Au fil de l'Évangile de dimanche : Zachée

Commentaire de l'Évangile du 31e dimanche du temps ordinaire (cycle C). « 'Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison.' Vite, il descendit et reçut Jésus avec joie.» Jésus est miséricordieux et ne se lasse pas de nous chercher et de nous appeler.

Zachée sur le sycomore attendant le passage de Jésus, JJ Tissot (1836-1902) Brooklyn Museum (USA)

Évangile (Lc 19,1-10)

Entré dans la ville de Jéricho, Jésus la traversait. Or, il y avait un homme du nom de Zachée ; il était le chef des collecteurs d’impôts, et c’était quelqu’un de riche. Il cherchait à voir qui était Jésus, mais il ne le pouvait pas à cause de la foule, car il était de petite taille. Il courut donc en avant et grimpa sur un sycomore pour voir Jésus qui allait passer par là. Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux et lui dit : « Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison. » Vite, il descendit et reçut Jésus avec joie. Voyant cela, tous récriminaient : « Il est allé loger chez un homme qui est un pécheur. » Zachée, debout, s’adressa au Seigneur : « Voici, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. » Alors Jésus dit à son sujet : «Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham. En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu.»


Commentaire

Jésus fait route vers Jérusalem. Luc a consacré de longs passages de son évangile à ce chemin parcouru par Jésus jusqu’au sommet de sa mort rédemptrice et sa résurrection glorieuse. La scène qui met en valeur le caractère salvifique de Jésus est située presqu’à la fin de ce long récit, lorsque le Maître va arriver à la Cité Sainte.

Jésus est en route mais il n’évite pas le passage par cette ville où il salue ceux qui le croisent en chemin. « Entré dans la ville de Jéricho, Jésus la traversait »(v.1). Il voulait s’approcher de ses habitants pour permettre à ceux qui l’auraient souhaité de le rencontrer personnellement.

Zachée, « le chef des publicains », c'est-à-dire des collecteurs d’impôts pour les Romains, était l’un ce ceux qui y tenaient. Il lui fallut surmonter quelques obstacles pour arriver à voir Jésus. Pour commencer, il était de petite taille, ce qui l’empêchait de voir le Maître au cœur foule, parmi des gens plus grands que lui. Il aurait pu se dire que c’était impossible et tout laisser tomber, ce qui peut d’ailleurs nous arriver parfois, quand nous avons la tentation de renoncer à approcher Jésus au vu de notre petitesse, peut-être pas physique mais bel et bien morale ou spirituelle. Cela dit, Zachée n’a pas baissé les bras.

Puis, il lui a fallu dépasser la gêne d’être la cible de tous les commentaires, de toutes les critiques de ceux qui le haïssaient parce qu’il collaborait avec les Romains. Mais il n’a pas craint de faire le ridicule en grimpant sur un arbre parce qu’il cherchait vivement à voir Jésus. Dès que l’on se propose sérieusement quelque chose, on est en mesure de faire de petites folies. Or, Zachée sentait battre fortement son cœur à l’approche du seul être qui pouvait le soulager du poids qui l’accablait et transformer sa vie. Alors, “Il courut donc en avant et grimpa sur un sycomore” (v. 4) et lorsque Jésus s’adressa à lui, “ Vite, il descendit et le reçut avec joie” (v. 6). Sans peur et sans gêne, il est arrivé à ses fins.

“Regardons aujourd’hui Zachée sur l’arbre – disait le pape François. Sa démarche est dérisoire mais c’est une démarche de salut. Et je te dis : si tu as un poids sur ta conscience, si tu ressens la honte de ce que tu as fait si souvent, arrête-toi un peu, n’aie pas peur. Dis-toi que quelqu’un t’attend qui n’a jamais cessé de penser à toi. Ce quelqu’un est ton Père, Dieu qui t’attend : Grimpe, comme le fit Zachée, sur l’arbre du désir d’être pardonné. Tu n’en seras pas déçu, je te l’assure. Jésus qui est miséricordieux, ne se lasse jamais de pardonner”[1].

Alors que les gens l’observaient, qu’il était l’objet de leurs moqueries, de leurs racontars, de leurs commentaires méprisants, Jésus le regarda différemment. Pour le commun des mortels, il était méprisable, il était devenu riche sur le dos des autres. Mais Jésus le contemplait de son regard miséricordieux et avait envie de le trouver. Et pape François de commenter

“Le regard de Jésus va au-delà des péchés et des préjugés, il regarde la personne avec les yeux de Dieu qui ne s’arrête pas au mal passé mais qui perçoit le bien futur”[2]. Aussi, quand Jésus arrive chez Zachée, Il peut s’écrier dans la joie: “Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham. En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu” (vv. 9-10).

Saint Josémaria, en méditant cette scène de l’évangile et d’autres semblables, nous invitait, chacun de nous, à tirer nos conséquences personnelles. : “Zachée, Simon de Cyrène, Dimas, le centurion. Désormais tu sais pourquoi le Seigneur est allé te chercher. Remercie-le ! Mais ‘opere et veritate’, avec des oeuvres et en vérité ”[3].


[1] Pape François, Angélus 3 novembre 2013.

[2] Pape François, Angélus 30 octobre 2016.

[3] St. Josémaria, Chemin de Croix, V° station, 4°point de méditation.