1989-2014: Mgr Álvaro del Portillo en Côte d’Ivoire : 25 ans après !

Nous avons fêté le 11 mars dernier le centenaire de la naissance du Vénérable Alvaro del Portillo. Dans quelques mois, nous célébrerons sa béatification, qui aura lieu à Madrid le 27 septembre. Et quelques jours plus tard, nous nous souviendrons de son inoubliable séjour parmi nous, du 14 au 19 octobre 1989, il y a justement vingt cinq ans. Marie-Claude nous en parle.

Don Alvaro pendant une réunion à l'Institut Goëthe. Octobre 1989

La béatification du Vénérable Alvaro del Portillo aura lieu à Madrid le 27 septembre prochain. Et quelques jours plus tard, nous nous souviendrons de son inoubliable séjour parmi nous, du 14 au 19 octobre 1989, il y a justement vingt cinq ans. Marie-Claude nous en parle.

Vous faites partie des personnes qui ont eu la chance de s'adresser à Mgr Alvaro lors de sa venue en CI en 1989 ; pouvez-vous nous dire dans quelles circonstances cet échange a eu lieu ?

C'était au cours de la réunion qui s'est tenue à l'Institut Goëthe avec les jeunes qui participaient aux activités de formation dans les Centres destinés aux lycéennes et étudiantes ; j'étais alors en 2è année de Médecine. J'ai eu le privilège d'être une des premières ivoiriennes à connaître l'Opus Dei, alors que j'étais encore au collège et par la suite, je suis restée en contact avec les différents Centres de formation, dans les pays où s'est déroulé mon cursus scolaire et universitaire : Italie, France….; Vous pouvez donc imaginer la joie qui m'a saisie lorsque j'ai su que le Prélat venait dans notre pays ; joie qui a été portée à son comble lorsque l'occasion m'a été donnée de lui poser la première question au cours de cette réunion.

Pouvez-vous nous dire en quelques mots en quoi a consisté cet échange ?

Ayant su qu'il souffrait d'un mal de gorge, je lui ai d'abord dit « yako » au nom de toutes, en lui expliquant que c'était la formule traditionnelle pour compatir à la douleur de l'autre ; cette brève introduction a permis de décontracter l'atmosphère, puisqu'il m'a souhaité la même chose, car j'avais moi aussi la voix un peu cassée ; à vrai dire, c'était l'effet de l'émotion que le ton de ma voix trahissait.

Après cette entrée en matière, je lui ai demandé de nous parler de la vertu de la générosité, voulant ainsi traduire le désir de toutes d'être de la bonne terre afin de bien vivre notre vie chrétienne et également afin de mettre en pratique la formation reçue dans les Centres de l'Œuvre.

Avez-vous gardé à l'esprit les paroles qu'il vous a adressées suite à cette demande ? Du moins, ce qui vous a le plus marqué?

Je me rappelle -car je l'ai bien noté-, qu'il a d'abord parlé de la générosité du Christ, de la Vierge Marie, qu'il fallait imiter, chacun dans sa situation concrète ; il a aussi dit que c'est une vertu qui est très belle car elle pousse à donner et à se donner aux autres; en tant qu'étudiante, j'ai retenu l'idée, qu'en étant généreuse, je pouvais être plus loyale, plus studieuse, plus serviable à l'égard mes parents et les membres de ma famille ; il a aussi ajouté que vécue par amour de Dieu, cette vertu pouvait être élevée au plan surnaturel et avoir une plus grande valeur ; j'ai aussi beaucoup aimé le fait qu'il dise que la générosité nous rend plus joyeux, parce que Dieu sait la récompenser.

Il a aussi parlé de façon très pratique de la générosité de St Josémaria envers les malades et les personnes démunies ; il allait les visiter régulièrement dans les faubourgs de Madrid, pendant les premières années de sa prédication, faisant la plupart du temps les parcours à pied, sans lésiner sur les moyens pour être au chevet des personnes infortunées, démunies, qui avaient besoin d'assistance spirituelle et pour instruire par la catéchèse, les enfants vivant dans ces banlieues. En tant qu'étudiante en médecine, cela m'a particulièrement émue, d'autant plus que j'étais très souvent en contact avec des personnes se trouvant dans les mêmes circonstances.

Aujourd'hui, cet exemple me revient souvent en mémoire, lorsque j'entends le Pape François encourager les chrétiens à aller vers la périphérie pour y faire entendre le message du Christ. Il faut dire que cette pratique de St Josémaria est devenue une coutume qui est toujours vécue dans tous les Centres de l'Opus Dei qui s'adressent à la jeunesse, comme une matérialisation concrète de cette générosité vécue de façon authentique, sans rien rechercher en retour. Personnellement, j'ai essayé de l'appliquer depuis ma carrière universitaire jusqu'à ce jour, en cherchant à donner aux patients un peu plus que la stricte attention médicale ; en cherchant à être plus proche, en leur dédiant plus de temps, en les écoutant pour leur offrir un accompagnement plus humain, pour faire des malades de véritables amis et chercher pour eux l'assistance spirituelle dont ils auraient besoin.

25 ans après, alors que vous êtes maintenant mariée et mère de 5 enfants, que pouvez-vous dire de ce passage de don Alvaro en terre ivoirienne ?

Je ne peux vous cacher que je suis vraiment très reconnaissante à Mgr Alvaro à qui nous devons l'implantation de l'Opus Dei en Côte d'Ivoire ! Je dois aussi dire que son passage a été très fructueux car depuis lors, le travail apostolique dans les Centres de la Prélature s'est beaucoup développé. A travers ses conseils et encouragements, de nombreuses femmes ont compris qu'elles pouvaient elles aussi chercher à atteindre la sanctification personnelle en mettant plus de soin à s'occuper de leur époux et de leurs enfants et à faire de leur famille un vrai foyer chrétien, « lumineux et joyeux », comme aimait à le dire St Josémaria.

J'ai décidé moi aussi de suivre ce chemin et je fais en sorte de partager ce que j'apprends avec d'autres parents, notamment à travers les cours d'Orientation Familiale que j'anime, conjointement avec d'autres couples qui, comme moi, font partie de l'association « Famille et Education ». L'exemple de don Alvaro est une référence pour mon rôle de mère et d'éducatrice ; j'essaie surtout d'imiter sa sérénité, son ton posé et chaleureux et aussi sa bonne humeur que j'ai énormément appréciée.

Comment avez-vous accueilli l'annonce de la béatification ?

J'étais très contente. Depuis son départ au ciel, je n'ai cessé de le prier sachant que j'avais un allié de plus au ciel ; même s'il n'était pas question pour moi de vouloir anticiper le jugement de l'Eglise, cette conviction était vraiment bien ancrée en moi. De plus, une de ses dernières paroles la nuit même de son retour de Terre Sainte, a été de dire à ses filles du siège central à Rome, « on en reparlera », en faisant allusion au pèlerinage qu'il venait d'y effectuer. J'ai pris cela comme une invitation à demander son intercession dans les multiples détails de la vie au quotidien : famille, travail et apostolat. Qu'il soit béatifié ! C'est un saint que j'ai connu et à qui j'ai parlé !!! C'est formidable ! J'espère que je serai à Madrid le 27 septembre prochain !