La liberté des laïcs

Une caractéristique de toute vie chrétienne - quel que soit le chemin qu'elle emprunte pour s'accomplir - est « la dignité et la liberté des enfants de Dieu ».

Une caractéristique de toute vie chrétienne - quel que soit le chemin qu'elle emprunte pour s'accomplir - est « la dignité et la liberté des enfants de Dieu ». À quoi vous rapportez-vous donc, lorsque vous défendez, avec tant d'insistance, comme vous l'avez fait tout le long de votre enseignement, la liberté des laïcs ?

- Je me parle très exactement de la liberté personnelle, que les laïcs ont de prendre, à la lumière des principes énoncés par le magistère, toutes les décisions concrètes d'ordre théorique ou pratique - par exemple, par rapport aux diverses options philosophiques, économiques ou politiques, aux courants artistiques ou culturels, aux problèmes de la vie professionnelle ou sociale, etc. - que chacun juge en conscience les plus appropriées et les plus conformes à ses convictions personnelles et à ses aptitudes humaines.

Cette sphère d'autonomie nécessaire, dont le fidèle catholique a besoin pour ne pas être en situation d'infériorité vis-à-vis des autres laïcs, et pour pouvoir réaliser efficacement sa tâche apostolique particulière au milieu des réalités temporelles, cette autonomie, dis-je, doit toujours être respectée par tous ceux qui exercent, dans l'Église, le sacerdoce ministériel. S'il n'en était pas ainsi - s’il s'agissait d'instrumentaliser le laïc à des fins qui dépassent les buts du ministère hiérarchique -, on verserait dans un anachronique et lamentable cléricalisme. On limiterait énormément les possibilités apostoliques du laïcat - le condamnant ainsi à une perpétuelle immaturité -, mais surtout on mettrait en péril - plus spécialement de nos jours - le concept même d'autorité et d'unité dans l'Église. Nous ne pouvons oublier que l'existence, parmi les catholiques eux-mêmes, d'un authentique pluralisme de jugement et d'opinion dans les domaines que Dieu laisse à la libre discussion des hommes, ne s'oppose pas à l'ordonnance hiérarchique et à l'unité nécessaire du Peuple de Dieu, mais bien au contraire les fortifie et les défend contre les impuretés éventuelles.

Interview accordée à Pedro Rodriguez pour la Revue Palabra , en octobre 1967 dans Entretiens avec Mgr Escriva de Balaguer, publié aux Editions Le Laurier, Paris, 1987