en latin saxum. La raison en est claire. Avec ce mot, saxum , il désire lui faire part de toutes les espérances qu'il plaçait en lui, dans sa force d'âme et dans sa correspondance généreuse à la grâce, pour accomplir fidèlement les plans de Dieu : « Que Jésus te protège, saxum. Je sais que tu l'es. Je vois que le Seigneur te prête sa force et rend mes paroles efficaces: saxum ! Remercie-le et sois-lui toujours fidèle... ».

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La vie de don Alvaro est ancrée toute entière dans cette vertu : une fidélité sans réserve à l'appel reçu de Dieu. La fidélité à cet engagement d'amour sera toujours le fil conducteur de son existence et l`unique raison de sa vie ; un fil qui tout en donnant continuité à une décision jamais révoquée, va relier tous les moments de sa vie à l'appel reçu, vécu « jusqu'aux conséquences les plus extrêmes ». Je ne saurais apporter une confirmation plus éloquente de cette affirmation que ces mots du Décret sur les vertus du Serviteur de Dieu, l'un des actes du procès de béatification : « Vir fidelis multum laudabitur. Un homme fidèle sera comblé de bénédictions ( Pr 28,20). Ces mots de l'Écriture s'appliquent à la vertu la plus caractéristique de l'évêque Álvaro del Portillo : la fidélité. Fidélité totale avant tout à Dieu, pour accomplir sa volonté avec diligence et générosité ; fidélité à l'Église et au Pape ; fidélité au sacerdoce ; fidélité à la vocation chrétienne, à tout moment et dans toutes les circonstances de sa vie ». [1]

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Alvaro del Portillo, le fils et le collaborateur le plus fidèle de saint Josémaria.

Avec la simplicité et le sourire qui le caractérisait, don Alvaro a su s'effacer pour être l'appui ferme et discret dont le Fondateur de l'Opus Dei avait besoin. Mais nous ne devons pas nous méprendre sur le sens qu'il faut donner à ce mot. S'effacer ne signifie pas renoncer à ses talents et à ses qualités, mais mettre ces talents et ces qualités au service de Dieu.

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Avec saint Josémaria

Depuis sa participation, à côté de saint Josémaria, dans la première expansion de l'Opus Dei dans plusieurs villes d'Espagne et à l'étranger, et à celles qui se sont succédé dans les années qui suivirent, en passant par son travail intense pour obtenir une approbation pontificale conforme au caractère séculier de l'Œuvre, et la recherche de fonds pour faire face à un développement du travail apostolique toujours grandissant, don Alvaro non seulement n'a épargné aucun sacrifice, mais aussi, et surtout, a secondé saint Josémaria. Combiner force d'âme et souplesse, énergie et patience, activité intense et sérénité d'esprit, n'est pas chose facile. Les bonnes qualités ne sont pas absentes du risque de débordement si une exigence supérieure ne les canalise pas vers l'essentiel : la fidélité à l'engagement assumé. L'équilibre harmonieux de toutes ces qualités chez don Alvaro donnera à son obéissance et à sa force d'âme cette simplicité et ce naturel qui sont comme des traits essentiels de l'action du Saint Esprit.

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Don Alvaro, le premier successeur de saint Josémaria à la tête de l'Opus Dei

Saint Josémaria Escrivá, comme vous le savez, est mort soudainement dans son bureau le 26 juin 1975, à l'âge de 73 ans. Dans les jours qui ont suivi, don Alvaro a convoqué le Congrès électif qui devait procéder à l'élection du successeur du fondateur de l'Opus Dei. L'élection eut lieu le 15 septembre 1975, à Rome, au siège central de l'Opus Dei. Lorsque, avec une joie et une reconnaissance immenses, nous avons appris le résultat de cette élection, personne ne s'est étonné que les membres de l'Opus Dei désignés à cet effet aient choisi don Alvaro à l'unanimité pour être son premier successeur. Ce choix n'était que la confirmation d'un fait évident dont nous étions tous, d'une manière ou d'une autre, témoins ; le fondateur l'avait déjà préparé depuis que Dieu l'avait « mis à mes côtés », comme il aimait répéter.

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Il n'est pas possible de tracer ici ce qu'a été cette nouvelle et définitive étape dans l'Opus Dei. Limitons-nous à résumer quelques traits saillants de la période pendant laquelle don Alvaro del Portillo a gouverné l'Opus Dei : la forte croissance du nombre de membres, la très sensible expansion géographique, l'Œuvre étend ses activités apostoliques, sous son impulsion, entre 1975 et 1994, dans vingt nouveaux pays des cinq continents, parmi lesquels la Suède, l'Inde, Israël, le Congo, la Côte d'Ivoire, la Nouvelle-Zélande, l'abondance de vocations sacerdotales, la conclusion de l'itinéraire juridique avec l'érection de l'Œuvre en prélature personnelle — un travail où la fidélité de monseigneur del Portillo à l'esprit et aux intentions de saint Josémaria a brillé d'éclat particulier -, la béatification du fondateur, solennellement proclamée par le pape le 17 mai 1992 sur la place Saint-Pierre, et tant d'autres initiatives apostoliques à caractère social, culturel, éducatif qui sont nées et se sont développées sous son impulsion.

Le vénérable Alvaro del Portillo avec nous, à Abidjan, en 1989

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Un serviteur dévoué de l'Eglise

Avec le vénérable Paul VI

J'ai fait référence à son amour de l'Eglise et du saint Père : une passion qui l'a conduit, parmi tant d'autres manifestations, à être toujours disponible. Il a accepté de bon cœur toutes les demandes qui lui ont été adressées. Pendant de nombreuses années, il a rendu compatible son travail comme Secrétaire Général de l'Opus Dei avec les tâches qui lui étaient confiées comme membre de la Congrégation de la Doctrine de la Foi. Ensuite, le Concile Vatican II fut pour lui l'occasion de donner le meilleur de lui-même dans, la discrétion mais avec une efficacité reconnue par tous. Il fut président de la Commission ante-préparatoire des laïcs et membre d'autres commissions, expert conciliaire et, pendant les sessions de cette grande assemblée œcuménique, secrétaire de la Commission sur la discipline du clergé et du peuple chrétien, et consulteur de nombreuses autres Commissions conciliaires. Jusqu'à sa mort il a été consulteur d'un grand nombre de Congrégations pontificales et membre du secrétariat du Synode des évêques.

Deux études sont en partie le fruit de son travail pendant le Concile Vatican II : Fidèles et laïcs dans l'Église et Vocation et mission du prêtre ; elles sont toujours des références fondamentales pour celui qui veut comprendre les acquis de l'assemblée conciliaire dans ces aspects centraux du mystère de l'Eglise.

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Mais, le lieu où cet amour de l'Eglise a brillé d'un éclat particulier est celui de sa mission de Pasteur fort et prudent de l'Opus Dei, accomplie dans une union très étroite avec le Saint Père et tous les évêques en communion avec lui. Le 6 janvier 1991, le pape Jean-Paul II conféra l'ordination épiscopale à don Alvaro del Portillo, ce qui apparaissait conforme à la nature juridique et hiérarchique de la Prélature. Par son ordination épiscopale, don Alvaro fut incorporé au collège des évêques. Il vécut alors, sacramentellement, son union avec les évêques, qu'il avait apprise au cours de ses nombreuses années aux côtés du fondateur et qu'il avait cultivée avec une générosité croissante tout au long de sa vie et comme Prélat de l'Opus Dei.

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Avant de terminer, je voudrais faire une dernière considération toute personnelle. Y-a-t- il un jour, un événement, dans la vie de don Alvaro où tout ce qu'il a été et fait soit comme condensé ? Je n'ai aucun doute là-dessus : oui. Ce jour et cet événement ont existé : le 17 mai 1992. Ce jour, ce cadre splendide et unique dans le monde qu'est l'immense esplanade de la basilique de saint Pierre, accueillait près de trois cent mille personnes venues du monde entier pour assister à la béatification de Josémaria Escrivá, fondateur de l'Opus, et de Giuseppina Bakhita, religieuse canossienne, par le Pape Jena Paul II. Don Alvaro a pu participer aux côtés du Saint-Père, depuis l'autel installé devant la basilique, à la proclamation officielle de la réalité dont il était un témoin privilégié : la sainteté du fondateur de l'Opus Dei et, par là même, la confirmation extraordinaire de l'efficacité chrétienne de l'esprit qu'il avait transmise.

Lorsque, le lendemain matin 18 mai, après la Messe d'action de grâces, don Alvaro, invité par le saint Père, bénissait avec lui la foule ressemblée Place saint Pierre, ayant en arrière plan le portrait de saint Josémaria, suspendu sur la façade de la basilique, don Alvaro ne s'est jamais autant effacé, tous les regards étaient fixés sur saint Josémaria, mais à la fois, il n'a jamais été aussi présent comme son fils le plus fidèle.

Le 11 mars 1994 Mgr del Portillo fêta ses quatre-vingt ans. Trois jours plus tard, il entreprenait un pèlerinage en Terre Saint pour visiter les lieux où Notre Seigneur a vécu. Dans son esprit ce voyage avait une raison qui était sans doute la plus importante et qui, avec la joie et l'émotion de prier dans les lieux évangéliques, formait un seul but: accomplir un désir que saint Josémaria aurait tant voulu réaliser personnellement.

Le 23 mars, juste après son retour de Terre Sainte, don Alvaro fut rappelé à Dieu. Sa dernière Messe avait été célébrée au Cénacle comme un signe de cette identification avec le Christ, Rédempteur de l'homme toujours recherché et réalisée. Je pense que c'était le cadeau le plus beau que Dieu pouvait lui faire avant de le rappeler à Lui. Le Saint Père, Jean Paul II a voulu se rendre au siège de la Prélature, pour prier devant sa dépouille mortelle. Je voudrais rapporter deux détails significatifs de ce geste combien éloquent du Vicaire du Christ. Lorsqu'on lui a présenté le rituel pour réciter une absoute, le Pape l'a pris, mais il ne l'a pas récité, il a préféré répéter trois fois le Gloire. Et déjà dans la rue, sur le point de monter dans la voiture, lorsque Mgr Echevarrria, alors Vicaire Général, a remercié de tout son cœur et au nom de tous ce geste si émouvant du Pape, Jean Paul II s'est limité à répondre, en italien : ci voleva, ci voleva , je devais le faire, je devais le faire. Ce double témoignage du bienheureux Jean Paul II, bientôt saint Jean Paul II, est un témoignage de taille de la sainteté de ce bon et fidèle serviteur de l'Eglise. Ce sont ces sentiments qu'il a exprimés dans le télégramme envoyé pour présenter à tous les membres de l'Opus Dei ses condoléances les plus sincères ; il évoquait « avec reconnaissance au Seigneur, la vie pleine de zèle sacerdotal et épiscopal du défunt, l'exemple de force et de confiance en la Providence divine qu'il a constamment offert, ainsi que sa fidélité à la Chaire de Pierre et son généreux service à l'Eglise comme plus proche collaborateur et successeur digne de louange de Josémaria Escrivá ».

Le bienheureux Jean-Paul II est allé prier devant la dépouille mortelle de don Alvaro, exposée à l'église prélatice, au siège de l'Opus Dei

Je voudrais finir avec des mots prononcés par celui qui devait succéder à don Alvaro, monseigneur Javier Echevarría, comme Evêque Prélat de l'Opus Dei, au cours des funérailles publiques qui ont eu lieu le 25 mars 1994 dans la basilique romaine San Eugenio a Valle Giulia : « monseigneur Alvaro del Portillo a été — et je ne suis pas aveuglé par la profonde affection filiale que je nourris à son endroit — un géant dans le firmament ecclésial de cette deuxième moitié de siècle.»

[1] Décret sur les vertus du Serviteur de Dieu , Alvaro del Portillo, 20 juin 1912.