La rencontre de Mgr Akasheh avec les journalistes

En charge des relations avec les musulmans au sein du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, Monseigneur Khaled Akasheh est venu rencontrer des journalistes français lors d'un déjeuner presse organisé par le service de communication de l'Opus Dei. L'occasion pour lui de revenir sur la place des chrétiens du Moyen-Orient et la brûlante question du dialogue.

Mgr Khaled Akasheh : « Le dialogue n'est possible qu'en vérité »

Paris, le 21 mai 2015 -

« Quel oriental avez-vous devant vous ? ». C'est avec cette surprenante question que Mgr Akasheh, jordanien, a ouvert son intervention ce jeudi 21 mai en revenant sur les origines de sa famille. Loin d'être anecdotique, cette entrée en matière fut l'occasion pour les personnes présentes de toucher du doigt la complexité d'une réalité : celle des chrétiens du Moyen-Orient. Syriaques, Coptes, Maronites, Chaldéens… S'il est parfois difficile de s'y retrouver, force est d'admettre la richesse d'un patrimoine culturel et rituel aujourd'hui menacé. « Sans les habitants originels de cette région que sont les chrétiens, le Moyen-Orient ne serait plus aujourd'hui qu'une mosaïque cassée », explique Mgr Akasheh.

Du double langage à la parole de vérité

Il nous faut donc apprendre à dialoguer. Oui mais « à dialoguer en vérité, avec beaucoup de précision théologique ». Selon Mgr Akasheh, nous devons en finir avec le langage de l'ambigüité en cessant d'opposer « l'Orient musulman » et « l'Occident chrétien », de parler de « minorité chrétienne » ou de « musulmans modérés ». « Il y a aussi beaucoup de justes parmi les musulmans dont on ne parle pas assez. Il ne faut jamais oublier que la majorité des musulmans sont des personnes comme nous qui n'aspirent qu'à vivre paisiblement avec leur famille ». Si nous ne pouvons reconnaître l'origine divine de l'islam, nous devons en percevoir les éléments de vérité : un Dieu unique, la Vie éternelle, l'attention aux autres, etc. Nous devons également en finir avec une certaine forme de victimisation et remplacer les lamentations par des actes. « On ne peut pas lire le livre de Jérémie en oubliant celui des Actes des apôtres », n'hésite pas à rappeler Mgr Akasheh !

La litanie de l'espérance

Si les défis sont nombreux, les motifs d'espérance ne le sont pas moins. « L'autre devient aussi ce que nous voulons qu'il devienne. C'est pourquoi, nous devons travailler avec clarté, détermination, courage et vérité, pour apprendre à cheminer ensemble ». Une invitation traduite en fin d'intervention par une série d'exhortations adressées aux chrétiens d'orient :

  • 1.La foi en Jésus-Christ est notre trésor: conservons-la!
  • 2.Nous sommes associés au mystère pascal du Christ d'une manière particulière: soyons Simon de Cyrène et Marie Madeleine!
  • 3.Nous sommes les fils des saints et des confesseurs: soyons saints nous aussi!
  • 4.Le christianisme est né dans notre Orient: restons-y, en conservant notre héritage!
  • 5.Les musulmans sont nos frères: aimons-les dans la vérité!
  • 6.Nous sommes les frères des musulmans : laissons-nous aimer par eux!
  • 7.Nous sommes proches des musulmans d'Orient et des chrétiens d'Occident : soyons des instruments de paix!
  • 8.Pour nous le dialogue est « pain quotidien »: pratiquons-le au service du règne!
  • 9.L'espérance est notre petite « lampe »: ne laissons personne nous la voler!
  • 10.Le Christ, vainqueur du monde, est avec nous : soyons dans la paix et dans la joie, malgré tout! »