Akatio, un choix qui m’a ouvert d’autres horizons

Ulrich, Directeur du Projet de Formation Professionnelle Akatio, raconte son expérience depuis son arrivée en 2017 dans cet établissement jusqu’à ce jour.

Ulrich à son bureau de responsable pédagogique en 2017

Là où tout a commencé

En janvier 2017, je venais à peine d’obtenir la Maîtrise en Droit privé à l’Université Félix Houphouët Boigny de Cocody lorsqu’on me proposa de travailler comme Responsable Pédagogique pour un projet de formation professionnelle où l’on y enseigne la maçonnerie, l’électricité, la climatisation et la plomberie. Ce projet, se déroulant au PFP Akatio, était prévu durer deux ans (de 2017 à 2018). J’ai tout de suite accepté cette proposition sans savoir concrètement ce que j’allais y faire.

En effet, ma tâche principale était d’assurer tout ce qui a trait à la bonne réalisation des formations qualifiantes : inscription des jeunes, planification et suivi des cours, recrutement des formateurs, etc... Mais comme tout début, les choses n’ont pas été faciles. C’est précisément en ces moments de difficulté que le point 359 de Chemin m’a été d’une grande utilité : « A l’exercice habituel de ta profession, ajoute un motif surnaturel et tu auras sanctifié le travail ».

Parti pour gérer un projet qui devait finir en 2018, aujourd’hui en 2023 je continue de travailler à Akatio. Six ans auparavant, je n’aurais jamais imaginé cela.

Devant le portail d’Akatio

Un jour, en parlant de mon travail à une amie de promotion, elle m’a demandé : « On y fait du Droit ? ». Cela m’a fait sourire parce qu’elle n’aurait jamais imaginé me voir travailler dans un endroit où on ne fait pas du Droit. Et je suis très content du choix que j’ai fait parce qu’il m’a ouvert des horizons insoupçonnés.

L'entrée d'Akatio

Actuellement en tant que Directeur, mon travail consiste à superviser toutes les activités qui se déroulent dans le centre de formation, à rechercher des partenariats extérieurs et à suivre l’achat du matériel nécessaire pour le bon fonctionnement du centre. Dans ce sens, ma formation de juriste et de gestionnaire est un appui.

De jeunes bénéficiaires aux conditions variées

Au PFP Akatio, nous recevons divers profils : des jeunes ayant arrêté très tôt l’école et en quête de repères, des jeunes recherchant une qualification dans un métier et même des personnes voulant faire une reconversion professionnelle.

Des apprenants réalisant des cours pratiques d’Électricité : Célestin (au centre), Abdallah (à gauche), Fabrice (à droite)

Nous essayons de les aider dans ce sens en leur donnant une formation pratique et théorique de quatre mois, le tout appuyé par une formation humaine. Puis, recherchons des stages et des emplois pour certains d’entre eux.

C’est le cas d’Alexis qui, n’ayant pas eu la chance de terminer son cursus primaire, apprit le métier de maçon « sur le tas ». Ayant alors eu écho de la formation à Akatio, il s’inscrivit pour avoir une qualification professionnelle qui pourrait lui ouvrir d’autres portes plus tard. Deux mois après sa formation, il nous témoigna que la formation a donné un nouvel élan à sa vie et qu’aujourd’hui, il réalise avec plus d’autonomie et d’aisance les travaux de construction dans lesquels il est engagé.

Alexis lors d’un cours pratique en Maçonnerie

Pour d’autres, ayant des idées et des capacités entrepreneuriales, nous leur octroyons après leur formation un fonds pour la création d’une activité génératrice de revenus conformément à leurs projets d’entreprises, lesquels fonds nous parviennent de bailleurs.

Serge Yannick, ancien apprenant en Électricité, devant son entreprise à Adiaké

Grâce à ce travail, j’apprends beaucoup de mes apprenants lors des conversations que j’ai avec eux dans le cadre du tutorat. La force d’âme dont ils font preuve au quotidien, et parfois avec joie, malgré leurs nombreux problèmes m’impressionne toujours : situations familiales particulières, difficulté à joindre les deux bouts, condition de vie difficile, avenir incertain, etc… Ces conversations m’ont aidé personnellement à éviter de m’apitoyer sur mon sort et d’aller au contact des autres.

Aussi, comme tout chrétien qui veut implanter le Christ là où il se trouve, j’encourage mes apprenants, même si la plupart d’entre eux ne sont pas chrétiens, à vivre les vertus humaines conscient qu’elles « sont le fondement des vertus surnaturelles » (Saint Josémaria). Et pour ceux qui sont chrétiens mais ne pratiquant pas véritablement leur foi, je les invite à se rapprocher davantage de Dieu et à fréquenter les sacrements.

Ulrich et Alexis à Akatio deux mois après sa formation

Plusieurs vies impactées

Même si après leur passage à Akatio, tous ne sont pas systématiquement insérés professionnellement, nombreux sont ceux qui témoignent des bienfaits d’Akatio dans leur vie.

Basile, un ancien apprenant en électricité me racontait récemment comment le tutorat lui a « ouvert l’esprit » et qu’il arrivait désormais à planifier toutes ses actions. Il a été ainsi choisi par son Responsable pour former ses autres collègues aux bonnes manières qu’il a apprises pendant les cours de soft skills à Akatio.

Justin, qui d’apprenti maçon, est devenu aujourd’hui chef maçon et dispose de plusieurs chantiers, fait aussi notre fierté.

Patrick, quant à lui, a retrouvé le désir de poursuivre les études après avoir arrêté les cours en Terminale. En effet, après sa formation en maçonnerie, il décida de renouer avec les études. Il pût obtenir un BTS en Génie Civil et travaille actuellement dans une entreprise d’architecture.

Avec Franck, le jour où il a reçu son attestation

À ce jour, Akatio a formé près de 1050 jeunes.

Lors de la remise d’attestation de fin de formation aux apprenants

En regardant en arrière, je comprends clairement que c’est Dieu qui a planifié les circonstances pour que je puisse collaborer dans ce projet qui ne cesse de faire du bien à toute une société.

Chaque jour, en ouvrant le portail d’entrée, le fait de voir le sourire des apprenants, me donne la force et la joie de continuer ce travail magnifique.

Ulrich et Lamine

Si je devais résumer mon expérience ici à Akatio, je dirais que mettre Dieu au cœur de mon travail comme je l’apprends dans l’Œuvre, me permet de m’ouvrir à tant de jeunes qui ont besoin d’oreilles attentives et de personnes qui leur témoignent une réelle affection.

Ulrich Koman