Pour une Afrique acteur de sa propre croissance et de son progrès

Maria Jesús Otero, infirmière de Valladolid, numéraire de l’Opus Dei, a vécu neuf ans au Kenya et plus de dix ans en Ouganda.

María Jesús Otero, 19 années passées en Afrique

Elle travaille actuellement dans les bidonvilles de Kampala où elle a mis en route une clinique mobile avec la collaboration d’un groupe d’étudiantes de Teemba Study Center. Cette clinique reçoit des aides d’entreprises pharmaceutiques et d’autres institutions permettant aux gens de la zone de régler leurs consultations et leurs traitements

Nous l’avons interviewée lors de l’un de ses séjours en Espagne.

Pourquoi avez-vous choisi d’être infirmière ?

J’ai, depuis ma plus tendre enfance, le souci d’aider les autres.

Et l’Afrique ?

Ce fut un pas de plus dans ma volonté de secourir les autres. En Afrique, il y a des millions de personnes qui ont plus de besoins et bien moins de commodités que nous.

Au Kenya et en Ouganda, concrètement, comme dans tant de pays du monde, le message de saint Josémaria a contribué à vivifier chrétiennement toute la société. Au Kenya, par exemple, dès que les premières femmes de l’Opus Dei sont arrivées, bien avant son indépendance, il y avait une forte discrimination raciale et il semblait impensable de pouvoir créer un centre où des personnes de différentes races puissent se côtoyer.

Cependant, le fondateur a encouragé ses filles à dépasser cette mentalité dominante et grâce à leur pugnacité et en faisant confiance aux Africains, elles ont développé des initiatives multiraciales variées dans le domaine de l’éducation et de l’assistance. « Il n’y a qu’une seule race, disait-il, la race des enfants de Dieu ».

Ces pays-là, où en sont-ils ?

Dans de nombreux pays de l’Europe on a une idée de l’Afrique exclusivement négative, loin de la réalité. Bien évidemment, ce sont des sociétés du tiers-monde, avec une situation économique lamentable. Elles souffrent de multiples carences et elles ont des besoins fondamentaux qui ne sont pas tout à fait couverts. 

Toutefois, les personnes ne sont pas frustrées parce qu’elles n’ont pas tout ce que les Occidentaux croient être indispensable.

Dans de nombreux pays d’Occident, on apprécie démesurément « l’avoir » et l’on est souvent malheureux lorsque l’on manque de certains biens ou de certains objets. Les Africains ont d’autres valeurs : ils ont appris à « être » heureux avec ce qu’ils ont et savent le partager avec les autres. Ils ne sont pas passifs pour autant, ils se battent pour de nouveaux projets et s’efforcent de progresser.

Il est important que l’Occident comprenne qu’il faut aider les Africains à croître et à progresser par eux-mêmes. Il y a beaucoup de gens préparés en Afrique, capables de réaliser de grands projets, et ils méritent d’être aidés.

C’est dans ce sens que travaille Harambee, projet d’aide à l’Afrique qui a vu le jour à l’occasion de la canonisation de saint Josémaria par Jean-Paul II. Harambee aide de nombreuses entités et beaucoup de programmes dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’assistance qui fonctionnent dans ce continent.

Quel est votre travail en Ouganda ?

Je travaille dans plusieurs projets de formation pour les femmes africaines. Nous venons juste de créer une École Hôtelière pour les former dans ce secteur qui a besoin de cette main d’œuvre puisque le pays commence à sortir de la crise économique et que l’on ouvre les portes au tourisme.

Et au Kenya ?

J’ai travaillé avec des fillettes, des adolescentes et des jeunes femmes. J’ai mis en route avec elles plusieurs projets de volontariat pour les soins médicaux de notre clinique mobile dans les bidonvilles. Les étudiantes en médecine se sont occupées des plus nécessiteux et les ont aidés dans la mesure de leurs possibilités.

Quels sont les risques que vous encourez ?

Lorsque je suis arrivée en Ouganda, en 1996, le pays était en paix. Quant aux dangers… très souvent les médias occidentaux donnent une image déformée de ces nations et ne renvoient que des images de misère et de violence. Or la violence est bel et bien présente partout dans le monde.

En Afrique, il y a, bien sûr, beaucoup de pauvreté, mais les Africains s’en sortent et incorporent petit à petit à leur vie les avancées techniques modernes comme le téléphone portable, la télévision, présente dans presque tous les foyers, etc.

Recevez-vous des secours d’autres pays ?

Bien sûr. L’École Hôtelière a vu le jour grâce à l’aide de l’Autriche. Nous sommes en rapport avec des familles espagnoles qui parrainent les jeunes filles inscrites à l’école et les enfants atteints du Sida pour qu’ils aient accès à l’école secondaire.

Le sida est toujours un problème majeur. Comment arriver à le combattre ?

On vise tout d’abord à changer les modes de comportement. En Ouganda nous avons mis en route le programme d’éducation sexuelle ABC, connu partout pour ses bons résultats.

Encourageriez-vous d’autres à se lancer dans cette expérience africaine ?

Bien entendu, et j’encouragerais tous ceux qui ne peuvent pas l’envisager à aider l’Afrique à partir de l’Europe car les possibilités d’entraide sont très grandes.