Le grand pas de Paul

La semaine de l’unité qui s'achève par la conversion de Saint Paul nous invite à la prière et à la conversion. La Miséricorde divine éclate dans cette transformation profonde du pharisien fanatique en apôtre zélé, source d'inspiration pour le dialogue œcuménique.

La conversion de saint Paul est un jalon majeur de la Nouvelle Alliance. «Saul de Tarse, devenu saint Paul, se présente aujourd'hui devant nous comme témoin : il a ressenti de façon singulière la puissance de la Croix sur la route de Damas.

La conversion de saint Paul est un jalon majeur de la Nouvelle Alliance.

Le Ressuscité s'est manifesté à lui dans toute sa puissance aveuglante »(Jean-Paul II, Homélie pour la journée du pardon, 12/04/2000 §6).

La miséricorde agissante du Christ transforme l’ennemi acharné en instrument de choix. Terrassé, transi de lumière, ayant besoin de soutien, le parcours fougueux de Saul arrive à un tournant décisif. L’huile sur bois du Caravage (1604 : première version, collection privée, Rome) le montre avec véhémence. Le doux « Pourquoi ? » (Actes 9, 4) du Seigneur a arrêté une course folle.

La semaine de prière pour l’unité peut s’inspirer de la miséricorde qui a changé Paul

La semaine de prière pour l’unité peut s’inspirer de la miséricorde qui a changé Paul ; ensuite, débordant de compassion, il a demandé pardon à Dieu et à ses victimes ; il a aussi pardonné ses ennemis (2 Corinthiens 2, 10). Un bel exemple pour la conversion, quand nous confessons nos fautes contre la fraternité devant le tribunal de réconciliation.

La première étape de sa vie n’a pas été brillante : « Paul persécuteur, haineux et obstiné » (saint Josémaria, Chemin §483) ; mais le baptême l’a revêtu du Christ. Sans tergiverser, il se reconnaît privilégié de l’amour : « S'il m'a été fait miséricorde, c'est afin qu'en moi, le premier, Christ Jésus démontrât toute sa générosité, comme exemple pour ceux qui allaient croire en lui » (1 Timothée 1, 13). Ainsi transformé, l’apôtre a marqué, avec ses périples et son sang, un sommet de témoignage de foi.

Celui qui se déclarait « l'avorton » (1 Corinthiens 15, 8) ou « le premier des pécheurs » (1 Timothée 1, 15) a été « jugé digne de confiance » (1 Timothée 1, 12). Gardant le contraste entre son passé méprisable et la proximité de Jésus, il s’incline devant ses frères : « Je suis le plus petit des apôtres, indigne d'être appelé apôtre » (ibidem 15, 9). Comme autrefois Pierre, Paul montre la fécondité de la grâce. Ils soutiennent la cohésion l’Église de tous les temps.

La semaine de l’unité invite à la prière, afin que l’Esprit Saint enlève les obstacles de l’autosuffisance et de la méfiance.

La semaine de l’unité invite à la prière, afin que l’Esprit Saint nous touche, et à la conversion, afin qu’il enlève les obstacles de l’autosuffisance et de la méfiance. « L’Église du présent ne peut se constituer comme un tribunal vis-à-vis de l’Église du passé, mais elle peut chercher à faire la vérité, c’est-à-dire à ne pas nier les fautes du passé, sans pour autant adopter une attitude de fausse humilité en s’attribuant des fautes historiquement non prouvées » (Card. J. Ratzinger, Déclarations sur la cérémonie de repentance du Jubilé, 7/03/2000).

Ces circonstances éclairent aussi la charité et la compréhension à déployer dans le dialogue œcuménique, quand nous rencontrons des âmes égarées. La conversion inspire confiance. « Ne tombons pas dans le cynisme destructeur. Ouvrons nos yeux pour voir les blessures de tant de frères et sœurs » (pape François, Le Visage de la Miséricorde §15). L’appel inattendu de Paul éclaire la rencontre avec des frères éloignés, avec des âmes égarées. Nous n’avons le droit de mépriser personne.

« Ne tombons pas dans le cynisme destructeur. Ouvrons nos yeux pour voir les blessures de tant de frères et sœurs » (Pape François)

« Demandons pardon pour les divisions qui sont intervenues parmi les chrétiens, pour la violence à laquelle certains d'entre d'eux ont eu recours dans le service à la vérité, et pour les attitudes de méfiance et d'hostilité adoptées parfois à l'égard des fidèles des autres religions. Pour la part que chacun d'entre nous, à travers ses comportements, a eue dans ces maux, contribuant à défigurer le visage de l'Église, nous demandons humblement pardon. Dans le même temps, tandis que nous confessons nos fautes, nous pardonnons les fautes commises par les autres à notre égard. (Jean-Paul II, ibidem §4).

La splendide toile La Conversion de Saint Paul, du Parisien Laurent de La Hyre, fut offerte à la cathédrale Notre-Dame pour le 1er mai de 1637 : sa gestuelle baroque montre le vif dialogue entre le Rédempteur et le Pharisien impitoyable. À partir de cette humiliation, il deviendra bâtisseur d’unité.

Abbé Fernandez - photo : Shutterstock.com