Le Père et le Sang

Nouvel article inspiré par les illustrations de la Bible de Saint Louis : "Dans le manuscrit médiéval, le Christ, agenouillé, montre au Père, assis avec le livre de la vie, les plaies de ses mains en faveur du peuple". La dévotion aux saintes plaies du Christ est intimement liée à la joie pascale : le Christ plaide notre cause devant son Père.

Pieta, El Greco - photo de Fred de Noyelle/Godong


La Pâque rajeunit l’Alliance. Tout genou fléchit devant le Sauveur, qui délivre les justes retenus aux enfers, rassure les disciples ici-bas et prépare son départ vers les cieux. Là-haut, « il est toujours vivant pour intercéder en leur faveur » (Hébreux 7,25). Nous suivons le Rédempteur dans son parcours, en élevant nos cœurs dans un alléluia reconnaissant.

Le Fils, guidé par l’Esprit d’Amour, a accompli le dessein du Père. Le Bon Pasteur a donné sa vie, dans la liberté de sa miséricorde, pour le troupeau dispersé. Il a été meurtri à notre place.

Le Sang versé par Fils dans sa Passion, tout en étant le signe de sa vulnérabilité physique, est la preuve irréfutable de sa charité sans bornes. Le sang montre le battement de la vie, l’impulsion de l’amour, la générosité du sacrifice. Le Saint Sang est prix de salut.

L’enluminure parisienne (Bible de Saint Louis, Paris, 1235, t. 1, f. 36 : © Moleiro, 2002) présente Jésus déjà mort, les yeux fermés ; Dieu le Père bénit le côté transpercé, source du Sang rédempteur, en présence d’un groupe de fidèles. Le Père, fier du Fils, invite à honorer le Rédempteur. Debout, il montre sa souveraineté et sa proximité bienveillante. Proche de Jésus souffrant, humilié, il le soutient, l’encourage et lui assure le triomphe définitif. Dieu le Père est protagoniste de l’événement de la Croix.

« Glisse-toi dans les plaies du Christ crucifié. Tu y apprendras à maîtriser tes sens, tu auras une vie intérieure et tu offriras continuellement au Père les souffrances du Seigneur et celles de Marie, pour acquitter tes dettes et toutes les dettes des hommes » (Saint Josémaria, Chemin §288).

A son tour, le Fils a demandé de l ’aide au Père pour surmonter l’épreuve et l’a acceptée soumis. Ainsi l’Agneau méprisé obtient les bénédictions divines. Le Père accepte le précieux Sang, sorti de son cœur pour féconder le monde. L’Esprit Saint dicte la réponse du Christ, qui « enfante » dans la douleur le Peuple des rachetés.

Dans la gloire, les Plaies saintes s’activent dans l’intercession du Prêtre souverain. « Ce n’est pas, en effet, dans un sanctuaire fait de main d’homme que Christ est entré, mais dans le ciel même, afin de paraître maintenant pour nous devant la face de Dieu » (Hébreux 9, 24). Dans le manuscrit médiéval, le Christ, agenouillé, montre au Père, assis avec le livre de la vie, les plaies de ses mains en faveur du peuple (Bible de Saint Louis, f. 152).

Un message pascal d’espérance : « Qui condamnera ? Jésus Christ est mort, bien plus il est ressuscité, lui qui est à la droite de Dieu et qui intercède pour nous ! » (Romains 8, 34).

Un Cœur glorifié palpite avec un Sang vivificateur pour nous transformer, pour nous donner « la possibilité de découvrir les battements d'un Cœur qui bat dans sa poitrine blessée » (Saint Josémaria, Prêtre pour l’éternité).

Abbé Fernandez